L'Observatoire arabe des religions et des libertés, soutenu par la Konrad Adenauer Stiftung, puissante organisation allemande proche du parti allemand de la CDU, a organisé vendredi et samedi, un colloque international sur le thème «La situation au Mali et ses implications sur le Maghreb». La problématique des Etats-territoires Ridha Tlili, présenté comme expert international, et par ailleurs président de la Fondation Ahmed Tlili pour la culture démocratique et la justice sociale, explique qu'une des problématiques majeures dans les pays du sud du Sahara, est que leurs dirigeants ayant fraîchement acquis l'indépendance, n'avaient pas su s'entendre sur une redéfinition de certaines frontières afin qu'elles correspondent mieux à la réalité. Selon lui, ces pays sont donc restés «Etat-territoires» c'est-à-dire un des Etats composés d'un ensemble de territoires qui ne fondent pas une identité commune, contrairement aux «Etats-nations». C'est le cas du Mali, du Niger et même de la Libye. «La question du Sahara, d'importance géostratégique après la découverte du pétrole à Hassi Messaoud, n'a jamais été correctement résolue, et c'est là un des nombreux problèmes qui refont surface aujourd'hui, faute de les avoir solutionné» ajoute-il. Entre autres déclencheurs de la crise malienne, Ridha Tlili cite trois événements majeurs que sont l'effondrement de ce qu'il a appelé «la démocratie électoraliste» qui se résume, comme son nom l'indique à l'organisation d'élections périodiques. Le deuxième événement est sans doute, le retour à partir de 2006 des arabes afghans, qui ont été contraints de rentrer à cause de «l'hostilité montante des afghans envers eux». Troisième événement tout aussi important, c'est l'inondation de la zone par des armes relativement sophistiqués qui viennent de la Libye, particulièrement noyée d'armes même avant le déclenchement de la guerre libyenne. La crise malienne est donc la résultante de tous ces événements imbriqués. Le faux jihad au Mali Chercheur et journaliste espagnole, Beatrice Mesas, qui a passé beaucoup de temps au mali pour étudier les groupes Jihadistes, estime que la religion dans ce pays n'est qu'un moyen pour les barons de la drogue, afin de disposer de territoires où seules leurs lois sont appliquées. «La drogue est devenue un moteur économique qui, entre autres, finance un ‘‘faux Jihad'' qui sert de couverture aux activités illicites» explique-t-elle. Elle avance également, qu'outre la porosité des frontières qui facilitent le déplacement de jeunes endoctrinés, qui selon elle, veulent accéder à un certain statut social, le passage du wahabisme «institutionnel» (qui n'avait pas une vocation d'expansion) à un wahabisme «militant» (qui se propage à travers certains pays) explique la montée de l'extrémisme qui cache en son sein un trafic de drogue et une juteuse industrie de kidnapping. Loin de soutenir l'intervention unilatérale de la France au mali, Beatrice Mesas estime que celle-ci n'a en fait réussi qu'à établir une plateforme pour le jihadisme international.