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Tunisie Médias: Campagne contre Nessma TV… Ce combat est inutile!
Publié dans WMC actualités le 18 - 10 - 2011

Il n'appartient à personne d'imposer aux Tunisiens un modèle de société confectionné à sa mesure et selon son goût! Surtout que tous ces modèles proposés sont importés d'ailleurs et ne répondent point à la culture du pays!
Comme vous le savez donc, des manifestations ont eu lieu vendredi 14 octobre dans certaines régions du pays, et principalement devant le ministère de l'Intérieur, alors que le domicile du directeur de la chaîne Nessma TV a été saccagé et vandalisé, le tout faisant écho à la manifestation organisée dimanche 9 octobre par des Salafistes devant les locaux de ladite chaîne en raison de la diffusion par cette dernière du film franco-iranien ‘‘Persepolis''.
Que faut-il en déduire? Qui blâmer? Qui a tort et qui a raison? Mais surtout, est-ce logique et évident tout ce qui s'est passé? … Ainsi posées, ces questions ne sauraient être tranchées de manière rationnelle, car la Vérité absolue n'existe pas. Tout, en fin de compte, n'est que relatif et subjectif. Ce qui paraît être LA vérité à vos yeux, ne pourrait l'être forcément aux miens. Mais maintenant que l'actualité nous impose, en quelque sorte, de réfléchir sur la question centrale, il faudrait, à notre avis, appréhender les choses toujours! dans leur carré géopolitique, social et culturel.
Ce carré que beaucoup ont tendance à oublier, c'est la Tunisie. Disons-le tout de suite et sans ambages: la Tunisie n'appartient pas en exclusivité aux Nahdhaouis, ni aux Salafistes en exclusivité, ni aux artistes en exclusivité, ni aux intellectuels en exclusivité, ni aux nouveaux champions de la modernité et de la laïcité en exclusivité. La Tunisie appartient à ses onze millions d'habitants. Nous sommes tous des Tunisiens et la Tunisie est à nous tous. Tous! Il n'y a pas un seul Tunisien qui ait le droit ou puisse céder à la prétention et la tentation de changer le ‘‘fond et la forme'' du pays. Que plus personne, donc, ne nous dicte sa volonté, ses idées, ses désirs, ses goûts, ses principes et sa propre vision des choses!
Rappelons aussi (il paraît que c'est nécessaire de le rappeler tout le temps, puisque beaucoup l'oublient… tout le temps) que, de 670, date de la 3ème expédition arabe sur la Tunisie menée par un certain Oqba Ibn Néfiê, à ce jour, la Tunisie est un pays musulman. Quiconque s'imagine être capable de fouler sous ses pieds 14 siècles d'Histoire arabe et islamique, se crève l'œil tout seul et mérite amplement tout ce qui en résulte. D'aucun droit on ne peut brocarder et profaner la religion des autres impunément. C'est contre nature. C'est contre l'humanité. C'est indécent. Et, surtout, cela n'a rien à voir avec ‘‘le progrès'', ‘‘la modernité'', ‘‘la liberté'' et toute velléité de soi-disant révolutionner les esprits. C'est tout simplement impoli et inadmissible.
Petite parenthèse: ce qui vient de se passer chez nous n'est pas un cas propre aux pays musulmans; la sortie, en 2004, de ‘‘La passion du Christ'' de Mel Gibson a aussi soulevé un tollé partout en Occident. Seule différence: l'Eglise chrétienne n'a pas jugé utile d'intervenir dans toutes les polémiques qui s'en sont suivies. Ni il n'y a eu de violence. Nous y reviendrons plus bas.
La question centrale est évidemment: la religion. En face, une question non moins importante: la liberté. C'est au nom de cette liberté que, dans un premier temps, le religieux s'est attaqué au culturel, puis est arrivé le tour du culturel de s'attaquer au religieux. Ce combat, s'il doit continuer à occuper le devant de la scène publique, est parfaitement inutile. Il n'appartient à personne d'imposer aux Tunisiens un modèle de société confectionné à sa mesure et selon son goût! Surtout que tous ces modèles proposés sont importés d'ailleurs et ne répondent point à la culture du pays.
