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Les Marocains sont des hypocrites, tout comme les Tunisiens, tout comme les Arabes
Publié dans Business News le 10 - 06 - 2019

Ça ne devait être qu'un match de football, un simple match de foot durant lequel on teste, essentiellement, la sportivité des uns et des autres. Mais voilà, à cause de malheureuses erreurs d'arbitrage, ce sont deux nations qui s'entredéchirent sur les réseaux sociaux. On a dépassé les accrochages entre joueurs et entre équipes, on assiste maintenant, à cause de malheureuses phrases prononcées ici et là, à des accusations blessantes entre peuples. Il n'est pas exclu, pour des raisons purement électoralistes, que l'on arrive à une politisation de l'affaire et à des incidents diplomatiques. Et, finalement, pourquoi pas ? Si cela met un terme à une hypocrisie qui dure depuis des décennies, une bonne guerre (durant laquelle on laissera tous des plumes) permettra de remettre les choses à plat et de tout recommencer à nouveau sur des bases solides et moins hypocrites. Regardez comment la France et l'Allemagne sont devenues après 45 !
Les faits. L'histoire commence le vendredi 24 mai à Casablanca. L'Espérance sportive de Tunis, le plus mythique des clubs tunisiens qui fête son centenaire cette année, sort avec un « 1 à 1 » très précieux face au Wydad de Casablanca en finale aller de la Ligue des champions de la Caf. Les Marocains sont amers, très amers. Ils évitent le pire, certes, mais ils s'estiment victimes d'erreurs d'arbitrages flagrantes. L'arbitre égyptien a d'ailleurs été sanctionné la semaine même par la Caf. Expulsion de leur capitaine à la 49', un but et un pénalty refusés à cause (ou grâce) à l'assistance vidéo (Var).
Vendredi 31 mai, à Tunis, le match retour est encore plus riche en rebondissements et erreurs supposées d'arbitrages. Les Marocains décident de quitter la pelouse après l'invalidation de leur but à la 60', pour un vraisemblable hors-jeu. Ils exigent et n'obtiennent pas le visionnage du Var. Ce dernier était tout simplement hors-service ! L'Espérance est sacrée championne d'Afrique pour la deuxième fois consécutive au bout d'une heure trente de palabres.
L'affaire aurait pu (aurait dû) s'arrêter là, mais les Marocains voyaient les choses autrement. Ils s'estiment (probablement à raison) victimes d'erreurs d'arbitrages répétées et soupçonnent les Tunisiens d'avoir corrompu les arbitres (ce qui est probablement faux). Bien qu'ils aient accepté avant le match de jouer sans assistance vidéo (pour cause de panne de matériel), ils ont engagé des procédures de contestation. Après avoir annoncé que l'Espérance était victorieuse, la Caf se rétracte et annonce le 5 juin que le match sera rejoué. Parmi les raisons invoquées, le manque de sécurité dans les stades tunisiens ! A partir de là, on commence à quitter la scène sportive pour en faire une histoire d'honneur national. L'affaire ne concerne plus l'Espérance sportive de Tunis et ses millions de fans, elle touche désormais la nation entière et l'image de tout un pays. Les Tunisiens ont entamé un recours et le chef du gouvernement s'est personnellement engagé à défendre le dossier espérantiste. Suffisant pour que tout le monde s'enflamme sur les nouveaux terrains de guerre, où tout le monde attaque tout le monde en toute impunité, que sont les réseaux sociaux, principalement Twitter et Facebook. Tunisiens et Marocains sont à nu ! Dommage ou heureusement ? L'avenir nous le dira !

