L'Afrique est un vivier de 300 millions de jeunes de 15-25 ans En marge de l'ouverture de la conférence Lead Afrique, le président du Groupe de la Banque africaine de développement a bien voulu répondre à nos questions L'Afrique peut-elle se développer ? L'Afrique est un continent qui a connu des périodes très difficiles mais qui commence à se relever. D'où un message d'espoir, de travail et d'optimisme. Mais cet optimisme ne peut se réaliser que par le leadership que les jeunes sont appelés à déployer. Donc, je réaffirme, à l'instar de Cheikh Hamidou Kane, que l'Afrique est une terre d'opportunité, mais pour ce faire, il faut un leadership, des institutions fortes, des capacités. Il faut rappeler que 300 millions des 1,3 milliard des jeunes qui ont entre 15 et 25 ans que compte le monde sont africains. C'est donc un moteur important pour le développement futur du continent. Comment transformer ce potentiel humain en ressources humaines ? Comme je viens de le dire, il faut la formation, la lutte contre le Sida, la création des opportunités sur le continent. Mais le temps est révolu où c'est la jeunesse qui demandait cela, ce sont les jeunes eux-mêmes qui doivent apporter le leadership nécessaire pour le faire. Il suffit en fait de former ces 300 millions de jeunes (la population totale africaine est de 900 millions), de leur donner des opportunités de lutte contre le Sida, une Afrique paisible, prospère Sur ce plan, nous sommes confiants, optimistes. Sur le plan pratique, comment est-ce que la Banque africaine de développement peut apporter son soutien aux actions et programmes de Lead Afrique ? Vous savez, la BAD à elle seule ne peut pas résoudre tous les problèmes auxquels sont confrontés les Africains, aucune institution du monde d'ailleurs. C'est travail de tout le monde Ceci dit, la Banque, depuis sa création en 1964, a apporté et continuer à apporter sa contribution à l'édifice. On a déployé environ 52-53 milliards sur l'Afrique y compris ici en Tunisie- pour la construction des routes, des écoles. Mais j'insiste sur le fait que l'Afrique a besoin d'un taux de croissance soutenue et supérieure au taux de croissance démographique, bien évidemment cela ne peut se faire que si la paix et la stabilité règnent, mais également s'il y a une gouvernance qui encourage les investissements. Donc, la contribution de la BAD, actuellement, c'est de créer ce climat d'investissement en Afrique qui permet une croissance soutenue année après année, à l'instar de la Chine, l'Inde et les pays asiatiques et d'Amérique latine. Quid de l'aide des pays développés ? Aucun pays du monde ne s'est développé à travers l'aide publique ; celle-ci est quelque chose de temporel, alors que le vrai chemin de la croissance, c'est le commerce, l'investissement Pour s'en convaincre, il suffit de voir l'exemple de la Chine, de l'Inde et des pays latino-américains. Mais, encore une fois, pour qu'il y ait investissement et commerce, il faut une Afrique paisible, stable et où il y a la gouvernance qui encourage les investissements. C'est pourquoi il est nécessaire d'avoir un leadership qui crée les meilleures conditions d'attrait des investissements étrangers qui, à leur tour vont permettre la croissance. Or, aujourd'hui, le taux de ces derniers est très faible en Afrique, et la part de l'Afrique dans le commerce international est de moins de 2%, et pourtant l'Afrique regorge des potentiels énormes. Propos recueillis par Tallel BAHOURY.