La métrologie, pour précision, est la science de la mesure et «représente par excellence la pierre angulaire de l'infrastructure Qualité», a indiqué Chokri Mamoghli, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur à l'occasion de la tenue du séminaire sur la métrologie lundi 14 septembre à Tunis et dont le thème est «benchmarking des systèmes européens de métrologie». M. Mamoghli a insisté sur la relation positive entre le développement de la métrologie et la sophistication des économies où elle se déploie. «Les systèmes de métrologie à l'échelle mondiale et européenne doivent respecter certaines normes et être conformes aux bonnes pratiques à l'international. C'est pour cette raison que notre agence a préparé, en partenariat avec l'unité de gestion du programme bureau de mise en uvre de l'accord d'association avec l'Union européenne, un projet de jumelage qui comprend un certain nombre d'axes d'interventions dont le domaine législatif par l'harmonisation des règlements tunisiens avec ceux européens. Il s'agit également de lancer une assistance technique pour le développement d'un système national de métrologie en tenant compte de nos priorités nationales et économiques mais également de celles de notre société», a souligné, pour sa part, Mourad Ben Hassine, DG de l'Agence nationale de métrologie, créée dans le cadre du programme présidentiel 2004/2010. Opérationnelle depuis janvier 2009, l'Agence est la garante d'un système national de métrologie. Le séminaire avait pour but de situer le «benchmarking» en tant que méthode de management. «L'épistémologie, qui fait référence à l'histoire des sciences, nous a montré que le progrès est bien souvent indissociable de la mesure. Comment évoluer sans point de référence ? Quels objectifs fixer si l'on ne sait pas d'où l'on part ?», s'interrogent les organisateurs qui poussent leurs réflexions à vouloir déterminer l'écart qui les sépare des meilleurs dans le domaine de la métrologie et voulant identifier le potentiel d'amélioration existant sur une base bien réelle. Le projet de jumelage prévoit le renforcement des capacités institutionnelles de l'Administration tunisienne, principalement l'Agence nationale de la métrologie (ANM) et les structures intervenant dans le domaine de la métrologie, afin de promouvoir et consolider le système national de métrologie et l'infrastructure y afférente, ainsi qu'une meilleure contribution scientifique et technique au réseau international de métrologie. Intérêts financiers considérables Les intérêts financiers considérables liés aux transactions sur la base de pesée ou de comptage ont incité certains Etats à assurer un rôle actif dans la surveillance des activités qui nécessitent les techniques de la métrologie. «Les études montrent que les sommes dépensées pour les activités métrologiques atteignent 83 billions d'euros chaque année, ce qui représente 1% du produit intérieur brut de l'UE. Ces dépenses génèrent cependant près de 230 billions d' de bénéfices directs estimés, ou en d'autres termes 3 récoltés pour chaque dépensé», a précisé le secrétaire d'Etat à la clôture du séminaire. L'adhésion de la Tunisie à une économie de marché et son ouverture sur le monde expliquent l'importance accordée aux différentes composantes de son infrastructure qualité dont la métrologie. «Les organes en charge de la métrologie doivent jouer un rôle déterminant dans l'accompagnement des entreprises, en tant que stimulus dans le développement de la recherche pour tout ce qui touche aux aspects de mesures mais aussi pour contribuer à protéger les intérêts des consommateurs sujets à l'utilisation des instruments de mesure», explique M. Ben Hassine. La métrologie légale représente la forme moderne de contrôle des poids et mesures. C'est l'activité par laquelle l'Etat décide d'intervenir par voie réglementaire sur certaines catégories d'instruments de mesure utilisés pour les transactions commerciales ou certaines opérations de mesure touchant aux domaines de la santé, de la sécurité ou de la protection de l'environnement. Le consommateur et la qualité de vie sont au centre des préoccupations de tous ceux chargés de la fiabilité des instruments de mesure. «A titre d'exemple, vous remplissez le réservoir de votre voiture dans une station d'essence, vous voulez être sûr que la pompe de distribution d'essence est fiable et que la quantité de carburant qui vous a été livrée est la bonne. Nous pouvons également citer les thermomètres médicaux pour le diagnostic médical, les compteurs domestiques d'eau, de gaz et d'électricité ou encore les balances pour les entreprises. Avoir des instruments de mesures fiables renforce la compétitivité des entreprises et plaide pour une confiance accrue de la part des consommateurs dans leurs fournisseurs au quotidien. La Métrologie intervient pour réguler l'infrastructure qualité et prévenir les fraudes», explique le DG de l'Agence nationale de la métrologie. Tout ceci revient à dire que la métrologie touche pratiquement toutes les activités économiques et sociales, «un secteur transversal». Elle encourage également la démarche qualité des PME en leur permettant de produire des biens et services conformes aux exigences techniques et normatives internationales, ce qui les place sur un niveau de compétitivité égal à leurs homologues dans le monde. Elle permet aux industries de disposer d'instruments adoptés à leurs besoins. Pour l'histoire, un exemple éloquent, celui de la disparition, il y a quelques années, d'une navette spatiale de la NASA à cause d'un problème de métrologie, assure Mourad Ben Hassine. «Avec elle, des billions de $ ont disparu ».