INFOTUNISIE - Depuis son plus jeune âge elle éprouvait un penchant pour le « Malouf » (musique classique tunisienne). Et c'est à Sfax, sa ville natale, que sa passion n'avait jamais battu de l'aile. A l'âge de neuf ans, Sonia Mbarek, car il s'agit bien d'elle, a monté la scène du théâtre. Trois ans après, elle s'est confirmée comme étant une révélation artistique de l'époque en interprétant la chanson « Ahkili aliha ya baba » (Parle-moi d'elle papa) en duo avec le chanteur Adnen Chaouachi. Aujourd'hui, qu'elle est enseignante à l'Institut supérieur de musique, elle poursuit ses œuvres au service d'une musique tunisienne raffinée et nourricière de fins sens et esprits. Elle a été élue artiste de l'année à l'occasion du festival de la chanson tunisienne en 1986, comme il lui a été décerné l'insigne du mérite culturel en 1994, 2002 et 2007. Tout au plus, elle a à son compte divers albums ayant marqué la scène artistique, sachant qu'elle a chanté à la maison de l'Opéra en Egypte, à Radio France, outre sa collaboration avec le musicien irakien Nacir Chamma. Bref, c'est plus qu'une chanteuse. Une créatrice qui ne cesse de réfléchir sur l'art et sa vraie mission. En s'intéressant à son nouveau spectacle sur le poète espagnol Garcia Lorca prévu pour le 19 janvier au théâtre municipal de Tunis, elle a bien voulu répondre aux questions d'INFOTUNISIE : Si vous nous parliez de l'idée matrice de votre nouveau spectacle sur l'illustre poète espagnol Garcia Lorca ? L'idée remonte à un petit quelque temps, lors d'une expérience à l'occasion du Festival de Carthage. Il s'agit du spectacle « voyage dans la Méditerranée », où j'ai sélectionné des textes écrits par des poètes de renom dont Garcia Lorca à travers son poème « Les trois fleuves ». Cette fois-ci, l'initiative a été prise par l'Ambassade d'Espagne en Tunisie qui m'a proposé de consacrer un spectacle à ce grand poète épris d'admiration pour la civilisation arabo-islamique et de profond amour à l'héritage andalous. Le spectacle vient aussi en consécration du dialogue des civilisations méditerranéennes pour faire de la musique une langue d'échange irrévocable entre l'Orient et l'Occident. Quelles sont les principales composantes de ce spectacle et allez vous vous contentez des poèmes de Garcia Lorca ? Il y a quelque temps, que je travaille avec une équipe tunisienne à la conception et la réalisation de cet hommage au poète espagnol. D'ailleurs, il s'agit d'une première vu qu'aucun des textes de Lorca n'a été interprété par une voix arabe. Ceci dit j'essaye de mieux faire connaître ce poète dans le monde arabe. Quant au contenu du spectacle, il repose sur plusieurs symboles et messages étant donné que le poète est natif de la ville de Grenade, dernier foyer des Andalous. Le spectacle est, ainsi, constitué de trois chapitres. Le premier s'articule autour de ce que pensent les poètes arabes de Garcia Lorca. Le second, concerne l'interprétation de certains de ses textes traduits en arabe tels que « la guitare », et «gazella de l'amour centenaire » entre autres. Alors que le troisième chapitre consiste en une valorisation des chansons populaires que je vais interpréter en espagnol comme « Nana de Sevilla» et «Nel cafe del cheetahs». Je suis intensément ravie par la musicalité régissant ces chansons. C'est pourquoi je leur consacre prés de dix minutes du spectacle. Etant un poète, musicien, compositeur et comédien, quelle est la spécificité des poèmes de Lorca une fois chantés ? Ma découverte de la tonalité tragique dans les poèmes de Lorca est la résultante de 6 mois de recherche partant d'une série d'émissions télévisées élaborées par l'homme de culture et figure médiatique tunisienne, Fradj Chouchène, pour le compte d'une chaine TV espagnole. A travers la musique et la poésie, j'ai détecté une similarité remarquable entre l'Andalousie et le Monde arabe d'aujourd'hui notamment entre «Al ahaât » et « al amanat» pour ce qui est « malouf » et « Al Layaly » dans la musique arabe. S'agissant de mon spectacle, il sera marqué par des chansons dominées par le mode « kordi » outre la présence relative d'autres modes comme «al hijaz » et « al isbaâyn ». Les spectacles de Sonia Mbarek, dans les dernières années, ont dévoilé un certain approfondissement musical et une recherche tournant autour d'une certaine vision artistique cohérente: avec quel rythme vous allez continuez sur cette voie ? Depuis l'an 2000, j'œuvre à renforcer ma présence sur la scène en tant que créatrice et productrice à travers une série de spectacles partant de « Men ahla al achaâr » (meilleures poèmes) qui comporte des poèmes de Jaâfar Majed, Mnaouar Smadah, et Jamila Mejri… Depuis 2003, j'ai présenté «Tir al minyar» en 2003, «Roumansiet» en 2005 et «un voyage dans la méditerranée» en 2006, outre une série de spectacles en 2008, y compris un travail sur le rapport traduction/musique… Quant à mes perspectives pour l'étape à venir, force est de savoir que je suis entrain de préparer de nouveaux projets ayant trait au théâtre musical en collaboration avec les poètes Khaled Oueghlani et Jamila Majri autour du personnage de «Arwa», la kairouanaise, épouse du khalife abbaside Abou Jaâfar Al Mansour.