Branle-bas de combat dans l'Hexagone depuis environ une semaine, depuis la déclaration de candidature de Sarkozy sur les antennes de TF1 le soir du mercredi 15 février suite à un suspens qui n'en était pas un. Enfin, le président s'est déclaré et le candidat est sorti de sa cachette pour affronter le socialiste François Hollande qui le malmenait dans les sondages. Hollande s'est empressé de préciser que l'annonce est un peu sans surprise puisqu'on savait déjà. N'empêche que les Français attendaient la clarification de cette bataille qui marque le début de la campagne pour la présidentielle de 2012. Encore que le sort de la candidature de Marine Le Pen pour le Front National n'était pas encore requise et qu'elle n'arrivait pas à «ramasser» -selon ses dires- les 500 signatures nécessaires pour le dépôt de sa candidature jusqu'au début de cette semaine. C'est précisément là que nos émigrés de première et de deuxième et même de 3ème génération sont intéressés au plus haut degré. Effectivement, nous avons beaucoup de Maghrébins et d'Africains français qui iront voter pour ce clan ou pour l'autre. Ils sont très concernés par le devenir de la politique française en ces temps de crise très dure que les pays occidentaux vivent depuis plus de trois ans. Les crises de la zone euro sont visibles dans les recoins les plus profonds de la société française. Hausse de prix, chômage, précarité, montée des extrêmes et de la xénophobie; et puisque la précarité et le chômage touchent de plus en plus de Français de souche et surtout des jeunes, la situation d'un étranger est de plus en plus pénible à tenir. Les sondages ne se trompent pas quand certains d'entre eux pronostiquent des résultats record pour l'extrême droite et tablent même sur une Marine le Pen au deuxième tour comme en 2005 entre Chirac et Le Pen père. Nos frères en pays des Gaulois ne sont plus les immigrés de premières générations, éboueurs, travailleurs de BTP et autres gardiens ou femmes de ménage. Ils y en a qui le sont encore bien sûr, mais il y a également une nouvelle génération qui a investi les services, la fonction publique, la police, les médias, les hôpitaux, en plus de l'industrie et de l'agriculture. Ils vivent, pensent, et se manifestent comme des Français de souche d'abord, et des musulmans (et d'autres) ensuite. Ils ont maintenant leurs radios, leurs télés, et pour certains ils se sont hissés au plus haut rang dans les nomenklaturas des partis politiques, que ce soit notamment au Parti Socialiste ou à l'UMP. Ces nouveaux Français-là ne s'intéressent plus seulement aux flexions racistes de ce candidat ou de l'autre, ne traquent pas seulement les petites phrases de Sarkozy ou de Hollande sur l'immigration. Ils sont des citoyens à part entière et cherchent à connaître et à influer sur les décisions qui concernent leur quotidien dans les cités, les villages et les campagnes du fin fond de la France C'est pour ces raisons que les clameurs de la campagne électorale française que nous suivons de ce côté-ci de la Méditerranée ne nous apportent pas tout de suite les mêmes échos que jadis. Il y a d'autres sons de cloche et il y a une autre musique dont nous ne connaissons pas encore les détails. La situation de la France, comme du reste d'autres pays de la zone euro, est très difficile, économiquement et socialement. Ceci se remarque déjà avec le démarrage officiel de la campagne électorale et les ténors politiques sont sous surveillance ici, là-bas et ailleurs. Et le pourcentage des voix des Français d'origine étrangère est en passe de devenir une des clés du succès de la Droite et de la Gauche. Du coup, un étranger en France devient un faiseur des rois. Vive la démocratie! Vive la République!