L'investissement agricole est-il en bonne marche ? A vrai dire oui, si on regarde les chiffres communiqués par l'Agence de Promotion de l'Investissement Agricole (APIA). «En 2009, l'investissement national a enregistré une progression de 12,5%, soit 382,856 MDT contre 340 MDT en 2008, un pourcentage jamais réalisé depuis la création de l'APIA», nous affirme M. Chokri Ayachi, son directeur général, lors de la conférence de presse du 29 janvier 2010. Le sud-est accapare 33,6 MDT, en augmentation de 116% par rapport à 2008, suivi par le centre-ouest (28,6 MDT, 5,2%) et le nord-est (21,1 MDT, 27,4%). Par secteur, l'agriculture a accaparé 68% des investissements, soit 260,6 MDT, suivi par les services et la transformation primaire intégrée (22,1% et 84,7 MDT) et la pêche et l'aquaculture (9,1% et 37,7 MDT). Les crédits fonciers ont progressé de 18,4%, passant de 5,8 MDT en 2008 à 6,9 MDT en 2009. M. Ayachi nous indique que 14 promoteurs ont obtenu des crédits dont la valeur dépasse les 100 mille dinars, suite à la décision présidentielle stipulant l'élévation du plafond du crédit foncier de 75 à 100 mDT. Plus de mille jeunes promoteurs ont obtenu une manne d'investissement de 65,7 MDT. Les Tunisiens à l'étranger ont en eu 11,4 MDT en progression de 500% par rapport à 2004 (2 MDT). Concernant les investissements à participation étrangère, ils ont progressé de 88,4% pour atteindre 21,6 MDT contre 11,4 MDT en 2008. D'ailleurs, au niveau des banques, on se sert les coudes pour participer à l'investissement agricole. Selon M. Ayachi, certaines banques, qui ne couvrent pas ce genre d'investissements, seraient prêtes à l'intégrer. «D'ailleurs, les banques ont financé 17% de ces investissements en 2009 contre 13,5% en 2008. Ce qui constitue un grand progrès. On incite de plus en plus les jeunes promoteurs à avoir recours aux banques parce que ceci leur permet d'améliorer la rentabilité de leurs projets», ajoute-t-il. Réticence envers les marchés extérieurs Mais devant un tableau aussi beau, M. Ayachi se montre inquiet vis-à-vis des perspectives du secteur sur le marché étranger, puisque jusque là les investisseurs tunisiens se montrent réticents quant à l'attaque de nouveaux marchés et la recherche de nouvelles opportunités. «On rate, tous les jours, des opportunités d'affaires qui pourraient bénéficier à notre pays et à notre économie. Sur le plan de l'agence, nous incitons les promoteurs à investir dans des niches porteuses à l'échelle internationale, telles que l'aquaculture, la culture géothermique, l'héliciculture, les plantes médicinales, les huiles essentielles, etc. Il n'y a pas si longtemps, on a reçu des commandes de 500 mille tonnes d'escargots des Etats-Unis d'Amérique et 280 mille tonnes autres de l'Allemagne», assure M. Ayachi, en ajoutant que des produits cultivés en Tunisie se vendent au double de leurs prix sur les marchés extérieurs telle que la salade qui se vend à 28 DT le kilo. La transformation des produits agricoles constitue également un créneau porteur alors qu'il n'est pratiqué qu'à hauteur de 25% en Tunisie contre 75% en Europe. Le premier responsable de l'APIA affirme que la création de consortiums d'agriculteurs pourrait faciliter l'intégration des marchés extérieurs, surtout dans le cas de grandes commandes. La participation aux foires et salons étrangers est aussi une bonne option pour prendre connaissance des exigences du marché et faire des rencontres d'affaires. Une idée qui commence à se développer puisque 25 agriculteurs vont participer au salon «Légumes et Fruits» de Berlin qui se teindra du 3 au 5 février 2010 contre trois seulement durant la dernière édition. M. Ayachi reconnaît que les promoteurs rencontrent quelques difficultés sur le plan régional, tels que le manque de bureaux d'études. «J'étais au Kef pour une conférence d'investissement et j'ai appris qu'il n'existe aucun bureau d'études. Les promoteurs sont obligés de venir à Tunis, à Béja et même à Nabeul pour faire leurs études de projets», nous indique M. Ayachi. C'est donc pour cette raison que l'APIA a prévu, dans son plan d'action 2010, une journée d'information sur les bureaux d'études, qui se déroulera, le 8 février 2010 à l'IACE (Institut arabe des chefs d'entreprise.