Les luttes intestines au sein de la Société tunisienne de banque (STB) ont éclaté sur la scène médiatique au mois de décembre 2012. Depuis, le conflit qui oppose le P.D.G. Samira Ghribi au syndicat de base de la STB n'a rien perdu de son intensité. Pour la première fois depuis sa prise de fonction en mai 2011, les syndicalistes ont organisé contre le P.D.G. une série de manifestations à Tunis, la dernière en date étant celle tenue le 4 janvier devant la Banque centrale de Tunisie (BCT). Ils étaient plus d'une centaine à manifester le vendredi 4 janvier devant le siège de la BCT, membres du syndicat de base de la STB et retraités de la banque, venus les soutenir. Portant un brassard rouge au bras gauche, les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrits des slogans tels que «Ghribi out» et «l'intérêt de notre institution, au-dessus de toute autre considération». Leur principale revendication était le départ de leur P.D.G., Samira Ghribi. Les syndicalistes reprochent au P.D.G. d'avoir nommé, à la tête de certaines filiales de la banque, des cadres soupçonnés d'être impliqués dans des affaires de corruption. Un rapport sur les dépassements ayant eu lieu à la STB au temps de Ben Ali avait été transmis à la justice en février 2012 par le service du contrôle général au ministère des Finances. Mais, jusqu'à présent aucune décision de justice n'a été rendue publique. Entre-temps, ces cadres sont «présumés innocents», souligne Ghribi, qui ne comprend pas les accusations des syndicalistes à son encontre. Ces derniers voient dans ces nominations un défaut de volonté de la part de la direction de lutter contre l'impunité. Rupture du dialogue Une lettre adressée au P.D.G. en mars 2012 par la commission consultative d'entreprise et une motion professionnelle datée du 17 mai 2012 témoignent de la mauvaise communication entre la direction et les syndicalistes qui existe, en réalité, depuis plusieurs mois. Outre les nominations controversées, les employés ont dénoncé dans ces lettres un déficit en matière de bonne gouvernance. Selon les contestataires, les employés ne participent pas assez aux prises de décision et la directrice abuse de son autorité. Sur ce dernier point, Abdelkarim Ben Younès, secrétaire général au syndicat de base, donne l'exemple de la décision du P.D.G. de passer des employés au conseil de discipline, pour le motif de s'être exprimés sur les ondes d'une radio privée au sujet des problèmes au sein de la STB. Depuis quelques semaines, le dialogue entre les deux parties ne semble plus possible. Le rassemblement devant la BCT a été le dernier d'une série de manifestations ayant débuté en décembre. D'abord au siège de la banque, à l'entrée des employés, puis devant le ministère des Finances le 2 janvier 2013, le 3 devant l'Assemblée nationale constituante. Toutes n'ont pas duré plus de 15 mn, dans le but de ne pas troubler le fonctionnement de la STB. Par ailleurs, une commission s'est chargée à chaque fois de transmettre aux responsables des trois institutions une lettre pour expliquer les raisons de la contestation. L'objectif, explique Ben Younès, est d'informer et d'attirer l'attention sur ce qu'il se passe à la STB. Les contestataires attendent du ministère de tutelle qu'il prenne les dispositions nécessaires afin de remplacer le P.D.G. Faute de quoi, une grève sera organisée.