La Chambre de commerce et d'industrie du Nord-est Bizerte et l'Ambassade d'Italie (coopération tuniso-italienne) ont organisé hier, lundi 12 janvier 2009 à Bizerte, une journée d'information sur la nouvelle ligne de crédits italienne en faveur des PME tunisiennes du secteur privé. Cette action s'inscrit dans les plans de veille mis en uvre par la Tunisie à dessein de parer à la crise financière internationale déclarée depuis juillet dernier, mais aussi en vue de renforcer le partenariat entre les deux pays. Selon M. Giovanni Semeraro, chargé du Programme auprès du Bureau de la Coopération de l'Ambassade d'Italie en Tunisie, de telles journées d'information organisées à travers les régions ont été rendues nécessaires du fait que souvent l'information ne passe pas systématiquement, ce qui a fait que jusqu'ici seules les villes de Tunis et Sfax ont majoritairement profité des lignes de crédits en question, au détriment du reste de la République. Aussi, la nouvelle ligne de crédits a-t-elle déjà fait l'objet de quelques journées d'information comme celle d'hier à Bizerte, la prochaine étant prévue à Gabès vers la fin du mois en cours. Pour sa part, M. Maurizio Bonavia, directeur du Bureau de la Coopération de l'Ambassade d'Italie, a fait savoir que jusqu'ici l'Italie a accordé sept lignes de crédits à la Tunisie pour une enveloppe globale de 100 millions d'euros ayant financé 450 opérations et créé quelque 6 mille postes d'emploi, le secteur industriel étant au premier plan avec 56% de l'ensemble des lignes. De façon générale, les lignes de crédits italiennes sont destinées à l'industrie, l'agriculture et la pêche, et les services. La nouvelle ligne de crédits L'Italie vient donc d'accorder à la Tunisie une nouvelle ligne de crédits d'un montant de 36,5 millions d'euros en faveur des PME tunisiennes, selon la définition de l'Union Européenne. Il est précisé que le crédit est destiné à l'acquisition auprès de fournisseurs italiens d'équipements et de services connexes d'origine italienne. Néanmoins, 35 % du montant de chaque crédit peut être utilisé pour l'acquisition directe auprès de fournisseurs tunisiens d'équipements neufs et de services connexes d'origine tunisienne. Les entreprises privées tunisiennes éligibles aux crédits doivent être de droit tunisien et résidentes au sens de la réglementation tunisienne de change, relevant du secteur de l'industrie, de l'agriculture et pêche, et des services, à l'exclusion des services commerciaux, financiers et touristiques. Précision : le transport, la santé et l'éducation sont également éligibles. Exemples : un projet d'une nouvelle clinique (santé) est éligible ; un projet de centre de thalasso (bien que le tourisme soit exclu) l'est également. Pour revenir aux équipements devant être acquis auprès de fournisseurs italiens, les services connexes tournent généralement autour des installations de ces mêmes équipements. Le crédit et ses conditions Il est noté que « le plafond du crédit pour chaque promoteur, même réparti sur plusieurs opérations et contrats, ne devra pas excéder les 2,1 millions d'euros, le plancher étant fixé à 100 mille euros ». Les conditions d'octroi des crédits sont les suivantes : «Pour un crédit en euro, le taux d'intérêt est de 3,25 % maximum par an, y compris la commission bancaire ; pour un crédit en dinar, le taux d'intérêt est de 6,25 % maximum par an, y compris la commission bancaire et la prime de risque de change». La période de remboursement est de 10 ans maximum, y compris une période de grâce de 3 ans maximum. La gestion de la ligne de crédits est confiée aux banques tunisiennes résidentes et agréées par la Banque Centrale de Tunisie. (voir : le contenu du dossier de candidature). Cette nouvelle ligne de crédits reste valable selon un accord conclu avec la Banque centrale de Tunisie ; en principe, et sauf nouvel ordre, elle reste valable jusqu'à 2012. Elle a démarré très exactement le 16 juin 2008. De quelle PME on parle ? A la lecture des conditions d'octroi desdits crédits, comme les taux d'intérêt et surtout l'obligation faite d'acquérir des équipements neufs à partir de l'Italie, force était, lors du débat, de soulever la question de savoir si la partie italienne n'était pas en fin de compte la plus gagnante dans de telles opérations. A quoi M. Giovanni a fait remarquer qu'une ligne de crédits n'est pas synonyme d'aumône et que le véritable partenariat doit s'appuyer sur le principe gagnant-gagnant''. Or, la question centrale du débat a tourné autour de cette PME selon la définition de l'Union Européenne. Il semble, en effet, que d'après l'UE, est dite Moyenne entreprise celle employant 250 personnes et dont le chiffre d'affaires est tout juste inférieur à 50 millions d'euros. Les chefs d'entreprise ayant pris part au débat ont beaucoup insisté sur le fait qu'une PME de cette taille et de cette envergure serait plutôt dite Grande entreprise. Un autre chef d'entreprise, une dame, a attiré l'attention sur la probabilité qu'une telle ligne de crédits pourrait en fin de compte ne profiter à personne et rester à jamais dans les tiroirs. M. Giovanni n'a pu qu'admettre qu'une telle condition ne colle pas à la réalité tunisienne et qu'il serait profitable de réviser la définition faite à la petite et moyenne entreprise. D'autant plus que la prochaine ligne de crédits italienne en faveur des PME tunisiennes se monterait à 73 millions d'euros. Car à toujours affecter les reliquats d'une ligne à une nouvelle ligne, on finira par se demander à quoi serviront ces lignes peu ou partiellement consommées.