Selon nos informations, le prix du carburant sera ajusté en 2011. Les pouvoirs publics expliquent cette augmentation par deux facteurs : l'accroissement du cours mondial du pétrole, et son corollaire, l'augmentation du prix du baril de pétrole sur la base duquel a été calculé le budget économique pour le prochain exercice. Le prix retenu est de l'ordre de 83 dollars contre 52 dollars en 2010. Il va de soi que cette majoration aura des incidences sur le coût de la compensation des carburants lequel passera à 567 MDT. La Tunisie n'étant pas hélas dans une logique de vérité des prix. Elle ne peut qu'ajuster, voire rééquilibrer un tant soit peu, mais elle est loin de pouvoir activer un système d'indexation du prix à la pompe au cours mondial. Néanmoins, si on recoupe cette information avec des déclarations antérieures, fussent-elles générales, on se rend compte que cet ajustement était, le moins qu'on puisse dire, prévisible. Deux éléments militent en faveur de cette thèse: les déclarations du gouvernement et le cadre général de la politique d'ajustement. S'agissant du premier élément, le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, avait annoncé la couleur en plaidant, au mois de juillet 2010, pour une maîtrise du déficit budgétaire et des dépenses sociales dont la compensation. M. Ghannouchi, qui intervenait devant le Parlement à l'occasion du débat sur le XIIème plan (2010-2014), avait déclaré qu'au-delà, du montant fixé pour la compensation (1.500 MDT par an) et d'un déficit budgétaire de l'ordre de 2,7%, il n'est pas exclu que le gouvernement procède à de légers ajustements des prix. Le message officiel est clair: au-delà des seuils fixés (1,5 milliard pour la compensation en 2011), les contribuables devront mettre la main dans la poche pour contribuer à cet effort de solidarité qu'exige la compensation. Faute de quoi, l'effort de développement du pays, de création d'emploi et de modernisation de l'infrastructure sera compromis. Concernant le deuxième élément, l'ajustement du prix du carburant s'inscrit dans le cadre du système de régulation mis en place depuis janvier 2009. Ce système se base sur l'ajustement des prix intérieurs des produits pétroliers, à la hausse ou à la baisse, avec des niveaux modérés, chaque fois que l'écart entre le prix du pétrole sur le marché international et le prix d'équilibre de référence atteint 10 dollars par baril au moins sur une période de trois mois successifs. Deux applications de ce système de régulation ont eu lieu à deux reprises. Une première fois en janvier 2009. Elle a abouti à une baisse des prix des produits pétroliers sur le marché local. Une deuxième fois en février 2010. Celle-ci s'est traduite par une augmentation des prix du carburant. Le département en charge de l'énergie a expliqué cette augmentation en se référant à ce système de régulation. Selon ce département, depuis janvier 2009, les prix du pétrole sur le marché international ont connu une augmentation dépassant le seuil de 10 dollars pour atteindre une moyenne de 74,5 dollars le baril du Brent, au cours du dernier trimestre 2009, ce qui a engendré un écart de 22,5 dollars par rapport au prix de référence fixé à 52 dollars le baril. Il avait alors ajouté que l'ajustement de 2010 ne couvrait qu'une partie du coût de l'énergie. En effet, le prix d'équilibre de référence s'établit désormais à 60 dollars, soit un niveau inférieur de 15 dollars aux prix actuels du marché international. Rappelons que, depuis 2004, le prix des carburants a augmenté, au moins à dix reprises. Seulement ces ajustements n'ont pas pu, jusque-là couvrir les coûts financiers supplémentaires générés par la flambée du prix du brut à l'échelle internationale. Avec le retour de ce feuilleton cauchemardesque des ajustements du prix du carburant, certaines zones d'ombre méritent d'être éclairées. Ainsi, le consommateur a droit de savoir, au moins, pour combien la Tunisie achète-t-elle son pétrole à l'étranger? Au prix international, moins, plus ? On ne le sait pas trop. Pourtant, une simple explication en ce sens est à même de lui permettre de comprendre pourquoi, contrairement à ce qui se passe en Europe, en Tunisie la baisse du prix des hydrocarbures au niveau international n'entraîne pas forcément une baisse à la pompe.