Le hijeb et la burqa, tout comme la barbe, sont des produits d'importation, probablement d'origine saoudite, afghane ou iranienne. D'ailleurs, la manifestation organisée il y a une dizaine de jours devant le Centre sportif d'El Menzah VI par plus de deux cents femmes en «malya» et «sefsari» était tombée à point nommé pour rappeler à la femme tunisienne que s'il y a lieu de se conformer à quelque habit identitaire et culturel, ce serait plutôt cet habit-là, non le hijeb et la burqa qui ne puisent leur origine nulle part en Tunisie. Mais s'ils ont fait leur apparition dans notre pays, c'est tout simplement parce qu'ils renferment et véhiculent tout un esprit calqué sur l'Autre tendant à imposer une forme d'islam obscurantiste et rétrograde.
De la même manière, l'irrespect voire la profanation de la religion musulmane, devenu manifeste dans certains kitsch cinématographiques tunisiens, renferme tout un esprit provocateur et belliqueux tendant à imposer à la société tunisienne un modèle bâtard, sans le moindre repère ou référentiel aucun. Il n'est même pas importé puisque l'Occident respecte ses religions. C'est tout simplement une tentative ‘‘auto-humiliante'' et sotte de dire à l'Occident et à l'Europe qu'on est devenu plus occidentalisé et plus européanisé qu'eux. A trop vouloir plaire aux Autres, on a marché sur le sacré des Tunisiens.
C'est un combat inutile duquel personne ne sortira grandi; tout au plus, on s'en sortira avec des dégâts matériels et bientôt humains!
En moins de trois mois, donc, deux incidents graves à Tunis, et tous deux liés à la religion. Le premier a eu lieu suite au film de Nadia Fani, ‘‘Ni Allah ni maître'', le second a été nourri par ce ‘‘Persepolis'' tout bête tout stupide. Dans une vidéo retransmise en son temps par la toile Facebook, on voit Nadia Fani s'écrier: «Je suis athée, je ne crois pas en Dieu, c'est ma liberté et personne n'a le droit de s'immiscer dans ma liberté!». Effectivement, tout individu est libre d'être ce qu'il veut être. Néanmoins, l'erreur monumentale serait de tenter de faire étalage, en public, de ses convictions intimes. Celui qui propose une œuvre au public (à supposer que ce soit vraiment une œuvre digne de ce nom…) cesse d'en être le maître. L'œuvre devient publique, et à ce titre elle s'expose si c'est le cas à tous les risques possibles. (Mais c'est la salle AfricArt qui a payé les pots cassés, tout comme le domicile du directeur de Nessma TV).
Comme vous l'avez constaté, depuis plusieurs mois le thème qui revient tout le temps sur la table des discussions est la laïcité. Laquelle stipule la non-ingérence du religieux dans le politique, et vice-versa. Bien. Mais il se trouve que tous les intellectuels tunisiens (y compris forcément! les artistes qui sont aussi des intellectuels puisqu'ils produisent de l'intellect, ou quelque chose qui y ressemble…) se disent pour un Etat tunisien laïc. Or!... Or comment est-ce que cet intellectuel l'artiste qui se dit pour la laïcité ne respecte pas lui-même la laïcité?!... De quel droit est-ce que cet artiste laïc se permet-il de ridiculiser la religion des autres?! … De quel droit?!… A quoi rime cette laïcité qui permet à ses chantres de s'ingérer dans les affaires religieuses des autres et au point de marcher dessus?! Au nom de quoi? De la liberté?... Alors, voilà: la liberté des uns a provoqué la liberté des autres. A la légèreté des uns a répondu la violence des autres.
Pour ce qui concerne l'affaire de Nessma TV, il y a lieu tout de même de regretter que les choses aient atteint le seuil de la violence. Nabil Karoui a après tout présenté ses excuses publiquement et au…public tunisien. Il fallait quand même baisser les bras et se calmer. On ne gifle pas quelqu'un qui a fait son mea-culpa, c'est grotesque et c'est très mal vu; c'est de la goujaterie pure et simple.
