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Il faut sauver le vice-dauphin Nouira
Opinions - France – Ifriquia
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 07 - 2013


(suite et fin)
Par Khaled El Manoubi
Après l'examen de l'action de Ben Salah, voyons ce que la France a fait pour tirer Nouira d'affaire.
Informée par son vice-dauphin sur les velléités de Ben Youssef à l'égard de Nouira, la France est venue sans délai à la rescousse : le vice-dauphin Nouira en avait bien besoin. Laissons le Dr Ben Salem en faire état dans son journal en date de 16 juillet 1953 : « Hier (15 juillet 1953) Radio Paris annonce la disparition de Hédi Nouira. Renseignements pris, il paraît que deux individus s'étaient présentés chez lui et avaient essayé de le voir. Hédi Nouira a téléphoné à la Résidence qui a promis d'envoyer la police dans quinze minutes. Personne n'étant venu, il a alors jugé plus prudent de se mettre à l'abri. Il a téléphoné à son frère lui disant qu'il était dans un lieu sûr et qu'il pouvait le dire à la police » (DMBS1988, p.130).
Invitons maintenant le lecteur – et l'historien – à comparer cette version prudente et factuelle relative à cette prétendue cache à celle de Bahi Ladgham. Dans sa réponse à Ben Salah écrite à New York le 25 août 1953, Bahi Ladgham fait état d'une « position conciliante » de Nouira – Ladgham indiquant bel et bien que « quelque jours plus tard (il) apprenais ici que Hédi Nouira avait fait cette déclaration », et signale que cette déclaration « reproduite par le « New York Times » a eu le fâcheux effet de refroidir le zèle de nos amis » (BL 1990, p p. 194 – 195). Et il enchaîne : « La publicité faite ici autour de cette déclaration montrait clairement l'intervention des services spéciaux français. (Il en résulte) que « sa vie (Nouira) était en danger par le fait que la Main Rouge française allait tenter de le supprimer, quitte à mettre le crime sur le compte des «nationalistes extrémistes » indignés par sa position conciliante. Plutôt alambiqué comme raisonnement... Il poursuit: «Mes craintes se sont avérées justifiées puisque Si Hédi a reçu quelques jours plus tard la visite de deux énergumènes à deux heures du matin. J'ai alors suggéré à Si Salah de dire aux camarades de Tunis de protéger Si Hédi, de le mettre en lieu sûr, au besoin de l'envoyer en France pour quelque temps » (BL 1990, p.195). En somme, si les services spéciaux français sont de la partie pour un motif plausible — torpiller la cause tunisienne à l'ONU du moment que la partie nouirienne est prête à des discussions directes — celui de la Main Rouge — autant dire les mêmes services spéciaux — l'est beaucoup moins : pourquoi supprimer un chef qui sert opportunément les intérêts de la France ? Pour le reste, alors que Ben Salem parle avec précaution de « deux individus », pour Bahi Ladgham qui les a sans doute vus malgré l'obscurité à partir de New York, ce sont « deux énergumènes ».
Au surplus, et pour se mettre en «lieu sûr», Nouira n'a eu besoin ni de Si Salah ni des camarades de Tunis. Du reste, la première annonce de sa « disparition », en fait synonyme de mise en lieu sûr selon les propres termes adressés par l'intéressé à son propre frère, est faite à Paris par une radio française ! Naturellement, pour Bahi Ladgham, la France n'y est pour rien : Nouira sa cache de la France !
Les anciens gréco-romains disaient : « Quand Jupiter veut perdre quelqu'un, il le rend aveugle ». Cependant, Nouira a continué à redouter une mesure disciplinaire à son encontre prononcée par le parti ; aussi, et sachant sûrement le dénouement proche, il remit le 5 mars 1954 sa démission pour raison de santé à Mongi Slim (BL1990, p.27) : on n'exclut pas un démissionnaire.