Officiellement parlant, et avec cette belle langue de bois soigneusement entretenue depuis plusieurs décennies, la Tunisie et le Maroc sont des pays frères que tout unit. Toujours en toute langue de bois, Tunisiens et Marocains s'aiment à merveille et ne rêvent que d'unité (comme les Européens), mais ce sont les politiques qui n'ont rien compris à la volonté des peuples et qui ne veulent pas nous unir. Vous connaissez certainement le discours mieux que moi, tous les politiques et tous les médias le répètent à chaque fois qu'il y a des rencontres politiques, économiques, sportives ou culturelles entre des représentants des deux pays.
Concrètement, Tunisiens et Marocains ne sont ni frères, ni même amis. Nous ne sommes que deux pays concurrents qui ne ratent aucune occasion pour s'envoyer des peaux de banane et piquer des marchés l'un à l'autre. Qu'est-ce qui nous unit et nous « fraternise » finalement à l'exception de ces deux colonisateurs communs qui nous ont imposé, dans notre quotidien, leurs langues arabe et française, la religion musulmane et leur culture ? C'est déjà beaucoup, vous direz ? Possible, mais la réalité du terrain telle que nous la vivons dément amplement cette fraternité. Dans l'Histoire, on ne connait pas de mariages entre dignitaires tunisiens et marocains, un peu comme les princes d'Europe se mariaient avec des princesses appartenant à de grandes dynasties européennes.
Plus proche dans l'Histoire, Feu Hassan II n'a pas toujours été en odeur de sainteté avec Habib Bourguiba qu'il regardait de haut. Habib Bourguiba, grand militant et politicien, avait tout simplement du mépris aux royautés et à cette succession au trône obtenue sans mérite par le seul et unique lien de sang. Idem pour Zine El Abidine Ben Ali qui n'a jamais regardé d'un bon œil son fils Mohammed VI. L'ancien président tunisien sait parfaitement que les Marocains sont des concurrents et adversaires et a toujours œuvré pour que les décisions annoncées en grande pompe dans les rares réunions mixtes restent lettre morte. Des accords économiques et commerciaux, il y en avait des dizaines, voire des centaines, mais la Tunisie, tout comme le Maroc, ont toujours privilégié la France et l'Europe à qui ils offraient (et offrent encore) des faveurs politiques et avantages économiques nettement plus généreux que ceux qu'ils s'offrent mutuellement.

Après la révolution, les choses auraient pu se régler avec un Moncef Marzouki fou amoureux du Maroc où ses ancêtres sont enterrés et où vit encore sa famille. Son euphorie enfantine n'est cependant pas capable d'affronter la réalité du terrain et ne saurait dépasser les salamalecs et décorations de palais.
Concrètement sur terrain, le phosphate tunisien a été tué par son concurrent marocain. Toutes les embrouilles et grèves observées dans les mines tunisiennes de phosphate ne sont pas nées des seules revendications tuniso-tunisiennes, certaines d'entre elles ont été créées de toutes pièces et soigneusement entretenues par des lobbys marocains, si l'on se tient aux propos, off-the-record, de plusieurs de nos politiciens que ce soit de la troïka ou d'après.
Concrètement sur terrain, le tourisme tunisien a été lynché par son concurrent marocain. Allez demander à n'importe quel hôtelier tunisien quels sont les coups qui lui ont été portés par ses homologues marocains !
Concrètement sur terrain, le Maroc ne pouvait pas voir d'un bon œil la révolution tunisienne (tout comme la majorité des pays arabes) qui fait qu'un peuple puisse dégager ses gouvernants. Dans un pays où le Roi héritier est encore tout puissant et son « Makhzen » tient l'essentiel de l'économie d'un pays, la démocratie va devoir attendre, le népotisme a encore de beaux jours devant lui.
Quand nous subissions les affres du terrorisme, les Tunisiens étaient considérés comme des pestes quand ils arrivaient à l'aéroport Mohammed V et devaient subir l'humiliation d'une longue file d'attente spécialement créée pour eux et pour eux uniquement.