Sauf que la violence qui a sanctionné les deux films incriminés comporte un enseignement majeur, utile à savoir et à prendre en considération. Savez-vous ce que se disent les grands intellectuels et les grands artistes tunisiens entre eux?... Ils disent: «C'est à nous de révolutionner les esprits, c'est à nous d'éduquer le peuple et de le sortir de son ignorance» (sic).
Première erreur: le peuple tunisien n'est pas ignorant; n'est ignorant que celui qui veut le prendre pour tel.
Deuxième erreur: il n'y a pas un seul grand intellectuel tunisien qui ait proposé au peuple tunisien une seule idée, une seule pensée originale; tout ce que disent nos intellectuels n'est rien d'autre qu'un ensemble de clichés importés d'Europe et de France très particulièrement. Tout ce que fait et dit l'Européen et l'Occidental, on voudrait le calquer aveuglément, sans même réfléchir, en faisant fi de notre identité, de notre religion, de nos habitudes, de notre culture. Ce sont les Autres qui réfléchissent, et c'est nous qui recopions stupidement. Pire: même lorsque les Autres se trompent, on tient quand même à les singer. Il y a une bonne vingtaine d'années de là, l'éditorialiste de la revue Le Point, Claude Imbert, écrivait un jour: «Les Maghrébins sont malheureusement immatures: ils ne copient que nos défauts, jamais nos qualités». Si seulement il savait à quel… Point il disait vrai!
Troisième erreur: révolutionner les esprits?... Soit. Mais tout doucement! Doucement!... A trop vite aller en besogne pour révolutionner les esprits, on n'a fait que heurter les esprits. Avec toute cette violence qu'on a provoquée, l'on n'a fait que retarder cette ‘‘révolution des esprits'' de 50 ans, sinon plus. Car maintenant, à chaque manœuvre ‘‘progressiste'' va répondre la violence. Un cycle infernal que le plus sage serait d'y mettre un terme, et le plus tôt serait le mieux. Cela dit, qu'est-ce qui fait croire à nos intellectuels et pseudo artistes que nous sommes prêts à laisser de côté notre religion? Pourquoi devrions-nous devenir chrétiens ou juifs ou bouddhistes ou athées carrément? Pourquoi? Quel mal leur a fait l'islam? Comment ne se rendent-ils pas compte que c'est EUX qui lui font du mal le plus gratuitement du monde?!!... On ne combat pas l'obscurantisme noir par le blasphème ostentatoire; là, les deux extrêmes ne peuvent que s'enliser dans un combat où il n'y aura ni gagnants ni perdants. Inutile!
Parlons justement de ce cinéma tunisien. Et demandez-vous ceci: est-ce qu'une scène d'amour est vraiment nécessaire dans un film? Est-ce qu'elle est vraiment indispensable à la compréhension d'un film?... Or, depuis plus d'une quinzaine d'années, il n'y a plus de film tunisien sans jambes (et ….) nues et sans scène d'amour. Passe encore si la scène est bien tournée; pas du tout, hélas! Elle est le ridicule porté à l'écran. Dans Bent Familia, par exemple, on voit Raouf Ben Amor, entièrement vêtu d'un pyjama, en train, soi-disant, de faire l'amour à sa campagne. Or, sa partenaire a gardé son soutien-gorge; puis, entre les deux corps, il y a un espace d'au moins 5 centimètres gardé respectueusement le long de la scène; et que fait Raouf Ben Amor? Il est exactement comme un sportif dans une salle de gymnastique en train de faire une pompe au sol. Est-ce qu'elle était nécessaire cette scène ridicule?... La vérité c'est que le cinéma européen et américain a tendance à truffer chaque film de scènes d'amour. Les cinéastes tunisiens ne réussissent jamais le tournage d'une scène d'amour, mais la proposent quand même et n'importe comment, juste pour faire comme les autres. Résultat: plus de 80% des Tunisiens ont boycotté le cinéma tunisien.
Donc, après le nudisme et l'érotisme très mal filmés, du reste, notre cinéma cherche maintenant à s'attaquer à la religion. Bien. Très bien. Et c'est quoi le prochain film? C'est-à-dire: quand éclatera le scandale suivant et quel bâtiment va-t-on saccager encore?...


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