Le ministre russe de l'Energie, Victor Khristenko, accompagné des dirigeants des groupes pétroliers et gaziers Gazprom, Rosneft et Loukoïl étaient récemment en visite officielle de 4 jours à Alger. A l'issue de cette visite, un mémorandum d'entente a été signé entre les deux pays dans le domaine énergétique. Il faut rappeler dans ce contexte que Sonatrach (premier groupe gazier algérien) avait déjà signé au mois d'août 2006 un protocole d'accord avec Gazprom et Loukoïl, et ce dans le cadre de la visite qu'avait effectuée M. Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines, à Moscou. Le protocole d'accord entre Gazprom et Sonatrach prévoit, selon le géant gazier russe, une coopération dans «l'exploration, l'extraction, le transport d'hydrocarbures, le développement d'infrastructures gazières, le traitement et la vente de gaz» en Russie, en Algérie, mais également dans des pays tiers. Cet accord stipule par ailleurs de possibles «échanges d'actifs» entre les deux géants gaziers. La signature de ce mémorandum vient ainsi confirmer le repositionnement stratégique russe en Algérie. En effet, cette signature se situe dans la continuité d'un rapprochement entre les deux pays amorcé lors de la visite du président russe, M. Vladimir Poutine, à Alger le 10 mars 2006. Au cours de cette visite, la première d'un chef d'Etat russe en Algérie, un important accord militaire d'un montant de 7,5 milliards de dollars avait été signé entre les deux pays. Cet accord prévoit la fourniture par la Russie d'une liste de matériels militaires qui représentent le fleuron de la technologie russe. En contrepartie de cet achat, l'accord stipule l'annulation de la dette militaire algérienne d'un montant de 4,7 milliards de dollars contractée dans les années 60 et 70. Il est important de souligner à ce sujet que ce rapprochement algéro-russe suscite l'inquiétude de l'Union européenne. En effet, l'UE craint la création d'un cartel du gaz comparable à l'OPEP qui pourrait, à terme, menacer ses livraisons de gaz algérien. M. Khelil n'a pourtant pas manqué de rassurer les Européens en déclarant : «il est très difficile de parler d'une OPEP du gaz car le marché gazier est différent du marché du pétrole». Et d'ajouter : «si le marché du pétrole est liquide et répond à l'offre et à la demande, celui du gaz est régional (asiatique, européen et américain) et rigide». L'Algérie n'a en effet aucun intérêt de se délaisser de ses clients européens. Le projet Medgaz prévu à l'horizon 2009 et qui devrait alimenter l'Europe, via l'Espagne, de 8 milliards de m3 de gaz par an, constitue le meilleur exemple pour confirmer cette idée.