Un spectacle de qualité de ce genre, méconnu malheureusement du grand public, méritait plus d'effort côté communication. Le public du Festival international de Carthage avait rendez-vous dimanche dernier avec Oumou Sangaré, une diva de la chanson africaine.Une voix exceptionnelle, un caractère bien trempé, une distribution détonnante, de l'énergie et beaucoup de bonnes vibrations étaient présents ce soir-là. Le public, lui, ne l'était pas... Faute de communication, les Tunisiens ne se sont pas déplacés en nombre pour profiter de la voix de cette star malienne et de sa musique qui raconte et respire notre continent, l'Afrique. Les gradins étaient quasi vides. On a même convié ceux qui y étaient installés à rejoindre les chaises. Un spectacle de qualité de ce genre, méconnu malheureusement du grand public (au vu de la médiocrité régnante, véhiculée par nos médias audiovisuels), méritait plus d'effort côté communication. Ceux qui se sont quand même déplacés ont assisté à l'un des meilleurs concerts de cette 51e édition du festival. Une vraie artiste En rejoignant la scène et ses musiciens (guitare, guitare-basse, batterie, djembé et une choriste) après un morceau d'ouverture, l'artiste à la voix puissante prie les spectateurs des gradins à rejoindre les chaises. «Descendez s'il vous plaît, que l'on danse ensemble!», a-t-elle demandé. Elle enchaîne avec des morceaux puisés dans le terroir et la tradition de sa région d'origine. La chanteuse est née à Bamako, de parents originaires du Wassoulou, une région historique au Sud du fleuve Niger. Sa mère était la chanteuse Aminata Diakité. Dès son enfance, Oumou Sangaré chante afin d'aider sa mère à nourrir sa famille, son père les ayant abandonnés. A l'âge de 5 ans, elle se fait remarquer par ses talents de chanteuse, en remportant la finale des écoles maternelles de Bamako, et à cette occasion, elle se produit au Stade omnisports devant 3.000 personnes. A 16 ans, elle part en tournée avec le groupe Djoliba percussions. A 18 ans, elle enregistre son premier album Moussoulou qui s'est vendu à plus de 100.000 cassettes en une semaine au Mali. Et grâce à l'artiste Ali Farka Touré , Oumou Sangaré signe ensuite avec le label anglais World Circuit Record. A 21 ans, elle est déjà une star et se produit, depuis, sur les plus grandes scènes du monde (Opéra de Sydney, Central Park, Roskilde festival, festival d'Essaouira, Opéra de la monnaie de Bruxelles et bien d'autres encore). La déferlante Oumou Sangaré «Nous sommes ici pour chanter l'amour et pour bannir la haine», lance-t-elle avant d'entamer son célèbre morceau Ah Ndiya, ce qui ne tarde pas à enflammer certains de ses fans présents.Un morceau offert avec beaucoup d'énergie et une performance vocale époustouflante. Rieuse avec de tchatche et beaucoup de caractère, elle a su tout au long de la soirée communiquer de bonnes ondes aux présents à travers sa voix exceptionnelle et sa musique, bien entendu, mais également avec les parenthèses qu'elle ouvrait pour les entraîner dans son univers à l'énergie contagieuse. «Je remercie le peuple tunisien. c'est un peuple accueillant qui traite bien nos ressortissants», note-t-elle. Oumou Sangaré, qui est connue pour défendre la cause des femmes à travers le monde, n'oublie pas de dédier une chanson à la femme africaine,une chanson pour «magnifier son élégance, elle qui fait tout pour rendre son homme plus fort», lance-t-elle. Après une heure et demie non-stop, elle met le feu pour sa dernière performance avec ses musiciens de talent. «Yala», nous demande-t-elle de fredonner et de danser. Elle prend le temps de nous présenter les artistes qui l'accompagnent et termine en beauté et avec beaucoup de générosité son spectacle. Chapeau bas!