Une musique désormais hybride : populaire avec le son des bendirs et occidentale avec saxophone et autres guitare électrique et piano. El Hadhra de Fadhel Jaziri, avec ses quelque 40 voix drapées de l'habit traditionnel, a assuré l'ouverture, jeudi dernier, de la 35e édition du Festival international de Boukornine devant un public nombreux et déjà conquis. El Hadhra, qui est devenue depuis sa création en 1991 un emblème de la culture soufie tunisienne, et s'inscrivant de ce fait dans notre patrimoine culturel — même si le spectacle a montré des signes de fatigue —, continue à attirer les nostalgiques et à transmettre la fibre joyeuse au public. Sa nouvelle version renouvelle le chant soufi, l'invocation des saints, les louanges et la célébration initiatique avec une forme plutôt épurée, moins flamboyante, comparée aux précédentes. Fadhel Jaziri y met sur scène la mémoire populaire dans le théâtre d'aujourd'hui, en distillant une musique hybride : populaire avec le son des bendirs (bien entendu) et occidentale, conduite par le saxophone et autre guitare électrique et piano. De nouveaux arrangements musicaux pour servir le même répertoire de chants liturgiques, constitué d'anciens textes et interprété par les quelque 40 voix de l'orchestre de Samir Rsaysi, qui ont su embrasser l'esprit transcendant du spectacle. La participation de Hédi Donia continue à enflammer les cœurs. Celle de Karim Chouaieb également : un vétéran de la Hadhra depuis sa première version, qui a interprété A lallah dilali, désormais rentrée dans le répertoire des chansons tunisiennes. La nouvelle version demeure moins flamboyante et spectaculaire que l'originelle, en faisant plus dans l'expérimentation et le souci de modernisation, mais elle a réussi tout de même à séduire le public.