L'Assemblée des représentants du peuple a annoncé le report de la séance, prévue pour demain, consacrée au vote de confiance sur le gouvernement Essid, à une date ultérieure. Cela permettra au chef du gouvernement désigné d'avoir un délai supplémentaire de quelques jours, jusqu'à vendredi prochain tout au plus, pour réviser sa copie et renégocier la composition de son gouvernement avec les différents et nombreux partis politiques récalcitrants. Pour l'heure, ces partis sont Ennahdha et le Front populaire qui se retrouvent bizarrement dans une même position et dans un remake sinistre d'un certain 18 octobre. Pour Ennahdha, son refus d'accorder sa confiance au gouvernement Essid sonne comme une manœuvre pour éloigner les soupçons quant à son implication directe ou indirecte dans ce gouvernement. Le mobile régionaliste invoqué par le chef du groupe parlementaire du parti islamiste est d'une démagogie évidente qui renforce les soupçons au lieu de les dissiper. Quant au Front populaire, sa position reste prévisible même si la composition du gouvernement répond aux premières exigences du Front. En effet, les islamistes semblent être absents de ce gouvernement et aucune figure emblématique de l'ancien régime n'y figure. Seulement le Front est dans l'incapacité aujourd'hui de prendre une position politique négociée et seul le statuquo lui permet d'assurer un semblant de cohésion interne, en attendant des jours meilleurs et une meilleure restructuration. Le parti Afek et le parti Moubadara, eux aussi refusant d'accorder leur confiance au gouvernement Essid, entendent marquer leur réprobation quant à leur mise à l'écart, au profit de l'UPL qui se trouve à l'état actuel des choses, le principal gagnant dans l'affaire. En effet, les partis Moubadara et Afek estiment, non sans raison, qu'ils ont une assise populaire et sociale plus importante que l'UPL jugé par beaucoup comme un usurpateur et un intrus qui a beaucoup à faire avant d'intégrer définitivement le paysage politique national. D'ailleurs, l'un des maux de tête du chef du gouvernement désigné provient des représentants de l'UPL au sein de son gouvernement accueillis tièdement par les partis politiques et l'opinion publique. Parmi eux, le candidat au ministère du tourisme trouve une opposition farouche de la part des professionnels du secteur et son nom a été associé à des affaires présumées de malversation. Le concernant, Essid semble ouvert au dialogue et pourrait donc se départir de ce candidat gênant. Le tout est de s'assurer de la préservation de cette alliance fragile avec un UPL trop opportuniste, trop gourmand et conscient de l'importance de sa présence au sein du gouvernement. Mais le problème le plus sérieux pour ce gouvernement concerne le candidat au ministère de l'Intérieur, Nejem Gharsalli soupçonné d'être un nahdhaoui infiltré. Heureusement pour lui et pour son mentor Habib Essid, il vient d'être disculpé de cette accusation par un communiqué virulent de l'Association des magistrats tunisiens. Dans ce communiqué, l'AMT accuse clairement Nejem Gharsalli d'avoir été à la solde de l'ancien régime et d'agir contre l'AMT. Ce qui est sûr, c'est que l'actuel candidat au ministère de l'Intérieur avait de très mauvais rapports avec l'ancien membre de l'AMT, Mme Bahria, nommée à l'époque d'une manière abusive et disciplinaire au tribunal de Kasserine qu'il présidait. Toutes ces critiques ne semblent pas inquiéter toutefois le chef du gouvernement désigné qui continue à soutenir farouchement son candidat et très probablement son ami. A ses interlocuteurs, il affirme qu'il a besoin d'un homme droit, ferme et de confiance au ministère de l'Intérieur et que son candidat détient toutes ces qualités. Sauf retournement grave de la situation, on voit mal le prochain chef du gouvernement fléchir sur ce point. Le tout est de connaitre comment arrivera-t-il à adoucir les positions des partis politiques réfractaires afin de garantir à son gouvernement une majorité même relative lors du vote de confiance à l'ARP.