En cette période estivale et selon la tradition, la famille tunisienne commence à préparer la oula pour la stocker, par la suite, dans le grenier ou la chambre de la «mouna» pour ce qui est des céréales, dattes, aliments séchés, et dans les jarres pour ce qui est de l'huile d'olive et des olives confites, etc. Cette tradition, qui a ses spécificités d'une région à l'autre, est en train de perdre du terrain pour plusieurs raisons sociales et démographiques. Lors d'un séminaire organisé, mercredi, par l'Institut national de la consommation (INC), en partenariat avec l'Institut national de la nutrition et des technologies alimentaires (Innta), le ministre du Commerce et de l'Artisanat, M. Béchir Zaâfouri, a évoqué les bien faits nutritionnels de la oula pour laquelle la famille tunisienne se prépare d'ores et déjà. Le ministre a indiqué l'importance de cette tradition dans l'autosuffisance et la sécurité alimentaire des familles tout en soulignant les difficultés que connaît le commerce des produits agricoles dans le monde. Il a, d'autre part, énuméré les actions de l'Etat concernant la rationalisation de la consommation dont notamment l'allocation de près de 6 millions de dinars à cet effet dans le budget complémentaire de l'an 2012. «Outre le soutien au pouvoir d'achat du Tunisien, ce budget, a-t-il ajouté, permettra de créer 200.000 emplois directs, environ, sachant que 30.000 dinars est le coût d'investissement pour créer un poste d'emploi». Le ministre a évoqué, aussi, la nécessité de sensibiliser le consommateur et de rationnaliser la consommation de certains produits comme le blé et les tomates dont la moyenne de consommation du Tunisien est de loin plus élevée que la moyenne mondiale. De son côté, Dr Sonia Hamzaoui, de l'Institut national du patrimoine, a affirmé que certaines méthodes de conserves traditionnelles ont disparu. «On ne s'approvisionne plus d'amidon, de pattes, d'harissa, de légumes, etc. Il y a un passage d'un stockage interne, la oula, à un stockage externe, dans les supermarchés», a-t-elle expliqué. Selon elle, cette perte des traditions de la oula est moins accentuée dans les zones rurales. Pour sa part, le président de l'Association tunisienne de défense du consommateur, Lotfi Khaldi, a évoqué le changement de la carte géographique des régions rurales à cause de la migration, ce qui a affecté la structure de la famille rurale, notamment, avec le départ des jeunes filles pour poursuivre leurs études. «Les citoyens sont désormais plus proches des espaces commerciaux et la famille tunisienne est amoindrie, ce qui a affecté les traditions culinaires et par conséquent la oula», a-t-il ajouté. Mieux maîtriser le budget familial Concernant les avantages économiques de la oula, le ministre du Commerce et de l'Artisanat s'est étendu, dans son allocution, sur l'importance de cette tradition qui permet de s'approvisionner en produits alimentaires de base au moindre coût par rapport aux produits industrialisés. Il a indiqué que c'est une méthode pour faire face à la hausse des prix de certains produits affectés par le marché mondial. De même, il a rappelé la haute qualité de ces produits traditionnellement conservés. Reprenant le volet nutritionnel des produits de la oula, Leïla Alouane, coordinatrice de la formation à l'Innta, a affirmé que «si on contourne l'excès de sel, la oula améliore la valeur nutritionnelle des aliments». Certaines vitamines vont être perdues, mais d'autres comme le B9 (acide folique) vont se concentrer. Les fèves séchées sont l'exemple typique. En plus, il y a le côté hygiène puisque c'est plus propre et mieux conservé que ce qu'on propose ailleurs. Sur le plan économique, il y a un gain certain à travers la préparation de la oula», a-t-il ajouté. D'autre part, Dr Sonia Hamzaoui a évoqué le volet social et culturel de la oula. «Elle crée une certaine solidarité au sein de la famille et entre les familles. Aussi, il y a une certaine volonté de faire valoir l'appartenance à la zone géographique à travers la valorisation des spécificités des localités ou des territoires via leurs produits. Outre la consommation des produits locaux et l'amélioration des revenus des agriculteurs. Cependant, il existe des contraintes à cette tradition dont les difficultés d'accès au marché financier et l'insuffisance de la cartographie des filières agroalimentaires caractérisant les territoires», a-t-elle enchaîné. Sensibilisation du consommateur Les intervenants à cette journée portant sur la oula ont insisté sur l'importance de la sensibilisation à la rationnalisation de la consommation. Le directeur général de l'Institut national de la consommation, Mohamed Lassaâd Laâbidi, s'est étalé sur les actions que l'institut est en train d'effectuer dans ce sens. «Actuellement, nous effectuons des interventions à travers des programmes télévisés pour sensibiliser les consommateurs. Nous avons préparé trois spots télé qui ciblent la consommation lors du mois de Ramadan, vu son importance sur la moyenne annuelle de consommation. Cela permettra de ratinaliser la consommation de certains produits», a-t-il expliqué. Selon lui le sucre ajouté, les matières grasses et la maîtrise du budget familial seront des axes sur lesquels des spots seront diffusés sur le petit écran. Autrement, d'autres spots radio seront le vecteur d'une sensibilisation du consommateur lors des périodes des soldes et autres périodes de haute consommation. Par ailleurs, M. Laâbidi a affirmé qu'une étude, portant sur l'effet du commerce moderne sur le rythme de consommation, sera prochainement publiée.