Viva la Revolutione! Les révolutions arabes, notamment celle du 14 janvier 2011, n'ont pas fini de nous surprendre. Voilà qu'elles sont, toutes chaînes de télévisions confondues, rattrapées, même par la grille ramadanesque.. «Nessibti Lazziza» est une série télévisée de la chaîne Nessma Tv. On y voit un couple à l'uvre dans la Médina vivant un quotidien des plus anodins. La série intègre la vie d'un quartier qui a, comme tous les quartiers, des personnages atypiques dont un fripier et son employé, homme niais par excellence. Ce dernier dit, dans un des épisodes, connaître Tunis «quartier par quartier, rue par rue et maison par maison». Voilà qui rappelle le discours d'un chef d'Etat arabe voisin de la Tunisie: «Zengua zengua!, Houch houch!». «Caméra Intikalya» (Caméra de transition), le titre de cette émission est tout un programme. On comprend bien que cette «caméra cachée» veut se placer, en effet, dans le sillon de la transition démocratique que traverse la Tunisie. Nettoyer le programme d'un récepteur Tv de snippers ! Au programme des émissions des trois premiers jours du mois saint, des épisodes relatifs à la Révolution du 14 janvier 2011. On y voit, donc, un malade réveillé d'un long coma après le 14 janvier 2011, demander à une infirmière, totalement prise par un fou rire, d'accrocher le portrait du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali. L'épisode du jour suivant cette émission d'Al Watanya 1 (la première chaîne de la télévision publique, l'Etablissement de la Télévision Tunisienne), nous fait découvrir un réparateur de téléviseurs qui nettoie, devant un client éberlué, le programme d'un récepteur d'expressions utilisées dans les programmes télévisés de l'ancien régime (saluer, rendre hommage, ) restés dans la mémoire du récepteur, et aussi de tirs de snippers! L'épisode qui suit met en scène une vieille dame, grincheuse, qui demande au taximan qui la transporte de l'amener à La Kasbah 1 (sic), en référence au premier sit-in, qui a suivi directement la constitution du premier gouvernement de la Tunisie post-révolutionnaire. Dans la série «Tunisie 2050», un personnage clé qui ambitionne de devenir président d'un club de football voit son épouse affublée du titre de «Première dame». Suivez mon regard! Parallèlement à cela, la série regorge de «référentiels révolutionnaires» dont le fameux «Dégage!», copié du reste par bien des slogans publicitaires. Dans l'air du temps La situation ne doit pas surprendre. Le propre des médias est d'être dans l'air du temps. Et notamment lorsqu'il s'agit d'un événement historique et exceptionnel qui a marqué tous les esprits. Et de faire de l'audience en plein mois de Ramadan. Que la télévision se nourrisse de la politique, le phénomène n'est pas nouveau. Il prend notamment la forme de la satire politique dont ne peut se départir, pour ainsi dire, aucun régime démocratique. Tout le monde connaît, par exemple, la vigueur de la presse satirique dans les pays occidentaux, qui atteignent souvent de grands tirages, et qui s'adressent à ceux qui ne veulent pas être dupes des puissants.