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«General Motors-Gate», textiles tunisiens, actionnaires insatisfaits et du chic sans le choc…
Publié dans WMC actualités le 05 - 06 - 2009

Le lundi 1er juin, panique à Detroit et séisme mondial, GM emblème d'entre tous de la suprématie industrielle américaine, déposait le bilan en se rangeant sous le chapitre 11 de la loi sur les faillites, l'équivalent de notre loi sur les entreprises en difficulté. Le lendemain, mardi 2 juin, avec Citicorp, première banque commerciale du monde, elles se font retirer de l'indice boursier de Wall Street, le Dow Jones. Les autorités agitent une faible lueur d'espoir. A l'instar de Chrysler, qu'on annonce requinquée après être passée par là, GM pourrait se relever dans deux à trois mois. Son plan de restructuration qui consiste à céder ses filiales pourrait la remettre sur pied. Mais l'argument ne pèse pas lourd. Chrysler est une firme nationale. GM, avec son network implanté sur les cinq continents, est une entreprise globale. Elle avait même eu une présence en Tunisie via sa filiale de réseaux de câbles «Delphi Systems» laquelle siégeait dans le Conseil d'Administration de la COFAT, filiale du groupe Chakira Elloumi.
On achève bien les chevaux : une logique Destroy !
Il y a quelques années, Coca Cola a émis un emprunt sur le marché américain pour une maturité de 100 ans ! Qui a été clôturé en un clin d'œil. On avait dit à cette occasion que le marché a plus confiance dans les entreprises que dans les Etats. Quand GM se fait Hara Kiri, cette conviction vacille. Comment une entreprise du gabarit du géant de Détroit peut-elle ne pas voir le vent tourner ? Son tort serait de produire des voitures qui ne sont plus en phase avec le marché, trop gourmandes, trop polluantes. Mais d'enseignement élémentaire, on sait que gérer c'est prévoir. Comment légitimer ce déficit primaire de stratégie ? C'est proprement inexplicable. D'un autre côté, comment expliquer cette indifférence de la part des autorités face à la cécité managériale de GM qui vivait à son corps défendant la tourmente de l'énergie, les revendications des verts et l'appel des consommateurs pour des véhicules hybrides? Le premier de la classe et le fer de lance de l'économie qui accumule autant de bourdes. Allez y comprendre.
«Do or die», agir ou mourir!
Le 1er constructeur auto du monde -pardon l'ex, parce qu'il ne l'était plus depuis au moins deux ans- avait envoyé des signes d'essoufflement depuis le mois d'octobre dernier. En même temps que ses ventes chutaient, sa trésorerie s'étiolait. Sa déchéance était programmée. Il fallait dés lors agir car différer la restructuration c'était s'exposer à de hauts risques. Pourquoi cette levée de bouclier de la droite libérale contre le sauvetage du soldat GM? L'Etat a bien recapitalisé les banques. Le résultat des courses est qu'au prix d'une entorse aux dogmes libéraux, on a sauvé le système bancaire et préservé l'économie. Ou presque. Pourquoi pas la même attitude de clémence à l'égard du secteur automobile, pourtant colonne vertébrale du système industriel US? La rigidité doctrinaire, quand elle torpille l'intérêt national, qu'on me pardonne mon excès, mais ça ressemble à de l'intégrisme libéral. Sous Roosevelt, l'Amérique a bien connu un régime d'économie mixte, n 'est-ce pas ?
L'isolationnisme financier
En essayant timidement de sauver le constructeur auto avec des fonds publics exclusivement américains, en temps de mondialisation amplement consommée, l'Etat Fédéral s'enferme dans un isolationnisme financier. Un consortium mondial de constructeurs peut très bien organiser une opération de remise en forme. Il n'y a rien d'humiliant à envisager un plan Marshall au secours de l'Amérique. On a toujours besoin de plus petit que soi dans la vie. Le reste du monde aurait été bien enchanté de prêter main forte à l'Amérique. Un retour d'ascenseur bien dans l'ordre des choses
Crash de GM, le retour de flamme de la crise
Flash back au 15 septembre dernier. Quand Lehmann Brothers a bu la tasse, la crise financière avait basculé en une crise de confiance. Instantanément, on a eu l'assèchement du crédit (credit crunch). N'était l'initiative anglaise de garantir les engagements des banques, la crispation des liquidités aurait mis aussitôt l'économie par terre. Avec la chute de GM, la crise signe son deuxième retour. GM, dans son périmètre américain, c'est 235.000 emplois directs. A supposer que ses filiales européennes, OPEL et SAAB, échappent à la tourmente, ses ramifications mondiales grimpent à 3 millions d'empois indirects, soutiennent certains experts. Et là, c'est une dimension d'entreprise systémique.