Du reste, la France continuera à enfoncer le clou tant que la situation l'exige. Sa stratégie est finalement claire et presque simple : d'une part ne lâcher le dauphin qu'après avoir conduit le pays à une lassitude telle que ce même dauphin se présente à tous comme l'ultime recours ; d'autre part, conférer le privilège de la liberté à Nouira pour lui faire faire les inflexions nécessaires au nom de ses pairs emprisonnés tout en le préservant d'être démasqué. L'assassinat de Hédi Chaker, moins de trois mois après la fausse cache de Nouira, tout aussi fausse que celle de Bourguiba en 1943, s'inscrit dans cette logique. Un mois et deux jours après, le 15 octobre 1953, le Résident déclare à Tahar Ben Ammar que «Bourguiba ne représentait pas grand-chose et que Hédi Nouira dirigeait les terroristes » (DMBS 1988, p.136). Dans cette poursuite de ses desseins d'Etat à long terme, la France est sans pitié pour ses propres soldats : le 24 juillet 1954, c'est-à-dire une semaine avant l'arrivée de Mendès France et un mois et demi après que Bidault eut annoncé au Dr Ben Salem que Mendès France allait être désigné pour débloquer l'affaire tunisienne, le colonel De La Paillone, directeur de l'armée tunisienne, est descendu à la sortie de son bureau et Voizard pointe du doigt la Main Rouge, c'est-à-dire la France (DMBS 1988, p.158).
Une explication de cette élimination est donnée par le Dr Ben Salem dans son journal du 25 juillet 1954 et l'on remarquera que même si les tueurs sont tunisiens, la France aurait quand même intérêt dans le silence de ses hommes : « On dit que l'agent de police martiniquais qui exécutait les attentats de la Main Rouge aurait été arrêté par les maquisards et aurait donné les noms de ses complices. C'est pour cela que l'on voit tomber des individus insoupçonnés : l'ingénieur Colignon, le colonel De La Paillone, etc. C'est ce qui expliquerait qu'il n'y a pas de violentes réactions françaises et que le Résident général n'est pas allé à l'enterrement de La Paillone » (DMBS 1988, p.160). Hédi Nouira feint devant le Dr Ben Salem d'être «court-circuité » dans les tractations de formation du premier gouvernement Ben Ammar, mais se retrouve, le même jour, lui le « chef des terroristes » dont se plaignait le Résident au même Ben ammar, ministre du Commerce. C'est que les destouriens — Bourguiba en tête au téléphone — « acceptent de rentrer dans le gouvernement avec les réformes tant décriées du 4 mars 1956 » (DMBS1988, p.162).
Et, cerise sur le gâteau, le 5 octobre 1954, « Hédi Nouira, ministre du Commerce, est allé inaugurer l'hôtel-restaurant, la Maison Dorée, en présence de tout le brain – trust du rassemblement français » (DMBS 1988, p.167).
Au terme de cette relation, deux conclusions s'imposent :
1) Le dauphin, bousculé par son secrétaire général, a toutes les raisons de croire que, faute de l'élimination physique de Ben Youssef, celui-ci n'aurait fait qu'une bouchée du vice-dauphin.
2) Même une âme pieuse, puisque le dauphin considère ses sujets comme tel, se doit d'adresser des remerciements à l'historien Hassine Raouf Hamza pour sa direction de la «collection mémoire ».
Il faut cependant préciser que Cérès Productions n'a été autorisée faire ses publications d'après le règne de Bourguiba que pour donner crédit à une grande fable, celle du changement du 7 Novembre. Sur le fond, les intérêts «historiques» des deux régimes sont identiques à la condition de ne pas voir le pot aux roses. L'Institut (public) de l'histoire du Mouvement national et la Fondation (privée) Témimi procèdent de la même problématique. Seuls des académiciens authentiques des départements d'histoire, à l'image du regretté Béchir Tlili, peuvent dire la vérité de l'histoire actuelle.


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