Concrètement sur terrain, qu'aurait-on fait, nous autres Tunisiens, si c'était l'inverse ? S'il y avait eu une révolution au Maroc, nos industriels du phosphate n'auraient-ils pas, eux aussi, cherché à piquer quelques parts de marché à nos « frères » marocains ? Idem pour nos hôteliers et ils le font déjà.
Pourquoi nos concessionnaires automobiles préfèrent acheter leurs voitures en Europe et en Asie plutôt que dans les usines flambant neuves de Kenitra ou Tanger ?
Peut-on oublier tous les cadavres que nous avons cachés dans les placards de la Banque du Sud avant de la vendre aux Marocains ? Les pauvres ont dû réviser tout leur business plan pour oublier leurs dividendes et remettre à flot cette banque donnée pour morte et devenue, avec son nouveau nom Attijari Bank et grâce aux Marocains, la deuxième meilleure banque en Tunisie ?
Et si c'était l'Espérance sportive de Tunis qui a été victime d'erreurs d'arbitrage à l'aller et au retour et subi de telles humiliations devant son public ? Vous pensez sérieusement que les Sang et Or se seraient arrêtés là pour accepter une défaite sans entamer un recours auprès de la Caf ?! Allons donc !

La réalité du terrain est amère, mais les choses sont ainsi faites. Les Marocains n'ont jamais été tendres à notre égard et la réciproque est vraie. Ils nous ont fait de sales coups et nous leur en avons fait aussi. Les discours populistes des Marzouki and co et des médias qui disent que les peuples s'aiment et que les deux pays sont frères, sont faux, totalement faux ! C'est d'ailleurs le même discours engagé entre tous les pays arabes et il n'y a pas plus hypocrite que cette fraternité arabe ?! De quelle fraternité parle-t-on entre pays qui s'imposent des visas et qui ont des barrières douanières dignes des années 60-70 ? Les peuples ? C'est la meilleure blague, car les peuples se méprisent largement entre eux. Ceux du Golfe nous considèrent comme de pauvres mendiants mécréants indignes d'être arabes. Nos meilleures blagues humoristiques sont portées sur les Libyens. Ce langage de fraternité n'est même pas valable entre nous Tunisiens où les gens de l'Intérieur jalousent ceux des côtes et où les gens de la capitale considèrent les provinciaux comme étant « men wra el blayek ». Un Sfaxien digne de ce nom refuse catégoriquement que sa fille épouse un autre que Sfaxien et il est hors de question qu'un Tunisois se marie avec une originaire du « 08 » qui parle avec le « gué ». Voilà notre réalité du terrain bien différente des discours fraternels mielleux.
De la langue de bois, de la pure langue de bois ! La France et l'Allemagne ont eu des guerres entre elles et ont fini par signer la paix des braves. Les deux pays sont devenus les locomotives de l'Europe et les moteurs de sa construction moins de cinq ans après la guerre, suite à la signature en mai 1950 du projet de constitution de la Communauté européenne du Charbon et de l'acier. En dépit de cette très profonde amitié franco-allemande, les deux pays ne parlent jamais de fraternité. Les deux pays font du business, point. Et en business, il n'y a point de place à la fraternité.
La Tunisie et le Maroc ne font pas du business, ils font de la langue de bois. Leur relation est identique aux relations qu'ils entretiennent avec le reste des pays arabes. De belles phrases prononcées devant les journalistes, mais totalement déconnectées de la réalité du terrain, car ni les pays ni leurs peuples ne sont frères. Les Arabes ne font ni du tourisme, ni du shopping chez les Tunisiens (ni les Marocains), ils le font en Europe, en Asie et en Amérique. Dans un supermarché tunisien, vous préférez systématiquement un produit venu d'Europe à un produit venu des Emirats ou du Sultanat d'Oman, même s'il est plus cher. La fraternité arabe ? Un mirage soigneusement entretenu par quelques nationalistes idylliques qui n'ont rien trouvé de mieux à faire que de se mentir et de nous mentir en mythifiant à souhait notre appartenance à l'identité de nos envahisseurs d'antan. Nous ne sommes pas frères avec les Arabes, nous ne le sommes même pas avec les Maghrébins, ni même avec les Marocains, ni même entre nous Tunisiens !
Commençons par appeler les choses par leur nom, regardons notre réalité « réelle » en face, on pourrait (peut-être) avancer ensuite !


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