• Je sais que j'ai suscité une forte déception mais il faut équilibrer la balance • En septembre, une exposition au musée de Montparnasse consacrée à la création d'après le 14 janvier Frédéric Mitterrand, ministre français de la Culture et de la Communication, n'a pas ramené de discours écrit lors de sa conférence de presse donnée hier à l'hôtel le «Concorde». Il a parlé le langage de l'émotion maîtrisée, «du fond du cœur» et c'est tout à fait normal lorsqu'il s'agit d'évoquer une déclaration qui a fâché le peuple tunisien à un certain moment et de tourner la page une fois pour toutes. «Je sais que j'ai suscité une forte déception et j'en ai vraiment souffert, a déclaré Frédéric Mitterrand. J'ai déçu des gens envers qui j'éprouve un profond respect…mais il faut, quand même, équilibrer la balance. J'ai travaillé pendant 30 ans pour les Tunisiens. J'ai fait l'Année des Tunisiens en France et je n'ai pas touché un sou pour cela… J'ai tout le temps aidé et encouragé les artistes tunisiens, même pendant les périodes difficiles. J'ai fait des films avec des Tunisiens et j'ai ramené des tournages en Tunisie. Et si je déroule ma liste, je m'aperçois que cette nationalité tunisienne que je suis fier d'avoir, je l'ai pratiquée profondément comme beaucoup de gens et qu'il faut me juger en fonction de cela. Ma solidarité avec les artistes et intellectuels tunisiens a toujours été complète !». Le ministre français a, ensuite, parlé du peuple tunisien qui a pris son destin en main : «C'est vraiment remarquable ce qui est en train de se passer aujourd'hui en Tunisie pendant ces quatre mois… c'est vraiment passionnant», a-t-il conclu. Frédéric Mitterrand a rendu compte également de sa rencontre avec le ministre tunisien de la Culture en exprimant sa stupéfaction devant le travail qui est en train de se faire au musée du Bardo. «C'est admirable… un musée marqué par une semi-absence de l'art islamique», et avec les efforts qui sont en train d'être réalisés, «les Tunisiens vont enfin se réapproprier leur histoire». Frédéric Mitterrand, qui est venu avec «des choses pratiques», a parlé d'abord de cinéma. Il s'agit de jeter des bases qui permettront au cinéma tunisien d'avancer et «de disposer d'un système juridique et financier qui lui permet de produire plus, maintenant qu'il est libéré de la censure. Il faut que les commissions d'attribution des subventions fonctionnent parfaitement et pour cela on a un assez bon exemple qui est le Centre national du cinéma français». Le modèle du CNC inspirera bientôt la Tunisie et une déclaration a été signée dans ce sens, selon le ministre français de la Culture et de la Communication. Frédéric Mitterrand a aussi déclaré qu'il suscitera l'arrivée de certains investisseurs français qui seraient capables de lancer des multiplexes. Côté livre, le ministre français parlera d'une stratégie pour encourager les bibliobus à pallier «la négligence» en matière de livres qui a affecté les régions. Quant aux libraires tunisiens, ils bénéficieront chacun d'une aide de 3.000 euros de la part du Centre national du livre français, ainsi que de plusieurs aides pour moderniser leur métier. Le ministre français annoncera également une grande exposition au musée de Montparnasse au mois de septembre consacrée à la création contemporaine tunisienne depuis le mois de janvier. «La télévision tunisienne est redevenue un service public et nous sommes fiers d'apporter notre savoir-faire pour l'accompagner dans le développement des informations régionales à la manière de France 3», a ajouté Frédéric Mitterrand qui suggérera l'idée d'une grande fête de la musique en Tunisie avant les élections et qui sera diffusée sur une grande chaîne française.