Le pays du mambo était à portée de main, mardi dernier et c'est le Théâtre municipal de Tunis qui l'a accueilli. Grâce au grand orchestre de musique cubaine «MambomaniA», le festival de la Médina a pu offrir à son public une soirée mémorable. Rythmes endiablés, danse, humour et bonne humeur ont été au menu, servis tel un cocktail dégusté sur une plage cubaine. Le mambo, qui est à la fois un genre musical et une danse incontournables à Cuba, a été le principal thème du spectacle. «Si vous n'aimez pas le mambo, vous allez vous ennuyer ce soir», lance dans un français impeccable le chef d'orchestre, après le premier morceau, donnant un petit aperçu du programme, côté musique et côté humour. «MambomaniA» est, en fait, une composition installée en France, avec des musiciens cubains, français et d'autres origines. Ils jouent sur le saxophone, la trompette, la trombone, les percussions (tumbas, bongos et timbales), le piano et la contrebasse, en plus d'une chanteuse et deux chanteurs. Depuis ses débuts, dans les années 1990, MambomaniA a pour raison d'être de raviver la mémoire des grands orchestres de musique cubaine qui ont illuminé les nuits de New-York dans les années 1950. Le mambo y est devenu une grande mode, appelée à l'époque mambomania. Le public a donc un grand rôle à jouer. Les membres de l'orchestre n'ont pas lésiné sur les atouts de séduction et l'audience ne s'est pas trop fait désirer. L'alchimie a vite opéré. Tout ce qu'entreprenaient les « mambomaniacs » trouvait son écho dans la salle. Les applaudissements, le chant et la danse ne se sont pas arrêtés et l'usage du français a beaucoup facilité la communication de part et d'autre de la scène. Dessus, se déroulait un spectacle complet, où tout semblait étudié au millimètre près, mais réalisé avec une grande spontanéité. L'énergie dégagée par les vocalistes était à elle seule un plaisir pour les yeux, sans parler de leurs costumes, sobres et élégants. De leurs belles voix, ils chantaient, s'adressant au public pour expliquer les paroles des chansons et lancer des blagues sur les musiciens qui leur répondaient dans le même esprit. Le mambo, roi de la soirée, a été annoncé au début du concert avec le célèbre morceau Tequila. Puis, avec l'arrivée des chanteurs, les titres se sont enchaînés, parlant de différents thèmes et faisant le tour des rythmes cubains de base: le mambo bien sûr mais aussi le cha-cha-cha, la rumba et le danzon. Ce dernier est considéré comme le plus proche du mambo. Le deuxième serait en effet dérivé du premier, suite à l'introduction d'instruments provenant du jazz. Les MambomaniA multiplient les expériences. Ils sont allés au-delà de revisiter le répertoire classique de la musique cubaine, en proposant de nouvelles versions de chansons comme La mauvaise réputation de Georges Brassens. Plus la fin approchait, plus la soirée devenait éclectique. Le public a même eu droit à une improvisation de chant, entre des paroles cubaines et du rap français. Avant de clore le spectacle, la chanteuse du groupe a tenu à interpréter La Cambanchera de Celia Cruz, avant de chanter une chanson d'adieu. Le chef d'orchestre a invité le public à se procurer des copies de leur album Serial dancer, suite à quoi le groupe a joué le titre qui porte le même nom. La réponse au rappel du public a été au même niveau d'élégance de la soirée offerte par MambomaniA. Ils sont, en effet, descendus de la scène et sont sortis en file indienne, suivis par l'audience, pour mettre le feu une dernière fois, dans l'entrée du Théâtre municipal. Une soirée mémorable de bout en bout. Quel visa pour un Cuba sous son plus beau visage ! Et quels ambassadeurs, pas comme les autres, a-t-on vus sur scène ! Le mambo devrait être l'hymne du peuple heureux, ou de celui qui aime offrir le bonheur en partage.