Pour permettre à la Tunisie pénalisée par un revenu par tête d'habitant au seuil de 3.000 dollars maximum requis- de bénéficier pleinement de l'assistance financière de cette agence américaine, le sénateur Joseph Lieberman va co-sponsoriser au Congrès, avec son collègue John McCain, un projet de loi destinée à la faire bénéficier d'une mesure exceptionnelle. Le Conseil d'administration (dont font partie le secrétaire d'Etat, le secrétaire du Trésor, le Représentant des Etats-Unis pour les questions commerciales, un administrateur de l'USAID et quatre représentants du secteur privé) du Millenium Challenge Corporation (MCC), a récemment décidé de rendre la Tunisie éligible à ses interventions parce que cet organisme reconnaît, selon son chief executive officer, Daniel Yohannes, que la capacité de notre pays qui «se trouve au cur du Printemps arabe»- «à soutenir sa transition démocratique est liée au progrès qu'il fait dans sa transition économique». Par conséquent, MCC cherche à nouer avec les Tunisiens «un partenariat basé sur un programme de réformes pour identifier et traiter les obstacles à la croissance économique». Le MCC est une agence américaine d'assistance étrangère créée en 2004 par le Congrès. Une fois décrété éligible sur la base de 17 critères (bonne gouvernance, liberté économique, investissement dans ses propres citoyens, etc.)-, un pays doit identifier ses priorités en vue de réaliser une croissance économique durable et de faire reculer la pauvreté par le moyen de vastes consultations au sein de leurs sociétés- qui serviront de base à la définition d'un programme d'action en étroite collaboration avec les équipes du MCC. Joignant l'action à la décision, le MCC a déjà lancé -à la mi-décembre- un appel d'offres en vue de mettre à la disposition du gouvernement tunisien de l'expertise destinée à l'aider à élaborer le programme qu'il est tenu de soumettre afin de bénéficier d'une assistance financière. MCC accorde deux types de dons: des «compacts» (des compactes) et des «Threshold programs» (programmes de seuil). Les premiers, accordés pour une période de cinq ans, sont beaucoup plus importants que les seconds qui bénéficient à des pays qui «répondent presque aux critères de sélection et sont fermement engagés dans l'amélioration des performances de leurs politiques». La Tunisie est dans ce deuxième cas de figure, puisque son revenu par tête d'habitant dépasse de peu d'une centaine de dollars- le seuil des 3.000 dollars requis pour être dans la première catégorie. Et malheureusement la différence est très grande entre les deux puisqu'avec son positionnement actuel, la Tunisie ne peut pas espérer obtenir plus de 20 millions de dollars, alors qu'elle obtiendrait dix fois plus si elle répondait pleinement aux critères de sélection du MCC. Toutefois, ce problème ne serait pas insoluble. C'est du moins ce qu'a confié récemment le sénateur Joseph Lieberman. En effet, le président du Comité de la Sécurité intérieure et des Affaires du gouvernement au Congrès a annoncé fin décembre à Tunis qu'il allait co-sponsoriser au Congrès, avec le sénateur John McCain, un projet de loi visant à faire bénéficier la Tunisie d'une mesure exceptionnelle de reclassement lui permettant d'obtenir les 200 millions de dollars d'assistance.