Suite à l'article publié dans nos colonnes jeudi dernier, intitulé « Sihem Ben Sedrine minimise le rôle de Bourguiba dans l'émancipation des Tunisiennes », nous avons reçu le droit de réponse suivant de la part de Sihem Ben Sedrine. Nous le publions en intégralité, notre réponse suit. 1. Votre vidéo de référence est extraite d'une longue interview accordée le 2 mars courant. Sa diffusion tronquée à la veille du 8 mars vise à m'aligner sur des positions partisanes qui n'ont jamais et qui ne seront jamais les miennes. Sans remonter à ma tribune du 13 août 2012 où j'ai appelé à poursuivre en justice la remise en cause du CSP, le rédacteur anonyme de votre article aurait dû s'informer (règle de base de l'écriture journalistique) et faire référence à ma dernière tribune sur la misogynie d'Etat du 3 mars 2013 dans laquelle j'ai interpellé le Président de la république concernant l'infamie infligée à Mme Ladgham, Chargée d'affaires à Helsinki. 2. Même sortie de son contexte, mon analyse est tout à fait conforme à la position du mouvement féministe indépendant en Tunisie, né en 1979 au club Tahar Haddad, qui estimait et estime toujours que les droits des femmes ne sont pas un cadeau d'un homme – fut-il le plus éminent- mais le fruit d'un mouvement réformateur dans un pays réceptif à ces réformes par ses traditions ; eh oui, la Tunisie a des traditions ! 3. Votre référence à la prise de position de M. Fethi Ben Slama ne peut que susciter l'indignation devant l'aveuglement de certains intellectuels, dont le silence douteux du temps de la dictature n'a d'équivalent que leurs vociférations actuelles réduisant le débat public à l'invective plébéienne. Je ne saurais conseiller à M. Ben Slama, psychanalyste, d'éviter les mauvais transferts et d'aller au plus vite faire sa thérapie de contrôle. Je peux en revanche l'informer qu'il sera appelé dans les prochains jours à assumer ses lubies facebookiennes devant la justice. 4. Quant aux insinuations répétées sur Radio Kalima et sa supposée inféodation à ses actionnaires, ils font sourire les 60 collaborateurs qui ont été partie prenante de notre charte et qui stipule « Les actionnaires de Kalima s'engagent à garantir son indépendance économique au sens de la présente Charte, mais se gardent d'intervenir dans les choix éditoriaux et le traitement de l'information. Les actionnaires proclament leur attachement à son indépendance éditoriale et s'engagent à respecter la présente Charte. » Et nous sommes fiers d'avoir été précurseurs dans l'autorégulation des médias et que nos actionnaires ont souscrit à ces principes. Nous serons encore plus heureux si tous les médias, et surtout ceux laissés en héritage par la dictature, faisaient de même. Sihem Bensedrine Réponse de Business News Sur le 1er point, notre article (qui n'est pas anonyme) reprend l'extrait d'une vidéo circulant sur FB, suffisamment longue pour qu'elle soit expressive. Nos lecteurs, et nous-mêmes, connaissons parfaitement les positions partisanes de Mme Ben Sedrine, qui ont le chic de changer au gré du vent et des intérêts du moment. Sur le 2ème point, la Tunisie a, en effet, des traditions. Nous les connaissons, tout comme nos lecteurs, tout comme ceux qui étaient devant une clinique à Ennasr un certain 6 février. Nous connaissons ces traditions, à l'instar de tous les Tunisiens qui ont suffisamment de dignité et d'honneur pour ne jamais se vendre aux étrangers, en dépit de la peur et de la terreur dans lesquels ils vivaient ! Sur le 3ème point, nous pensons sincèrement que Pr Fethi Ben Slama a commis une grosse erreur en s'intéressant à un pareil sujet. Être trainé en justice par SBS sera un honneur pour lui, bien qu'il n'ait nullement besoin de cette reconnaissance, lui qui enseigne la psychanalyse dans l'une des plus réputées universités parisiennes. Habib Khedhr traine la sœur en justice, SBS traine le frère, la famille Ben Slama n'en sera que grandie. Sur le 4ème point, nos lecteurs ne seront certainement pas trompés par le chiffre de 60 collaborateurs à Kalima. Ceux qui ont quitté cette radio ces dernières semaines n'ont pas la langue dans la poche, tout comme ceux qui sont actuellement payés des clopinettes et qui n'ont pas vraiment envie de sourire. La CNSS serait ravie d'apprendre ce chiffre en tout cas… Quant à la charte qui stipule l'indépendance de l'actionnariat de Kalima de sa rédaction, elle ne nous fait pas sourire, elle nous fait éclater de rire. Son actionnaire principal n'est pas né de la dernière pluie, il est loin, très loin, d'être naïf. C'est un véritable homme d'affaires qui a bien fait son beurre sous (et grâce en partie) à Ben Ali et, maintenant, sous Marzouki. Loin d'être inculte, il a certainement une idée sur qui est Pierre Bergé et il ne tardera pas à savoir qui est vraiment SBS...