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Le Kef : peu d'actions et une bonne dose de scepticisme La course des listes candidates à l'élection de la Constituante s'est poursuivie hier dans les différentes circonscriptions du pays.
Pour peu que l'on regarde de très près cette première phase des élections de la Constituante au Kef, l'on peut dire que peu de choses ont été faites sur le terrain pour convaincre un tant soit peu les électeurs à voter pour telle ou telle liste. Les Keffois semblent presque continuer à vivre comme si de rien n'était, alors qu'il s'agit des premières élections libres de la Tunisie post-Ben Ali qui a eu le mérite, il est vrai, d'initier le printemps des révolutions dans le monde arabe. D'ailleurs, peu de listes ont réussi à mettre en place leurs affiches et leurs manifestes. Excepté les ténors de ces élections, notamment les grands partis politiques, peu de listes se font remarquer dans la ville. Les citoyens semblent même ne point accorder une quelconque attention à ce qui ce se passe dans la ville, tant l'ambiance ne paraît pas sortir de l'ordinaire. Au premier jour, ce fut même un constat amer, car certaines listes n'ont pas respecté les prérogatives de la commission indépendante pour les élections, en inondant la ville d'affiches déplacées et contraires à l'esprit de la loi. Même si la commission régionale chargée de ces élections a pris l'initiative de retirer ces affiches, il n'en demeure pas moins vrai qu'il est difficile de tout supprimer et de faire régner l'ordre électoral et la primauté de la loi. Même topo à Tajerouine, où la même scène s'est répétée alors que, dans d'autres villes, les choses semblent aller dans le bon sens. Cependant, par manque de civisme ou par volonté délibérée de nuire à l'opération électorale, la plupart des affiches électorales ont été fortement endommagées et parfois même carrément arrachées. La population est partagée sur ce sujet. Un étudiant de l'Institut supérieur d'informatique a juré de ne pas participer au scrutin du 23 octobre, car il n'a rien compris du mode électoral, du fonctionnement de l'Assemblée constituante et, surtout, des différents programmes électoraux, d'autant que les listes se font nombreuses et les programmes aussi, et que dans l'esprit général ils véhiculent les mêmes slogans et les mêmes valeurs. Leïla, une autre étudiante du même établissement, estime que le discours électoral n'est pas novateur et que les programmes électoraux sont plus ou moins identiques. Liberté, égalité et prospérité, tels sont les trois thèmes clefs qui reviennent comme un leitmotiv dans le discours des 45 listes qui se disputent les six sièges de la Constituante, dont les prérogatives ne sont pas encore définies, selon de nombreuses personnes interrogées sur ce sujet. Un homme d'un certain âge considère quant à lui que seules les valeurs d'ouverture, de tolérance et de concorde peuvent faire aboutir le scrutin du 23 octobre et garantir un avenir radieux au pays, dans lequel tous ses enfants auront une place quels que soient leurs croyances et leurs choix électoraux. Dans la foulée, les gens ne font que commenter les logos et les couleurs des quelques listes électorales dont les affiches ont été jusque-là préservées, en attendant de mieux voir et de mieux comprendre ce qui est en train de changer dans le pays. Indécision et flou : tels sont les deux traits qui caractérisent en ce moment l'opération électorale au Kef, en espérant que les prochains jours permettront aux électeurs d'y voir plus clair. Nous y reviendrons.