La situation se démarque de la déconfiture passagère de Chrysler et de ses 54.000 salariés. Il y a donc à craindre maintenant une crise sociale. Cela fait trop de similitudes avec la crise de 1929. Et alors, même schéma de sortie de crise ? Oh ! Le scénario frisson. Le seul spectre de la soupe populaire est déjà effrayant en soi. N'allons pas plus loin. N'est-il pas du devoir de l'Empire de ne pas aggraver la crise ? Le 2 avril, le G20 avait voté une cagnotte de 1.100 milliards de dollars afin d'activer la relance. N'est-elle pas compromise, à présent, avec cette dernière péripétie? La relance étouffée dans l'œuf, et voilà toutes les options sont ouvertes y compris la perspective sombre d'un chaos économique. Adieu veaux, vaches se lamentait Pierrette après avoir cassé son pot au lait.
Textile : une politique industrielle publique volontariste
Là-dessus on se félicite du soutien des pouvoirs publics tunisiens à l'adresse du secteur textile, de même que l'a explicité M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME, invité d'honneur de la CTFCI à un déjeuner-débat consacré au textile, jeudi 28 mai. Le secteur n'a pas démérité. Par gros temps, il a tenu bon face à ses principaux compétiteurs sur le marché européen. Il a bien subi les contrecoups de la crise, avec une chute passagère, de carnet de commandes, mais il a tiré son épingle du jeu en protégeant son rang de 5ème fournisseur européen et de gros générateur de recettes en devises.
Les professionnels ont bien perçu le signal de la crise : la qualité sinon rien. Et c'est précisément vers cet objectif que convergent les principaux concours financiers publics (cf. l'article d'Amel Belhaj Ali). La moitié des 44 millions de dinars de concours de mise à niveau vont au textile. Ces fonds financent essentiellement les équipements de dernière génération et les investissements dans l'immatériel. Ajouter que la Tunisie est le premier pays du Bassin méditerranéen à subventionner 50% du matériel «PAO DAO». Les concours externes tels ceux de l'AFD abondent également dans le même sens.
En passant, on soulève l'éventualité d'une banque dédiée au textile, un jour ? L'idée n'est pas dénuée de sens. Elle mérite, selon nous, d'être creusée.
En définitive, les pouvoirs publics s'obligent à doter le secteur d'un outil industriel de dernier cri pour soutenir la compétition. L'offre industrielle n'en sera que plus attirante car elle satisfait aux standards de productivité et par conséquent de compétitivité. C'est nécessaire. Est-ce suffisant ?
Connaissez-vous John Galiano, Karl Lagerfeld et les autres ?
Il faut, à côté du versant technique, trouver aussi un renfort de modélisme. C'est nécessaire. La preuve est la notoriété des deux figures de proue de deux des plus grandes maisons de haute couture française. John Galiano est le maître à bord chez Christian Dior et Karl Lagerfeld chez Chanel. La Tunisie a enfanté une figure similaire avec Leila Menchari, directrice artistique chez Hermés. Ces personnages manquent à nos enseignes textiles. Les stylistes impriment un modèle économique nouveau. Ils entraînent l'entreprise à prendre le risque sur une collection, c'est-à-dire les coloris, les tissus et matières, les accessoires et fournitures, puis le modélisme et enfin le risque commercial.
Le sous-traitant prend tout juste le risque de qualité et de productivité. Forcément le partage des parts sur la chaîne des valeurs se fera au détriment du second. Il est vrai que le secteur redresse sa valeur ajoutée qui passe de 300 millions d'euros en 1995 à 1 milliard d'euros en 2008. Mais il faut relativiser. Ne faut-il pas tenir compte de la part des allocations touristiques consacrées aux dépenses de garde robe ?
