Vous prenez un de vos compatriotes qui vient de passer sous un train et en a échappé par miracle bien qu'il y ait laissé ses 2 jambes, sa voiture et la moitié de sa famille, et quand vous vous inquiétez pour lui et allez le voir complètement affolé et inquiet, il vous répond indubitablement «labess». Cette 'labessomanie'' très tunisienne fait qu'on ne sait jamais quand ça va et quand ça va pas ; quand un huissier vient vous sortir à moitié habillé de chez vous, il vous dit labess, labess ; quand vous grillez un feu et vous écrasez le pauvre hère qui vient en face, vous sortez de votre voiture et vous lui dites labess labess . et il vous répond de même labess Et ce dans tous les domaines ; vous prenez un commerçant dont le chiffre d'affaires a baissé de moitié, quand vous lui demandez comment ça va, il vous répond labess ; quand vous prenez un banquier qui voit les chèques et les traites retourner impayés, il vous dit labess ; quand vous constatez que l'euro glisse mais pas dans le même sens que le dinar, le dinar vous dit labess ; quand vous prenez quelqu'un qui agonise, il vous dit labess. Cet incommensurable optimisme de nos compatriotes m'a toujours épaté qu'il fasse beau : que l'on soit inondé d'eau et de moustiques, que le litre d'huile coûte 6 DT, que le baril de pétrole monte à 70$, c'est toujours labess ; avec ça, l'adrénaline ne monte pas beaucoup dans ce pays où les concitoyens subissent avec 'labessité'' parfois les déboires d'une administration oh combien relax, et les pauvres psychiatres ne doivent pas faire fortune avec des gens on ne peut plus décontractés et 'labessiférés'' ; et quand vous allez voir les uns et les autres, ils vous diront labess
Vous prenez ce papier, il doit faire au moins trois cents mots pour être publiable, et même si je n'y arrive pas, je vous dirai 'alaghaleb'' et mon patron me répondra labess