Les pays arabes bénéficient de quelque 12% des transferts des travailleurs expatriés à destination des pays en développement. Ces fonds représentent en moyenne 6% du PIB de la région. "Les montants transférés à destination des pays arabes ont été plus volumineux que les IDE et l'APD (Aide publique au développement) réunis depuis 2010", a fait remarquer Khaled Hussein, conseiller économique à la Commission économique pour l'Asie occidentale (ESCWA), lors d'un séminaire international sur "les transferts de fonds des migrants en Afrique du Nord et dans les pays arabes", tenu les 1er et 2 février 2016 à Rabat (Maroc). D'après ses dires, au cours des 15 dernières années, les transferts des migrants vers la région ont connu une croissance régulière, de quelques 10 milliards de dollars US en 2000 à 51,4 milliards en 2014. Les 24 millions de migrants recensés, originaires des pays arabes, sont devenus de plus en plus volumineux au cours de la dernière décennie, ont constaté les experts qui assistaient à cette rencontre. "Les pays ont beaucoup à gagner à mieux connaître et orienter les transferts de leurs migrants: moins dépendants de la conjoncture économique que l'APD ou les IDE, ils devraient dépasser la barre des 700 milliards de dollars à travers le monde cette année", a expliqué Nassim Oulmane, directeur par intérim du Bureau de la Commission économique pour l'Afrique, (CEA),en Afrique du Nord. Les transferts de fonds jouent un rôle central et constituent une importante source de financement extérieur pour le développement de ces ressources, d'après des économistes. Toutefois, ces fonds consistent le plus souvent en des montants modestes, généralement utilisés pour couvrir les dépenses liées à la vie quotidienne des familles restées au pays (alimentation, santé, éducation). Pour certains experts, ils sont considérés comme des outils particulièrement puissants dans la lutte contre la pauvreté. Malgré la crise économique mondiale, les transferts de fonds se sont montrés relativement plus résilients que d'autres flux de ressources, tels que les capitaux propres ou les investissements directs étrangers. Organisé à la suite d'une série d'études et rencontres de la CEA et de l'ESCWA sur les transferts de fonds des migrants et leur impact sur le développement de leurs pays d'origine, le séminaire de Rabat vise, selon un communiqué de l'ESCWA, à dresser une analyse comparative régionale à partir des informations et conclusions relevées en Tunisie, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Soudan et au Yémen. Il vient conclure un projet lancé par l'ONU en 2014 pour mettre en avant l'impact significatif des transferts de fonds des travailleurs émigrés sur le développement de leurs pays d'origine ainsi que le potentiel immense qu'ils représentent pour leurs économies. L'ESCWA et la CEA avaient organisé six ateliers et mené huit études-pays dans le cadre de ce projet, permettant la formation, le partage d'expériences et d'expertise entre plus de quatre cents fonctionnaires et banquiers. La Commission économique pour l'Afrique et la Commission économique pour l'Asie occidentale font partie du Conseil économique et social de l'ONU (ECOSOC). Les deux organisations soutiennent le développement de leurs pays membres en les aidant à formuler et mettre en oeuvre des politiques et programmes à même de contribuer à leur transformation économique et sociale.