Les rumeurs nombreuses et contradictoires circulent à son sujet. Dubaï pourra-t- elle mener à terme son ambitieux projet de hub mondial et de locomotive pour toute la région ? Si l'Egypte est un don du Nil, Dubaï est un hommage à la compagnie aérienne «Emirates Airlines». Le développement de la compagnie est indissociable de celui de Dubaï. Depuis 2002, la compagnie a doublé son parc d'aéronefs et a presque triplé son chiffre d'affaires pour s'installer à la neuvième place mondiale dans la hiérarchie des compagnies. Selon IATA, Emirates a traité en 2005 environ 14 millions de passagers. L'aéroport a accueilli 37,44 millions de passagers en 2008, enregistrant une hausse de +9% par rapport à 2007. Emirates dessert plus de 100 destinations de par le monde. Son volume d'affaires en 2008 a été de10, 8 milliards de dollars et un profit de 1,37 milliard de dollars. Selon les chiffres de Airports Council International (ACI), l'aéroport de Dubaï a été le seul parmi les 10 principaux aéroports internationaux (classés selon le nombre de passagers) à enregistrer un résultat positif au cours du dernier trimestre 2008 avec +10,.5 % en octobre, + 6,6 % en novembre et +4,8 % en décembre par rapport aux mêmes périodes en 2007. Les chiffres du premier trimestre 2009 sont encore indisponibles. L'impact de la crise rend les plus sceptiques encore plus dubitatifs. L'arrivée en force d'«Etihad Airways», la compagnie lancée en 2003 d'Abu Dhabi, qui s'est vue décerner de nombreux prix en un temps record et qui vient se greffer à de sérieux compétiteurs, avec notamment Qatar Airways et Gulf Air. Les ambitions pour 2012 sont de transporter 40 millions de passagers par an. Il convient d'observer la situation afin de mesurer l'impact de la crise sur ces ambitions. Il faut garder en tête que les nombreuses années de profits interrompus pèseront dans la balance. Là où d'autres compagnies avancent sur une corde raide, Emirates aurait, dit-on, de la marge. En attendant, la compagnie est en passe de devenir la première compagnie avec le plus grand nombre de gros porteurs. Elle est d'ores et déjà le plus gros client d'A380. 58 sont confirmés à ce jour, bien que le lancement de l'A380 ait connu de nombreux retards. Dans les milieux autorisés, on parle timidement d'un report de livraison de plusieurs appareils. Le sujet est sensible, d'autant plus sensible à cause de la crise, mais pas seulement, d'autres regards se posent du côté de la concurrence qui arrive avec ses grands sabots. La montée en puissance de nouvelles compagnies conscientes des enjeux gigantesques et qui sont prêtes à mettre le prix pour que le soleil de l'aérien rayonne sur leur développement, est de plus en plus importante. La stratégie offensive d'Emirates Airlines a ouvert grande la voie à une guerre sans scrupules. Désormais, Emirates n'est plus la seule à se dresser comme un challenger face aux ténors occidentaux. En utilisant le développement de Dubaï et de son hub, Emirates tente habilement à réorienter les flux mondiaux de passagers à son profit, en jouant de sa position de pivot entre l'Afrique et l'Asie et l'Asie et l'Europe. Elle y a réussi. D'autres tentent de l'imiter. En attendant, le terminal n°3 atteindra sa performance avec 70 millions de voyageurs par an. Bientôt un nouvel aéroport viendra compléter un produit hors normes. L'ensemble vise à atteindre les 120 millions de voyageurs par an. Il est à noter que le 1er aéroport mondial demeure Atlanta qui accueille 90 millions de visiteurs et plus de 12 millions de tonnes de fret. Dubaï a vu son trafic aéroportuaire augmenter de plus de 300% entre 1997 et 2006! Seize terminaux cargo sont érigés au sud de l'aéroport Al Maktoum pour gérer le passage de douze millions de tonnes de fret. Que l'arbre ne cache pas la forêt, un autre concept se dresse au cur de la machine Dubaïote: La Dubaï Logictics City (DLC). La DLC est une ville de 25 km² dédiée aux activités logistiques. Elle rassemble tous les moyens de transports existants. C'est le port en eau profonde de Jebel Ali, qui se dresse en carte maîtresse. Lorsque l'ensemble sera pleinement opérationnel, la connexion air-mer pourra se faire en moins de quatre heures, ce qui ne sera possible nulle part ailleurs! Lire aussi : - Dubaï, ville hub, ville de tous les (im)possibles - Vol au dessus de Dubaï