Face au fléau de la violence et des débordements de tous genres qui se propagent dans les stades, une charte de bonne conduite signée par les représentants des joueurs, des entraîneurs, des arbitres et des supporters est plus que jamais nécessaire Il ne reste plus que quatre journées du championnat le plus long de l'histoire du football tunisien. Un championnat dans lequel les débordements de tous genres ont fini par imposer le huis clos comme principal mode d'emploi! 2012 aurait été l'année du recul du football et de son avilissement éthique. Une année funeste que l'on n'oubliera pas de sitôt et dont on voudrait, en même temps, ne plus jamais se souvenir. Résumer une «saison» de football à un véritable gâchis, ce n'est ni une caricature ni une outrance. En quelque temps, c'est l'histoire d'un sport qui se trouve aujourd'hui souillé par des personnes égarées dans leur raisonnement à l'emporte-pièce. Les événements ont d'ailleurs montré l'ampleur du mal: autant le phénomène de la violence est devenu difficile à éradiquer, autant il n'y a pas de pilote pour encadrer et diriger, et pas de boussole pour connaître la direction à suivre. Le «spectacle» de chaque dimanche raconte en accéléré l'histoire d'une saison sportive complètement dénaturée. Le roman d'un sport avec ses décadences, ses revers, ses chances inespérées et ses injustices. Son préjudice moral, sportif et financier. Le tout sur fond d'absence de fair play, d'équité et de combat sportif à la loyale On le sait déjà, le football attire tous les antagonismes. Toutes les tentatives imaginables de manipulation et de détournement sont aux portes des stades. Il donne au moindre conflit des dimensions tragiques. Ceux qui prétendent parler au nom du peuple (démagogues, nationalistes) font désormais du football leur terrain de chasse protégé. Politiciens, affairistes, publicitaires et médias sont agrippés autour du football pour en extraire une bribe de son gigantesque écho. Le football est devenu ainsi un espace trop convoité pour n'appartenir qu'aux seuls joueurs, tout en restant le sport le plus populaire, et on sait bien que les populaires se caractérisent par leurs excès. Comme un pendule qui bouge dans les deux sens. Le futile et l'essentiel Mais, on ne voit pas, aujourd'hui, comment le football tunisien est tombé si bas sans que la responsabilité de ses parties prenantes ne soit totalement engagée. Peut-être qu'ici et là chacun se satisfait maintenant de savoir qu'il y a plus mauvais que lui. Sur les défaillances et le gâchis d'un sport miné par un vide existentiel, se profilent déjà les dessous d'un avenir pas tout à fait rassurant. Gérer la désespérance induit tellement de choses que les responsables actuels de clubs, de fédérations et aussi du ministère de tutelle, tous parés d'innocence et adeptes de la pensée unique, font mine de se disculper. Résultat : on assiste au procès de notre football avec beaucoup de sous-entendus démagogiques. Ces responsables ne savent plus trop par quel bout il convient d'empoigner l'affaire. Le fameux déballage ne manque pas à chaque fois de tourner au discours convenu. Les principaux artisans du fiasco enregistré au cours de cette saison ont voulu maîtriser la communication pour asséner des propos formatés. A chaque fois, ils insistent sur le futile en balayant l'essentiel. A chaque fois, ils démontrent au grand jour qu'ils n'ont pas les épaules suffisamment larges pour soutenir toute la charge et toute la pression qui règnent au sein de la compétition. En un mot, ils ne cessent de tenir un discours qu'ils avaient déjà tenu, mais qui ne tient plus à l'analyse. Dans ce monde merveilleux, ils tentent ainsi de surnager avec l'énergie du désespoir et sans la clairvoyance et l'autorité que recommande la fonction. Il ne faut certainement pas chercher ailleurs les raisons d'une profonde interrogation sur un sport qui ne travaille pas suffisamment ses fondamentaux. On aurait aujourd'hui besoin de comprendre que la gestion du championnat et de toute la compétition en elle-même ne peut être que la conséquence de toute une série d'attitudes et d'adoption de valeurs. Si on sera convaincu que ces valeurs devraient être avant tout des valeurs de structures et de professionnalisme, d'un système clairement défini et d'un mode qui soit assumé par tous, on a déjà une partie de la solution. Alors, vivement, une charte de bonne conduite qui pourrait être signée par les représentants des joueurs, des entraîneurs, des arbitres et des supporters. L'essayer, c'est vraiment l'adopter...