Traitant comme d'habitude de la situation économique du pays, le conseil d'administration de la Banque Centrale de Tunisie estimait, dans son communiqué du 10 juillet 2003 que "l'activité économique nationale continue à évoluer à des rythmes différents selon les secteurs d'activité". Cette marche à deux vitesses s'explique par la progression satisfaisante des secteurs de l'agriculture et du commerce extérieur, d'une part, et le rythme d'amélioration du secteur industriel et du tourisme jugé lent. L'indice de la production industrielle a en effet progressé de 0,8% en avril 2003 contre une baisse de 3,8% le mois précédent portant la marque de la reprise des industries manufacturières et en particulier des industries mécaniques et électriques, des matériaux de construction, ainsi que des industries agroalimentaires. Au terme des quatre premiers mois de l'année, la baisse de l'indice de la production industrielle est revenue à 1,9% contre 2,9% pour le premier trimestre 2003. Les exportations en hausse et le déficit en baisse Au niveau du secteur touristique, le repli des nuitées globales est revenu à 2,3% en juin 2003 contre 17,2% en mai, ramenant la baisse cumulée au cours du premier semestre à 10,9%. La hausse des nuitées globales de 0,3% enregistrée au cours de la troisième semaine de juin, devrait augurer du début de la haute saison. Les recettes en devises du secteur ont ainsi accusé une diminution de 4,8% et devraient aussi s'inscrire en baisse de 5,9 %, au terme du premier semestre de cette année. Comme toujours, cette baisse a été compensée par la progression de 10,9 % des économies sur salaires transférées par les Tunisiens résidents à l'étranger. Au niveau des échanges commerciaux, les exportations continuent à progresser (+15,9 %), au terme du premier semestre, à un rythme plus élevé que celui des importations permettant une réduction du déficit commercial de 11,1% et une amélioration du taux de couverture de 4,8 points de pourcentage atteignant 78,1% contre 73,3%. Ces évolutions ont engendré une réduction significative du déficit courant, soit 1,8% du PIB au terme du premier semestre 2003 contre 2,4% pour la même période une année auparavant. L'indice général des prix à la consommation s'est accru de 0,2% en juin 2003, contenant ainsi le taux moyen d'inflation à 1,7% pour le premier semestre contre 3,5% une année auparavant. 80 jours d'importation en devises Les avoirs nets en devises se sont élevés à 3154 MDT au 30 juin 2003 contre 2965 MDT à la même date de l'année précédente, soit respectivement l'équivalent de 81 et 82 jours d'importation. Au 9 juillet 2003, ils se sont situés à 3119 MDT contre 2790 MDT une année auparavant soit 80 et 77 jours d'importation. A fin mai, l'augmentation des concours à l'économie, profitant plutôt aux crédits de gestion, s'est limitée à 1,2% et la liquidité bancaire s'est resserrée au cours du mois de juin de 79 MDT, entraînant un accroissement de l'intervention de la BCT avec un volume moyen de 387 MDT contre 308 MDT au mois de mai 2003. Côté change, le dinar s'est inscrit en hausse de 1,4% vis-à-vis de l'euro et en baisse de 2,1% par rapport au dollar, portant la marque du repli de l'euro vis-à-vis du dollar US au cours du mois de juin. Du début de l'année au 8 juillet, le dinar a enregistré une baisse de 3,3% vis-à-vis de l'euro et une hausse de 4,5% par rapport au dollar. Compte tenu de ces évolutions, la Banque Centrale de Tunisie suivra les effets escomptés des baisses du taux d'intérêt sur l'activité économique en général et l'investissement en particulier. Les prévisions de l'APB L'association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers est cependant plus optimiste. Dans une analyse des résultats de ce premier semestre et une prospection des résultats attendus pour toute l'année 2003, l'APTBEF estime que "l'analyse trimestrielle de l'évolution du PIB réel, révèle une reprise relative de la croissance". Elle élabore par la suite 3 simulations de croissance dont la plus pessimiste table sur un taux de croissance de 1,7 % et la plus optimiste sur un taux de 2,2 % pour l'année 2003. "En tout état de cause, estiment les analystes de l'association, il est prévu que le dynamisme se renforce au cours du second trimestre 2003 et des trimestres suivants ( ) sous-tendu par une demande intérieure finale encore plus vigoureuse et la reprise des exportations". Cette reprise, les analystes de l'APTBEF l'expliquent essentiellement par 3 facteurs. Le premier est la reprise de la croissance de l'économie mondiale en 2003. Le second est ce qu'ils appellent "les conditions générales de la politique économique" de la Tunisie. Il y évoquent "l'assouplissement de la politique monétaire et la relative détente des taux d'intérêt ( ) le maintien d'un cours des changes bilatéral avec l'Euro dans une fourchette déterminée par les avantages relatifs de la Tunisie en matière de productivité, avec le souci de ne pas nuire à la marge de compétitivité". Le troisième facteur de reprise, les analystes de l'APTBEF le place dans "les déficits des dernières années qui seront vraisemblablement encore réduits". Ils prévoient à ce propos que "la reprise engendre des recettes fiscales relativement substantielles", que "le souci devrait prédominer de stabiliser autant que possible la croissance des dépenses publiques" et que "une politique de dépense modérée sera encore suivie durant 2003, réduisant nettement le déficit structurel des budgets publics". L'APTBEF finit par attirer l'attention sur la nécessité de "veiller à la structure des dépenses publiques : l'accroissement des investissements publics compromet à long terme le potentiel de croissance, par l'effet d'éviction qu'il provoque sur l'investissement privé".
25-08-2003 Khaled BOUMIZA
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