Dans un contexte de tassement des principaux conglomérats financiers du monde occidental, de marasme économique mondial consécutif aux tendances protectionnistes de plusieurs centres marchands et du resserrement du crédit bancaire à l'échelle planétaire, l'Institut arabe des chefs d'entreprise (IACE) a organisé, le 14 février 2009, à la Maison de l'Entreprise, en collaboration avec Maghreb Crédit, un projet pour la mise en place d'une centrale d'informations intégrée sur les risques de crédit en Tunisie, un séminaire pour débattre des enjeux rattachés à l'information en tant qu'input fondamental de l'activité bancaire, du rôle des crédits bureaux -en vogue dans le monde anglo-saxon dans la prévention des risques liés à l'octroi des prêts et du bilan de ces structures privées dans les pays aux législations similaires à la nôtre. D'ailleurs, dans son allocution de bienvenue aux experts internationaux -nombreux dans la salle- et à un parterre représentatif de la crème financière nationale, M. Chékib Nouira, président de l'IACE, a rappelé l'importance de la réforme des systèmes d'information sur le marché du crédit, l'intérêt, pour le pays, de coller aux indicateurs de la bonne gouvernance en vigueur dans les principales cités marchandes de la planète et l'urgence, pour notre communauté bancaire, d'endosser, dans les plus brefs délais, les recommandations de Bâle II, ce qui est susceptible, a-t-il dit, d'améliorer la protection juridique des créanciers et des débiteurs, de renforcer la solvabilité des entreprises et de raffermir le classement du site Tunisie auprès des institutions internationales (Doing Business ), généralement attentives aux réglementations en rapport avec le climat des affaires et la prévisibilité des relations économiques. La centralisation des informations en Tunisie Monsieur Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie et invité d'honneur du conclave, a mis en relief, dans son discours d'ouverture, les performances de ses services -autorités de régulation, centrale des risques, centrale d'informations- dans la maîtrise, depuis des décennies, des créances douteuses, la sécurisation du système bancaire dans son ensemble, l'éclairage des banques sur la situation financière réelle des entreprises et leur capacité à honorer leurs engagements professionnels tout en se conformant aux normes et standards internationaux, fondés sur la fiabilité, la confidentialité, la transparence et la crédibilité. «Le climat de partenariat entre la profession bancaire et la Banque centrale de Tunisie est confirmé par les 20 millions de mouvements enregistrés par an, les 3.500 interrogations quotidiennes, le degré de détail des données recensées et la rapidité avec la quelle les informations traitées sont retournées au secteur», ajoute notre interlocuteur, qui admet, à la fin de son intervention, la possibilité d'une coexistence, après l'intervention du législateur pour organiser le métier et définir un cadre strict à la communication d'informations, entre des structures publiques, chargées de veiller à l'appréciation du risque d'insolvabilité, à la santé du système dans son ensemble et des crédits bureaux, structures privées, censés évaluer le potentiel du client, ses garanties, la maturité de ses dettes, son actif et son passif bancaire. En guise de conclusion, M. Taoufik Baccar a mis l'accent sur le statut de la Centrale d'Informations de la BCT, réservoir de données non négligeable, certes, mais qui ne dispose pas, dit-il, de mandat pour émettre des jugements sur la capacité du client à honorer ses engagements ou établir des scores et des cotations à l'intention des opérateurs économiques. «Autant d'outils aujourd'hui maîtrisés par les bureaux de crédits installés un peu partout dans le monde», conclut l'hôte de marque du séminaire. Quel rôle pour un Crédit Bureau en Tunisie ? D'après M. Omar El Matri, initiateur du projet Maghreb Crédit, censé assurer un développement maîtrisé du financement des hommes d'affaires dans le pays, il s'agit, dans cette initiative, du choix d'ouverture de l'économie nationale et de ses marchés afin d'accompagner les innovations en cours dans le monde, de gagner en crédibilité auprès des instances de notation internationales(Doing Business, Davos ) et de favoriser, autant que faire se peut, la primauté de la solvabilité de l'entreprise aux contacts personnels, lors des octrois des prêts. «Plusieurs services à valeur ajoutée sont envisagés par Maghreb Crédit pour la Tunisie dont le scoring, le rating, le monotoring de portefeuilles, la détection de fraude, les services pour les consommateurs et le rapport de solvabilité», clame notre vis-à-vis, pour qui l'adoption du dispositif Bâle II constitue un défi et une opportunité pour les bureaux de crédit dont le rôle est de propager, auprès de la communauté financière du pays, les nouvelles normes de gestion du risque, de connaître les actifs et les passifs des clients et d'affiner, insiste-t-il, l'analyse dans le cadre des systèmes de notation, inspirés des meilleures expériences internationales.