L'auteur du drame était également connu pour être un musulman pratiquant. Alors ? L'on sait que les autorités officielles persistent, jusqu'à présent, à affirmer que la dernière tuerie perpétrée dans la caserne militaire de Bouchoucha ne revêt aucun caractère terroriste, s'agissant plutôt d'un «acte isolé œuvre d'un officier souffrant probablement de troubles psychologiques consécutifs à des ennuis familiaux». Il est donc bien écrit «probablement», ce qui prouve qu'on n'est ni affirmatif ni catégorique là-dessus. Cela laisse la porte ouverte à toutes les hypothèses, y compris justement celle de connotation terroriste. Et, ma foi, par les temps qui courent, tout est possible. En attendant la conclusion de l'enquête diligentée par le ministère de la Défense pour déterminer les réelles motivations de ce carnage de triste mémoire, il est bon d'épiloguer sur certains détails troublants relatifs à cette affaire. Premièrement, il est communément admis qu'il est rare, vraiment très rare, de voir un soldat ou un policier tirer sur ses camarades au seul motif de l'existence de problèmes familiaux. De tradition, soutiennent psychologues et psychiatres, l'intéressé, dans le désespoir, opte généralement pour le suicide. Un acte d'ailleurs courant un peu partout dans le monde, avec notamment des exemples saillants enregistrés en Afghanistan, en Israël, en Egypte, au Japon, en Jordanie et même aux Etats-Unis. Çà et là, seul l'auteur de l'acte est passé de vie à trépas. Deuxièmement, le triste acteur du drame de Bouchoucha, le caporal-chef Mehdi Jemaï, était devenu, ces derniers temps, un homme pieux qui fréquentait les mosquées. Et cela des aveux mêmes de ses amis et de son épouse, celle-ci allant même jusqu'à révéler qu'il aurait développé un penchant pour... Daech. Et dire que ce réseau jihadiste est passé maître en matière d'endoctrinement et de lavage de cerveau... en un temps record ! Troisièmement, il a été bel et bien vérifié, de par le monde, que les organisations terroristes ont, entre autres tactiques diaboliques et machiavéliques, cette tendance à infiltrer les corps de l'armée et des forces de sécurité intérieure, en y plaçant les leurs, à des fins déstabilisatrices (collecte d'informations secrètes et de cartes topographiques des casernes et postes de police et de la Garde nationale, enrôlement de nouveaux sympathisants auprès de ces institutions...). L'Oncle Sam vous le dira Tout cela pour aboutir à la «malheureuse» conclusion que ce qui s'est passé, l'autre jour, à la caserne de Bouchoucha ne devrait pas écarter l'hypothèse d'un acte terroriste. A l'étranger, de toute façon, cette hypothèse est, d'emblée, avancée au premier attentat similaire. Particulièrement aux Etats-Unis où on en a fait l'amère expérience, à plusieurs reprises. D'abord en Afghanistan où l'on a recensé quelque cinq tueries commises par des soldats locaux à la solde d'Al Qaïda et qui ont fait plus de 50 victimes dans les rangs des GI's. En Irak ensuite où les Américains, durant leur occupation de ce pays, ont perdu pas moins de 65 soldats victimes de carnages perpétrés par des soldats et policiers irakiens adeptes du radicalisme religieux. En 2013, et toujours aux USA, un général de l'armée tira à mort sur 45 de ses soldats venus le saluer à son entrée à la caserne. L'enquête a révélé plus tard que ce haut officier de l'armée américaine venait de tomber secrètement sous le charme d'Al Qaïda ! Inutile donc de dire que, quels que soient les résultats de l'enquête sur la tuerie de Bouchoucha, la prévention recommande, obligatoirement, d'être sur le qui-vive dans tous les édifices dépendant des ministères de la Défense et de l'Intérieur où on ne perdrait rien, en vue d'une meilleure efficience, à revoir les systèmes actuels de contrôle, d'inspection et de suivi, afin de couper l'herbe sous les pieds des terroristes. Deux précautions ne valent-elles pas mieux qu'une ?