On s'achemine progressivement vers l'entrée en action de la coalition internationale en Libye, une fois la mission accomplie en Syrie et en Irak. Que de frissons pour la Tunisie ! Non, la partie entre le chat et la souris, c'est-à-dire entre la coalition internationale et l'organisation terroriste de Daech, est loin d'être terminée. Elle promet même, pour les jours à venir, des sueurs autrement plus froides pour les deux belligérants et des frissons autrement plus glaciaux pour les pays — dont la Tunisie — situés près des champs de bataille. Pour le moment, la traque est circonscrite à la Syrie et à l'Irak, et ce sont les pays voisins (Turquie, Iran, Libye, Jordanie) qui continuent d'en pâtir, par dégâts collatéraux interposés. Demain, notre pays pourrait en payer les frais, si les menaces d'une intervention de la coalition occidentale en Libye venaient à se confirmer. Or, ces menaces sont devenues, justement, de plus en plus sérieuses, comme en attestent les derniers développements. Jugez-en : – Des bombardiers français ont effectué récemment leur premier vol de reconnaissance dans l'espace aérien libyen. – Poutine a «juré» publiquement de traquer Daech jusqu'en Libye. _ Les drones US ont déjà reçu l'ordre de «s'occuper» de l'espace aérien libyen. – La France, mais aussi les Etats-Unis, l'Angleterre, la Russie et l'Italie ont achevé d'acheminer des forces navales près des eaux territoriales libyennes. – Le président égyptien ne cesse d'appeler à l'urgence d'une intervention militaire internationale en Libye. – L'Algérie a presque quadruplé le nombre de ses soldats massés le long de la frontière avec ce pays. – L'intention de l'homme fort de Daech, Aboubakr Al-Baghdadi, de transférer ses quartiers en Libye, après avoir été acculé dans ses derniers retranchements en Syrie et en Irak, sous le feu nourri des avions de la coalition. – La rapidité avec laquelle Daech gagne du terrain en Libye où il continue d'étendre ses pouvoirs, d'apporter des renforts en hommes et en armes (via le Nigeria, la Turquie, le Soudan...) et de faire main basse sur les richesses du pays. – Des services de renseignements occidentaux ont rapporté, ces jours-ci, que Daech est assis sur un arsenal ultrasophistiqué dont des avions de combat, des fusées de longue portée de fabrication russe, ainsi que des armes... chimiques et bactériologiques. Tunisie : besoin d'une vigilance accrue Face à ce bruit de bottes qui se fait de plus en plus entendre, il va sans dire que la Tunisie est appelée à redoubler de vigilance. Car, au cas où la Libye serait mise à feu et à sang, notre pays connaîtra un afflux d'une ampleur sans précédent sur notre frontière avec ce pays, outre l'infiltration massive sur le territoire tunisien de jihadistes fuyant l'étau de la coalition et l'enfer libyen. Est-on vraiment préparés à ce scénario ? Pourra-t-on tenir tête à une éventuelle fulgurante invasion humaine ? Souffrira-t-on de dégâts collatéraux ? Dès lors, il est urgent de s'y préparer en conséquence, et cela en redoublant de vigilance, en acheminant des renforts supplémentaires (en hommes et en armes) à la frontière, en collaborant plus étroitement avec les pays concernés, tout en autorisant, enfin, les drones américains à survoler notre espace aérien du sud du pays.