Dans la panade générale, Abdennour tente de résister, de surnager, mais il oscille entre ses obligations de confirmation à Valence et les contraintes de son statut en équipe nationale. Depuis son transfert, le 29 août 2015 à Valence pour un contrat de cinq ans, Aymen Abdennour peine encore à progresser et à convaincre. Si le capitaine de l'équipe de Tunisie a le statut d'intouchable en sélection, de star même, il ne jouit pas de la même notoriété dans son club en Espagne. Il a plus de mal à s'imposer. A l'exception de quelques sorties épisodiques au cours desquelles il était accrédité d'une bonne prestation, il n'est plus le titulaire incontesté au sein de la formation de Valence. Il est nécessaire aujourd'hui de comprendre le manque d'impact du joueur tunisien au club espagnol et définir les points sur lesquels il devrait encore progresser à 27 ans. Une question s'impose cependant: Abdennour peut-il vraiment le faire en restant à Valence? Plus encore : peut-il aujourd'hui bénéficier du statut de titulaire à part entière en sélection au moment où l'on commence à parler de certains joueurs de plus en plus décidés à siffler la relève? Si ces observations et ces constats à l'encontre de l'un des meilleurs joueurs du football tunisien peuvent sembler sévères, elles permettent au moins de s'interroger sur ses dispositions actuelles que ses prestations au club espagnol éclipsent. Abdennour a-t-il vraiment atteint son meilleur niveau à Valence? Peut-il encore progresser là où il est aujourd'hui, ou bien doit-il quitter l'Espagne pour franchir un autre cap ? Le parcours de Abdennour dans le professionnalisme est assez révélateur. Le 14 janvier 2010, il signe un accord de prêt de six mois avec le Werder Brême jusqu'à la fin de la saison 2009-2010. Le 8 juin 2011, il opte pour le Toulouse FC après avoir signé un contrat de quatre ans. L'indemnité de transfert est de 450.000 euros, plus 10% lors de la revente du joueur. L'équipe toulousaine réalise un bon début de saison en Ligue 1, le journal L'Equipe précise même qu'Abdennour n'est pas étranger à cette réussite. Ses excellentes performances avec Toulouse, en début d'année 2012, lui valent d'être nominé parmi les trois meilleurs joueurs de Ligue 1 en compagnie d'Eden Hazard, Younès Belhanda et Olivier Giroud. De nombreux clubs européens de premier rang, dont Arsenal, songeraient à le recruter pour le mercato. Finalement, malgré une offre de l'ordre de douze millions d'euros en provenance du FK Spartak Moscou, Abdennour entame une deuxième saison en Ligue 1, allant même jusqu'à prolonger son contrat avec Toulouse. Il réédite ses performances lors de la saison 2012-2013, durant laquelle plusieurs grands noms d'Europe le supervisent au cours de ses matchs disputés. C'est notamment le cas du FC Barcelone qui l'invite à assister au match retour de la Ligue des champions de l'Uefa l'opposant au Milan AC qui était lui aussi prêt à l'enrôler. Le Real Madrid, Liverpool, la Juventus de Turin, ou encore le FK Anji Makhatchkala en Russie, se montrent également intéressés. Le 31 janvier 2014, dans les dernières minutes du mercato hivernal, Abdennour est transféré à l'AS Monaco dans le cadre d'un prêt avec une option d'achat, levée toutefois en fin de saison par le club de la Principauté. Le 29 août 2015, il signe un contrat de cinq ans avec Valence. Les références changent... Premier point que ne manquent pas aujourd'hui de soulever nombre d'observateurs avisés : Abdennour a-t-il fait le bon choix en optant pour le championnat espagnol? Ne risque-t-il pas d'accuser un déficit de compétitivité en raison du fait qu'il ne joue pas régulièrement à Valence? Tous les championnats européens sont exigeants. Oui, la Liga est bien spectaculaire. Le jeu, la créativité et l'improvisation y ont certainement une importance particulière. Mais il ne faut pas croire que ses joueurs ne sont pas soumis aux restrictions tactiques. Au contraire, c'est un championnat qui est aussi physique, tactique. S'imposer à Valence est énorme pour un joueur comme Abdennour. Abdennour peut-il vraiment rêver plus grand avec Valence ? Au niveau où il évolue, l'ex-Etoilé a confirmé à maintes reprises qu'il s'inspire quotidiennement de ses coéquipiers. En Espagne, chaque joueur peut justement faire progresser l'autre avec un véritable pourcentage de plus-value. Dans cette panade générale, il tente aujourd'hui de résister, de surnager, mais il oscille entre ses obligations de confirmation à Valence et les contraintes de son statut en équipe nationale. Un bon joueur doit savoir alléger la pression qui pourrait conditionner son comportement sur le terrain. Très souvent, les qualités physiques et l'application tactique ne suffisent pas si on n'y ajoute pas les dispositions mentales nécessaires et adéquates. Dans son expression actuelle et dans le message qu'il s'efforce d'émettre, Abdennour continue à donner l'impression de pouvoir évoluer. Même s'il continue à souffrir de certains maux traditionnels, enfouis au plus profond de lui- même. Il devrait cependant s'orienter vers de nouvelles tendances de nature à relooker son style, à étoffer son registre, en y ajoutant d'autres valeurs et d'autres atouts. Ce qu'il laisse entrevoir et ce qu'il accomplit sur le terrain n'entrent pas certes dans le jeu le plus dynamique qui soit offert, mais quelque part, ça devrait tenir...Aujourd'hui, plus les matches passent et plus on devient convaincu qu'il est dans l'obligation de parler le même langage avec ses camarades de l'équipe nationale sur le terrain. C'est un joueur sur lequel le sélectionneur mise. Mais il doit savoir ce que la sélection attend de lui. Il doit comprendre la nature de sa présence au sein de la défense tunisienne et surtout jouer et se comporter en première intention...