Durant ce festival, lorsqu'elle ne peint pas, elle filme les artistes invités, elle enregistre leurs propos pour mieux s'imprégner de leurs cultures et les reporter sur ses toiles de grand format. La nature et la culture se conjuguent, sont intimement liées, dans l'œuvre peinte, dessinée, gravée de Jo Ann Morning. Bien souvent, d'ailleurs, ces techniques — ces mixed médias — se juxtaposent, s'interpénètrent, s'harmonisent. Elles sont liées à cause d'antécédents heureux, survenus, progressivement, dans son parcours d'artiste. Et elles font bon ménage dans ses œuvres foisonnantes depuis. Née à Santa Monica en Californie, en 1950, elle nous dira «Je suis née, je suis apparue dans un verger, une orangeraie baignée de soleil et la mer et la nature pénétrante et les couleurs chatoyantes, les fleurs d'orangers, leur parfum... C'était déjà cela ma Méditerranée, avant que j'atterrisse ici à Hammamet pour y vivre et travailler en toute quiétude». Jo Ann Morning a vécu à San Francisco où elle a étudié aux Beaux-Arts, ensuite à Seattle, et au Mexique avant d'aller vivre et travailler à Paris, puis à Hammamet. Très influencée par les leçons d'Arnold Lesches — encore présentes dans ses peintures et gravures où, la nature et le corps, le nu, sont des thématiques récurrentes importantes, non seulement pour la «réalité» humaine, mais aussi comme genre aussi vieux que l'art lui-même. Cette artiste aura bien retenu aussi, comme dans nos murs, Néjib Belkhodja, Ridha Bettaieb, Mahmoud Sehili, Mostari Chakroun et tant d'autres artistes du Maghreb, d'ailleurs, les leçons de Kandinsky, de Paul Klee ou de Mondrian. Ce lien fragile de la nature humaine avec son propre environnement et, qui , en Tunisie, terre d'accueil de beaucoup d'artistes peintres, graveurs, sculpteurs venus d'ailleurs, comme à l'occasion de ces Journées méditerranéennes, trouve les couleurs et la lumière nécessaires, pour la grande quête de l'imaginaire. Les œuvres de Jo Ann Morning ont été exposées partout aux Etats-Unis et en Europe et elles figurent dans des collections privées. En Tunisie, depuis 2012, sa quête et reconquête des éléments végétaux, minéraux et poétiques n'en finissent pas de s'adonner à de nouvelles expressions artistiques avec notre propre environnement. Elle est heureuse de vivre — enfin !— en Méditerranée. Et durant ce festival, lorsqu'elle ne peint pas, elle filme les artistes invités, elle enregistre leurs propos pour mieux s'imprégner de leurs cultures et les reporter sur ses toiles de grand format. Attendons voir l'une de ses dernières productions à l'occasion de la grande mostra qui s'ouvrira ce vendredi.