«Est-ce que vous regrettez votre introduction sur le Marché alternatif ?». C'est en ces termes que Adel Grar, président de l'Association des Intermédiaires en Bourse, s'est adressé à Majdi Zarkouna, directeur général de Servicom, lors d'une table ronde sur le Marché alternatif, organisée le 1er avril 2010 à Tunis. La réponse de M. Zarkouna était ferme : « Non, nous ne regrettons pas et nous comptons profiter au maximum des atouts de ce marché », a-t-il indiqué. Mais si l'engouement des responsables de Servicom pour le marché alternatif est aussi fort, il n'en est pas de même pour les autres entreprises. Mis en place depuis 2007, ce marché n'a pu attiré que deux sociétés, la SOPAT et Servicom. Notons que c'est depuis 2005 que le ministère de l'Industrie et de la Technologie et le Conseil du Marché Financier ont réfléchi à cette alternative par la mise en place d'un programme pilote pour aider en particulier les PME inscrites dans le programme de mise à niveau à se financer à travers le marché financier et l'introduction en bourse. 61 entreprises ont été alors sélectionnées pour ce programme qui n'a pas, d'ailleurs, été poursuivi. Pour Servicom, introduite depuis le mois de juin 2009, elle a pu réaliser une levée de fonds de 3,5 MDT. Son chiffre d'affaires a progressé, atteignant 17,5 MDT en 2009 contre 11,5 MDT en 2008. Son DG affirme que le rythme de croissance pour les prochaines années se situera entre 40 et 60%. Il a, également, annoncé que la société cherchait déjà d'autres moyens de financement sur le long terme. « La levée de fonds nous a permis d'avoir une trésorerie moins tendue et de nous concentrer sur notre métier », a-t-il précisé. Il a ajouté que l'introduction a permis à la société d'accroître sa visibilité et d'améliorer son image auprès de sa clientèle, d'où des retombées commerciales certaines. Le Business plan établi pour les cinq prochaines années a permis à Servicom de mieux fixer ses objectifs ainsi que les moyens de les réaliser. Neuf mois après, M. Zarkouna affirme que les résultats sont en harmonie avec ces objectifs. La SOPAT, la première à s'être introduite sur le marché alternatif, d'ailleurs absente lors de la table ronde, visait à réduire son endettement, par le remboursement de crédits à court terme et le règlement par anticipation de crédits moyens termes, mais aussi à la réalisation de plusieurs investissements. Introduite depuis fin 2007, l'introduction lui a permis de réaliser une levée de fonds de 6 MDT. Actuellement, cette société cherche à quitter le marché alternatif. Après un début difficile lié à l'exploitation du titre, la SOPAT a pu améliorer ses résultats en 2009. Dernièrement, le management de la société a annoncé son intention de poursuivre les démarches entreprises pour obtenir le passage des titres du marché alternatif au marché principal de la BVMT. Mais si les expériences de la SOPAT et de Servicom sont aussi satisfaisantes, pourquoi donc cette réticence des PME tunisiennes à introduire leurs titres au marché alternatif? Certains attribuent cette réticence à la réglementation stricte du processus d'introduction qui privilégie la sécurité et la transparence pour protéger l'épargne publique. « Je ne pense pas que les conditions d'introduction constitue un problème. Ceci dépend de la volonté des chefs d'entreprises. Il s'agit plutôt d'un problème de structure d'entreprises et de gestion », a lancé M. Bechiou. Pour lui, la dynamisation du marché alternatif passerait par la réactivation du programme pilote pour une centaine d'entreprises.