Les traditions ont la peau dure dans la ville de l'Ariana qui semble encore orgueilleusement attachée à son authenticité que rien n'a pu éroder. Au mois de Ramadan, par exemple, cela se vérifie et ne discute pas, ne se discute jamais. Sa majesté la grande bouffe Tous les jours du mois saint s'y suivent et se ressemblent, comme deux gouttes d'eau. Cela commence quotidiennement à partir de 9h00, avec l'ouverture progressive des nombreux points de vente accueillant les premiers convois chargés de denrées alimentaires, au moment même où les vendeurs de fortune entament l'opération de mise en place, imités par les inévitables propriétaires des étals anarchiques. La police municipale? Advienne que pourra ! Deux heures après, impossible de... circuler à l'intérieur du marché municipal et ses alentours, désormais transformés en cœur battant de la ville. Il est vrai, comme cela est de coutume que outre les clients «locaux», la ruée quotidienne vient aussi des cités voisines (El-Manazeh, Ennasr I et II, Al-Manar...). D'où cette extraordinaire effervescence populaire qui envahit tous les points commerciaux. Là où on se bouscule, on joue des coudes et... on prend son mal en patience pour espérer pouvoir faire ses emplettes... au milieu de scènes de brouhaha synonymes de calvaire pour les nerfs. La grande bouffe en a voulu ainsi! Un vieux Arianais en sait quelque chose, qui révèle que «cette folie dépensière du mois de Ramadan ne date d'aujourd'hui. Elle remonte aux années 1950-1960, à l'époque des juifs qui cohabitaient avec nous dans une cité où leurs traces culinaires sont aujourd'hui encore indélébiles. C'est-à-dire que même la génération actuelle bien que ‘‘in'‘ en a été contaminée». Le mois du jeûne fait aussi le bonheur de nombreuses familles arianaises qui ont pris l'habitude, de père en fils, d'en profiter pour arrondir leur fin du mois, grâce à la vente de produits alimentaires préparés à la maison. Cela va des laitages au pain en passant par la malsouka. Autant dire que contrairement à ce qu'a dit Socrate, les Arianais vivent pour manger, et ne mangent pas pour vivre ! Ariana «by night» Après l'iftar, la ville des roses arbore sa pancarte intitulée «Welcome to Las Vegas». Toutes proportions gardées certes, mais il est incontestable que la cité connaît une extraordinaire animation nocturne. Les cafés qui se tiennent dans un mouchoir font vite le plein. Les points de vente de zlabia, mkharek et autres makroudh sont pris d'assaut. Les machouas à ciel ouvert, éparpillés ça et là, font les yeux doux aux inguérissables amateurs des sandwiches au merguez. Pour les couples en famille épris de virées nocturnes romantiques, il n'y a pas meilleure direction que le théâtre de plein air de la ville où des productions culturelles variées et tentantes sont données au public dans le cadre du «Festival annuel de la Médina», que la municipalité organise tous les mois de Ramadan. 2h00 : la cité commence à somnoler. Seuls les retardaires déambulent encore dans sles rues désertes pour rentrer, le shour oblige. Demain rebelote !