L'appel s'adresse, tant aux autorités, industrielle, commerciale et fiscale, qu'aux agents de la bourse de Tunis. Car, au-delà des 10% du capital qu'elle dissémine en bourse, la STIP représente l'une des industries la plus prometteuse du paysage entreprenarial Tunisien. La laisser tomber, face au marché parallèle ou à l'importation sauvage, serait condamner un grand employeur de cadres, d'ouvriers Tunisiens et l'unique fabricant de pneus. Une entreprise qui commence à réussir son implantation à l'étranger. Sa success story marocaine est plus qu'édifiante ! La Stip est déficitaire. L'information de cette fin d'année n'est pas une nouveauté en soi. Elle ne fait que confirmer des indices qui l'annonçaient depuis la fin du premier semestre 2003. Le bilan provisoire de l'exercice 2003 indique, en effet, un déficit de 10,178 MDT, contre un résultat positif de plus de 1,866 MDT une année auparavant. Il faut dire que « rien n'a marché cette année », comme nous le fait remarquer le management de l'entreprise. D'abord l'arrêt complet, pendant 37 jours ouvrables, de l'usine de Msaken pour permettre la connexion de sa jumelle du ALL STEEL. 37 jours qui auront coûté 5 MDT en charge et une perte de 10 MDT en chiffre d'affaires. Il y a ensuite cette grève, « sauvage et pour des revendications non salariales » selon la direction de l'usine, de 6 jours en octobre dernier. Coût, 0,8 MDT en production. Entre 2002 et 2003, la Stip aura perdu plus de 4000 tonnes de production ! A ces deux imprévus, il faut ajouter le dépassement, de 10 MDT, du coût du projet de l'usine all steel, ainsi que le surcoût des achats, les deux en grande partie à cause de l'appréciation de l'Euro. Derrière ce mauvais résultat, il y a aussi la baisse du chiffre d'affaires qui passe de 71,9 MDT à 57,1 MDT. Derrière cela, il y a la perte de plus de 8 MDT sur le marché local à cause du marché parallèle et de l'importation sauvage des pneus, parfois ceux de la STIP elle-même. Mais aussi la baisse de l'export de plus de 7,3 autres MDT, une baisse volontaire essentiellement sur les marchés algériens et libyens, pour essayer d'assécher les sources du marché parallèle qui lui mine ses parts de marché local, ajoutez à cela l'arrêt total des exportations vers l'Irak. Dette : en augmentation, mais gérable Et toujours dans le domaine des incidences que l'entreprise ne contrôle pas, on trouve la baisse, volontaire, de 5 à 7% du niveau des prix depuis le mois de septembre dernier, pour cause de démantèlement tarifaire. Un effet douanier qui lui a quand même coûté 3 MDT en résultat. Tout cela a alourdit encore un peu plus le poids de la dette de la Stip qui passe de 57,503 MDT à 92,637 MDT en 2003 et les charges financières qui passent de 1,8 à 2,3 MDT soit un ratio (Charges financières/Chiffre d'affaires) de 3,75%. Seul baume au cur, en grande partie, cette dette est à long et moyen terme. En face, il y a aussi un total actif de plus de 176,816 MDT. Cela constitue en fait, selon le management de la société, une « dette gérable ». Il n'en demeure pas moins vrai que la trésorerie de l'entreprise reste tendue, extrêmement tendue même au vu des chiffres. Ceux-ci font en effet apparaître, à la fin de l'exercice 2003, une trésorerie négative de -9,156 MDT alors qu'elle était positive de plus de 6 MDT à la fin de l'exercice 2001. Cela ne semble pourtant pas inquiéter outre mesure la direction de l'entreprise qui fait remarquer qu'elle n'a aucune difficulté à payer ses échéances. Elle attire l'attention aussi sur la réserve en argent, même si elle a des délais de recouvrement imprécis, qu'elle a auprès de certaines administrations publiques. Il en est ainsi des 13,8 MDT de crédit TVA et des 1,2 MDT en trop perçu d'impôts sur les sociétés. Mais aussi des 2,2 MDT de droits de douanes en attente de remboursement. 2004 : Objectif équilibre L'optimisme général de l'entreprise vient aussi du démarrage effectif, en septembre 2003, de la production de l'usine ALL STEEL. Pour 2004 et sur cette seule branche, la Stip compte faire un chiffre d'affaires de 35 MDT en exportations et en ventes locales. Ce volume de production, devrait aussi permettre de diminuer ses coût de production et lui permettre de réaliser d'importantes économies d'échelles. Tout cela bien sûr, adossé à un important programme de travail qui comporte un volet commercial (plan marketing et publicitaire, système d'intéressement pour les revendeurs, étude et suivie du marché), un volet production (révision des normes de productivité, économie sur les déchets et les consommations) et aussi un volet social (compression et rajeunissement des effectifs, sous-traitance de certaines activités non productives ). Tout cela et sous l'effet du ALL STEEL, devrait pour 2004 permettre à l'entreprise, d'augmenter sa production de 80%, d'accroître de 65 % son chiffre d'affaires, de rehausser de 65% ses ventes locales et de 70% ses exportations, d'alléger de 10% ses dettes et surtout d'équilibrer et de stabiliser son résultat net. Les chiffres et les explications sont là. Il reste aux décideurs et au marché financier d'y croire et de « sauver willy » la STIP !