* Veto égypto-européen ; compromis entre l'Iran, Qatar, la Russie et l'Algérie * Un projet coûteux et de longue haleine qui pourraît voir le jour dans 30 ans, à condition ... Les tensions géopolitiques continuent d'influencer la donne énergétique. Le déséquilibre chronique entre l'offre et la demande de l'énergie continue d'aggraver la situation et de raviver encore plus l'inquiétude des pays consommateurs entièrement dépendants des pays producteurs et exportateurs des hydrocarbures, notamment le Moyen-Orient et la Russie. Après le 8ème sommet international du pétrole tenu à Paris la semaine dernière, les pays exportateurs de gaz se sont réunis les 9 et 10 avril courants dans la capitale qatarie : Doha afin de débattre sur l'éventuelle création d'un Cartel du gaz inspiré du modèle de l'OPEP (Organsiation des Pays Exportateurs de Pétrole). Entre ambitions de coalition pour les uns et des craintes de dépendance et d'influences géoplitiques pour les autres, le 6ème forum des pays exportateurs de gaz n'a pas abouti à une résolution ferme quant à la création d'un Cartel gazier regroupant principalement la Russie, l'Iran, Qatar, Vénézuela et l'Algérie. Les discussions ont plutôt débouché sur la création d'un comité technique chargé de l'étude du marché gazier.
La question de créer un cartel gazier analogue au cartel pétrolier (l'OPEP) a été relancée au début de l'année en cours par le président russe, Vladimir Poutine et déclenchée pour la première fois en marge de la signature d'une convention de partenariat entre la compagnie russe Gazprom et son homologue algérienne Sonatrach, principaux fournisseurs du marché européen. Les participants au forum des pays exportateurs de gaz, achevé hier à Doha ont eu à discuter des perspectives et des obstacles liés à l'instauration d'une telle alliance. A signaler que le Forum des pays exportateurs de gaz est une structure informelle fondée en 2001 regroupant les principaux producteurs de gaz dans le monde dont la Russie, l'Iran, Qatar, le Vénezuela et l'Algérie. Ils assurent 42% de la production mondiale et contrôlent 73% des réserves mondiales.
Bras de fer et positions divergentes Une divergence entre les positions des différents pays a été observée. Un compromis entre le Vénezuela, le Qatar, l'Iran et la Russie a été enregsitré contre un veto égypto-européen. Du fait aucune décison impliquant la réalisation d'un accord de cartel n'a été prise. L'Europe a exprimé son refus et sa crainte quant à la conclusion d'un tel accord. Une crainte fondée sur la dépendance croissante des pays européens à l'égard des pays producteurs d'hydraucarbures qui risquent de pèser lourdement sur les niveaux des prix et d'approvisionnement et de léser l'intérêt de l'Europe. Les experts occidentaux ont également soulevé leurs inquiètudes quant à l'éventuelle pénurie des réserves de gaz en Russie en affirmant que cette tentative de prise de contrôle pourrait provoquer l'envolée des prix gaziers.
Crainte d'un chantage gazier Face à cette inquiètude européenne, jugée exaltée, Viktor Khristenko, ministre russe de l'Industrie et de l'Energie a affirmé : « Nous n'avions, n'avons et n'aurons pas pour objectif de participer à une alliance dirigée contre qui que ce soit et ceux qui prétendent le contraire ont intérêt à créer l'image d'une menace globale pour détourner l'attention d'autres problèmes politiques. ». L'Egypte a pour sa part annoncé son refus quant la création d'un cartel gazier autour de l'Iran, du Qatar, de la Russie et de l'Algérie et ce, en raison de la déstabilisation et la régionalisation du marché mais aussi en raison de l'ignorance des prix du gaz. D'où la peur d'un éventuel chantage gazier. « Le monde n'étant pas préparé à un nouveau cartel énergétique...Pour ce qui est du gaz , personne ne connaît les prix et personne ne déclare le prix de ses exportations », a affirmé le ministre égyptien de l'Energie. Selon les analystes, même l'OPEP a du mal a assurer la divulgation et le respect des quotas à ses membres. Que faire alors avec le gaz ?. Par ailleurs, et parmi les pays qui ont appuyé l'idée d'une OPEP du gaz, on citera essentiellement l'Iran, le Véenezuela, le Qatar et l'Algérie. Toutefois, la majorité affirme l'impossibilité de réaliser un tel projet à court où à moyen termes, vu les complexités du marché gazier.
Création d'un comité gazier En fait le marché gazier est carctérisé par la difficulté de fixer le prix du gaz et par la régionalisation du secteur. Le gaz naturel se négocie à travers des contrats bilatéraux à très long terme. Le marché est en plus très régionalisé du fait de la difficulté de son acheminement. Sa mondialisation est tributaire de la mise en place d'une infrastructure et des usines de liquéfaction et des terminaux facilitant son transport. A ce titres il ya lieu de rappeler que la coopération tuniso-algérienne va dans le sens de l'amélioration de l'infrastructure et la multiplication des terminaux de liquéfaction permettant l'acheminement du gaz algérien vers l'Italie via des stations tunisiennes. L'Algérie et la Tunisie se sont récemment engagées à renforcer leur coopération économique et ont annoncé la création prochaine d'une société mixte contrôlée par l'algérien Sonatrach et le tunisien Etap. Par ailleurs et attestant des obstacles entravant, à l'heure actuelle, la création d'un cartel gazier tout en affirmant que cette organisation verra le jour à coup sûr après l'achèvement du processus de mondialisation du secteur, les pays exportateurs ont convenus à créer un comité technique ou un groupe d'experts qui sera chargé d'étudier les mécanismes du marché gazier. Le groupe de travail aura pour principale mission l'élaboration d'études conjointes sur le système de formation des prix du gaz devant amener à la mondialisation du marché gazier à très long-terme. La fixation des prix du gaz doit répondre à une exigence de transparence du marché préservant aussi bien les intérêts des consommateurs que des producteurs. Les participants au forum se sont mis d'accord que les rencontres du groupe devront se tenir six fois par an en annonçant que Moscou abritera la 7ème édition du forum des pays exportateurs en 2008.