Qui aura le dernier mot parmi les deux factions qui dominent désormais le parti : Hafedh Caïd Essebsi, qui se considère comme le chef incontesté couronné par le congrès de janvier 2016 à Sousse, ou les membres restants de l'instance politique désignés lors du même congrès qui «disent vouloir tenir le 2e congrès électif pour sauver le parti» ? Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif de Nida Tounès, a-t-il perdu définitivement la bataille de la direction du parti après l'annonce, mercredi 11 juillet, par l'instance politique du parti que le congrès électif de Nida Tounès, le 2e après celui de Sousse de janvier 2016, se tiendra les 29 et 30 septembre prochain et que Ons Hattab, députée nidaiste et membre de l'instance politique, est désormais le porte-parole officiel du parti en remplacement de Mongi Herbaoui qui a occupé jusqu'ici ce poste sans avoir la qualité de membre de l'instance politique du parti ? La question s'impose quand on sait que l'instance politique du parti désignée lors du congrès de Sousse, connu sous le nom du Congrès de la fidélité, ne compte plus que 21 membres à la suite de la démission de certains qui ont quitté le parti, préférant créer leurs propres formations comme Ridha Belhaj, Khemaïes Ksila, Tahar Ben Hassine, Saïd Aïdi ou Boujemaâ Rmili qui s'est retiré de la scène politique. La réactivation de l'instance politique ou de ce qu'il en reste intervient dans un moment de crise intense au sein du parti qui s'est divisé en deux clans. Le premier, dirigé par Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif, comprend essentiellement les responsables qu'on qualifie de «recrutés» (Samir Laâbidi, Borhène Bsaïess et Wissem Saïdi) et est réputé pour son opposition au maintien de Youssef Chahed au poste de chef du gouvernement. Le deuxième clan est celui dirigé par Sofiène Toubal, le chef du bloc parlementaire nidaiste, et comprend plusieurs députés parmi les membres de l'instance politique dont Ons Hattab, Ramzi Khemiss, Taïeb Madani et Khansa Harrath. Les membres de ce clan sont pour le maintien de Youssef Chahed, invoquant la préservation de la stabilité politique, tout en soutenant l'idée du remaniement ministériel promis par Youssef Chahed dans son adresse télévisée de juin dernier. Guerre de crédibilité Maintenant que les positions des uns et des autres se sont clarifées, on se demande qui dirige réellement le parfi, Hafedh Caïd Essebsi et ses fidèles lieutenants, dont en premier lieu Mongi Harbaoui, qui court les studios de radio et les plateaux TV pour mettre en cause les déclarations de Ramzi Khémiss et Sofiène Toubal ou ces deux derniers qui déclarent parler au nom de l'instance politique et qui ont, paraît-il, entamé les préparatifs en vue de tenir le congrès électif du parti. Et parmi ces préparatifs figure la réunion, aujourd'hui, du bloc parlementaire nidaïste, à l'initiative de l'instance politique, sous la présidence de Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple, et — pour rappel — ancien président de Nida Tounès, poste auquel il a accédé à l'issue de l'élection présidentielle qui a couronné Béji Caïd Essebsi en tant que président de la République. Le retour de Mohamed Ennaceur aux affaires nidaïstes après une rupture de plus de trois ans, depuis début janvier 2016 quand Hafedh Caïd Essebsi a pris le pouvoir à lui seul au sein du parti, marque-t-il un nouveau tournant au sein du parti des Berges du Lac dans le sens que la porte est désormais ouverte au retour des fondateurs pionniers qui ont été écartés du parti ou qui s'en sont retirés eux-mêmes en attendant peut-être que ceux qui ont fondé leurs propres formations décident eux aussi de retourner au parti ? En tout état de cause, entre ceux qui pensent que le retour au-devant de la scène des membres de l'instance politique est un signe de vitalité au sein d'un parti qui refuse de sombrer définitivement dans le chaos et ceux parmi les responsables de ce même parti qualifiant leurs collègues de putschistes et les menaçant de sanctions allant jusqu'à l'exclusion des rangs du parti, la saison estivale s'annonce très chaude pour les nidaïstes qui risquent de jouer, consciemment ou inconsciemment, le sort de leur parti. Reste la grande énigme : quand le président Béji Caïd Essebsi va-t-il parler ? Pour le moment, il se contente de rencontrer les différents protagonistes nidaïstes, de les écouter, sans s'exprimer ou accorder son aval ou son soutien à l'une des factions en conflit.