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Sacré Jaziri !
El Hadhra 2015 au festival international de Carthage
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 07 - 2015

La République n'aurait pas pu être mieux fêtée que par ce spectacle pur-sang tunisien débordant de vie, subjuguant de beauté et de raffinement, où la tunisianité s'exprime dans toute sa splendeur, où le patrimoine échappe à la vision étriquée qu'on lui a toujours assignée, pour s'inscrire dans le contemporain sans aucune fausse note...
Plein comme un œuf, et même plus, le théâtre romain de Carthage l'était samedi dernier ! Un public nombreux et de tous âges a, en effet, consenti le déplacement pour découvrir El Hadhra dans sa toute dernière version. Surprise : en prime, des feux d'artifice en bouquets d'or, étoiles brillantes et gerbes multicolores ont jailli pendant quelques bonnes minutes avant le spectacle pour fêter la République devant l'admiration d'une assistance qui scandait des slogans fustigeant le terrorisme et d'autres à l'honneur de la Nation. Un moment riche en lumières et, surtout, en émotions !
Nous nous attendions, selon des rumeurs qui ont circulé la veille, à ce que le président de la République Béji Caid Essebsi assiste à ce spectacle spécial et spécial 25 juillet. Intox. Ce sont le chef du Gouvernement, Habib Essid, Latifa Lakhdhar, ministre de la Culture, Kamel Jendoubi, ministre chargé des Relations avec la société civile, Slim Chaker, ministre des Finances et plusieurs autres personnalités politiques comme Ridha Belhaj, Moez Sinaoui et bien d'autres qui ont été présents.
Une fête jubilatoire...
Voilà une version encore renouvelée d'El Hadhra de Fadhel Jaziri, le spectacle qui a incontestablement le plus perduré dans l'histoire des arts vivants en Tunisie : Vingt-trois ans d'existence déjà ! Souvent copié, mais jamais égalé.
Cette fois, Jaziri a pallié les défaillances remarquées lors des propositions de 2010 et 2013. Il est vraiment allé au bout de sa démarche de dépassement des modèles conventionnels ébranlant le conservatisme d'un patrimoine très peu perméable sans que cela n'ait heurté pour autant la sensibilité du public. Bien au contraire ! Il a réussi à raccorder des mondes décalés pour les intégrer dans un tout cohérent.
Cette fois, ni bougies, ni encensoirs, ni étendards maraboutiques, ni smat, ni branches de palmiers, ni toute autre forme de représentation sclérosée et désuète du folklore. Le spectacle est plus épuré, plus minimaliste tout en étant «généreux», avec une grande richesse polysémique. La présence féminine est accentuée rompant in extenso avec tous les codes de la tradition confrérique. Comble du paradoxe, c'est justement le profane qui l'emporte désormais à tous les niveaux. El Hadhra est devenue tout simplement une grande fête. Une fête jubilatoire, débordant de vie, où le raffinement est le maître-mot.
Hemlyn à El Hadhra...
La vingtaine de chants liturgiques, interprétés en canon, en chœur, en solo ou en duo, sont caractérisés par une prédominance remarquée des sonorités et des arrangements rock. Les rythmes sont entraînants, les airs se succèdent accrochant un public séduit, en totale communion, voire «en addiction»? Le grand écart entre la musique soufie et la musique occidentale est finalement plus que réussi, grâce, il faut le dire, à l'impressionnante prestation du trio de Hemlyn rock band enrôlé dans El Hadhra. L'interprétation de «Lemdallel» par Ali Jaziri —jouant également au piano et à la guitare électrique— était tout simplement divine ! Les tableaux chorégraphiques conçus par la danseuse-étoile Malek Sebai sont d'une originalité inouïe. Au-delà des mouvements élaborés, l'accent a été mis sur la théâtralisation, la gestuelle et la mimique. Chapeau bas !
Seuls bémols de ce spectacle plein de moments forts : l'interprétation d'«Ellayl zéhi» par Emna Jaziri et la sonorisation qui laissait à désirer, problème que nous avons détecté dans plusieurs spectacles de cette 51e édition du festival.
Au-delà de la création...
Cela a volé haut côté création dans cette nouvelle version d'El Hadhra même si le corpus, la démarche (ou la recette), ou les outils restent presque les mêmes. Nous en sommes conscients. Recyclage, récurrence ou «fonds de commerce» lucratif ? Qu'à cela ne tienne ! Le spectacle reste de haute facture et de grande qualité sur le plan artistique. Tout est y est sublimé, magnifié. Mais le plus important, dans le contexte national actuel si fragile, est qu'il soit fédérateur, qu'il fasse acte de résistance. El Hadhra de Fadhel Jaziri réunit, en effet, la majorité des Tunisiens autour de leur héritage, de leurs symboles, de leur culture et de leur religion communs, mais surtout de leur amour pour leur pays. Il fallait écouter les youyous stridents des femmes, voir les milliers de personnes répéter, à l'unisson dans une communion totale, les chants à l'honneur du Prophète et des Saints de la Tunisie, pour le comprendre. Teintée d'une forte symbolique, El Hadhra de Fadhel Jaziri incarne le Beau contre le Laid, la Fête contre la morosité et la Vie contre la Mort dans une Patrie à laquelle nous tenons tant. Elle reste, comme l'a décrite son créateur, «le domaine enchanté de nos démons dionysiaques et bienveillants, la célébration de nos extases, la configuration de nos passions». Dans tous les cas, El Hadhra 2015 on en redemande ! Tiens, et pourquoi pas une autre représentation au festival international de Carthage ?
Nous ne pouvons pas terminer cet article sans avoir une pieuse pensée pour Omar Jaziri, l'absent-présent, qui nous a quittés tragiquement il y a quelques mois et qui devait jouer avec sa guitare bass dans ce spectacle. Un profond respect et notre grande admiration pour Fadhel Jaziri et Hédia Ben Ammar qui, malgré une douleur certainement inconsolable, continuent à nous offrir des moments inoubliables. El Hadhra 2015, c'est ça aussi !


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