Le fameux manteau blanc
Le vol régulier Tunis-Istamboul est un pont en or que nous faisons aux modélistes turcs. Cet hiver, beaucoup de tunisiennes portaient un manteau blanc de petite flanelle mais avec une coupe qui donnait une ligne d'enfer. Son prix était bien inférieur à cent dinars. Il n'avait pas son équivalent dans les vitrines de la capitale. Un article bien et bon marché et on résume l'équation.
Pour déplacer le curseur et sauter de palier dans la chaîne de valeur, à coup sûr il faut tâter du modélisme et prendre le risque sur des collections. Que fait H&M ? Au su et au vu de tous, il va dans les défilés de mode, copie les collections et les reproduit dans des matériaux moins nobles. Alors, vous avez la mode à des prix cassés, le chic sans le choc. Fatalement vous taillez un segment commercial. Peu de producteurs sur la place alignaient une offre équivalente qui soit chic et bon marché. Quand on a la qualité et parfois le modélisme, les prix sont au plafond. Alors, il faut attendre les soldes pour faire ses achats. Forcément les gens prennent les devants et vont faire leur marché ailleurs.
Pourtant, ce manteau blanc est tout à fait dans les moyens de nos professionnels. Qu'ils ne l'aient pas conçu, on peut comprendre. Mais qu'ils n'aient pas eu le réflexe de le dupliquer est un manque de réactivité. C'est peut-être le moment de songer à relever la rentabilité du secteur. Cela profiterait à tous.
Les AGO cassent la morosité
Il a été grandement question de hausse de la rentabilité lors des AGO des sociétés cotées en Bourse qui se sont tenues ces derniers jours. Dans leur ensemble, ces moments de vérité où les managers affrontent les actionnaires pour justifier leur gestion ont pris des couleurs. La rentabilité était au rendez-vous. Mais rentabilité n'a pas rimé avec prodigalité.
Des business plans réalisés au pied de la décimale
Ce sont les valeurs financières qui ont ouvert le bal, mais la quasi majorité des entreprises listées à la Bourse a vu sa prévision de résultats se réaliser. Dans nos propres colonnes, au mois de septembre dernier, beaucoup de dirigeants s'étaient exprimés pour prendre date, confiants dans la justesse de leurs calculs.
Voulant rassurer les épargnants et autres investisseurs, Ils affirmaient qu'il fallait garder confiance. La plupart disaient que la crise ne les impactera pas et que leurs prévisions au 30 / 09 s'étant confirmées malgré la crise, ils pariaient sur le quatrième trimestre de l'année et étaient sûrs de leurs prévisions au 31 /12 /09. Ils ne faisaient pas l'unanimité et n'empêchaient pas un courant de scepticisme parmi nos lecteurs. Ils ont pris date, et le temps leur a donné raison. En toute bonne foi, il faut saluer leur courage.
Déception
Autant la moisson a été bonne autant les dirigeants ont été chiches en dividendes, pense la majorité des actionnaires. Quand l'argent est dans la caisse, il faut le répartir. On a distribué moins que ne le laissait espérer la hausse des résultats. Alors, les actionnaires sont remontés contre les administrateurs qui auraient penché du côté de la tutelle qui appelait à plus de mesure, disent-ils tout bas. Leur déception vient de ce que les conseils d'administration n'ont pas récompensé leur disponibilité. Les investisseurs ont répondu présent à l'appel des diverses augmentations de capital ou d'émissions obligataires. Quand ils jouent le jeu, il faut que ça paie, affirment-ils. Leur propos est que la place pourrait capitaliser, en termes d'image, avec une distribution généreuse. Elle s'était déjà illustrée à l'échelle du Continent avec la seule autre bourse du Ghana par une performance positive en 2008.
Ce serait un excellent effet d'appel pour les fonds d'investissement si elle récidivait avec des dividendes conséquents. Cette opinion a pour elle sa rigueur. Mais ce qui n'est pas payé aujourd'hui nourrira les attributions gratuites demain. C'est peut-être la réponse qui a fait défaut pour faire rentrer la grogne des actionnaires frustrés. On peut être actionnaire dans son bon droit mais au vu du contexte particulier de crise, il faut adopter un comportement citoyen.


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