Un dispositif sécuritaire draconien, un comité d'organisation sur le qui-vive, des gradins archicombles...Et pour cause. Saber Rebaï se produit sur la prestigieuse scène du théâtre antique de Carthage. Celui qu'on a surnommé « le prince de la chanson arabe » a présenté, jeudi dernier, une production spéciale cinquantième anniversaire du festival international de Carthage. Comme à l'accoutumée et sans surprise aucune, le spectacle était une grande réussite, côté public du moins. De quoi faire grimper les recettes du festival ! Vingt-deux heures tapantes, le concert commence. Une première dans cette édition. Après la projection d'un petit documentaire où l'on découvre quelques extraits des préparatifs et des répétitions, Saber Rebaï surgit de l'obscurité sous un tonnerre d'applaudissements et de clameurs. Et le show de commencer ! Accompagné d'un grand orchestre — avec les différentes sections —, dirigé par le jeune et talentueux Kais Melliti, qui a assuré la réalisation musicale, l'artiste a présenté un spectacle de trois heures environ qu'il a structuré en cinq medlys (cocktails), interprétant des chansons de son nouvel album « Ajmal mokhtassar », ainsi que bon nombre de ses tubes à succès comme Sidi mansour, Barcha, ajmal nissae eddonia, Ya lella, Ezzet nafsi et bien d'autres. Au total, une trentaine de titres qui ont entraîné le public dans une véritable transe profane faite de déhanchements, de chants, de cris et d'applaudissements. Un défoulement –une catharsis presque - pour les fans de cette star tunisienne et arabe, enfant de Rotana. Saber Rebaï a présenté, lors de ce concert, une chanson hommage à la diva Warda, ainsi qu'une autre dédiée à la mémoire des martyrs tunisiens de l'armée et des forces de l'ordre, intitulée « Ifrah ya chahid », signée Abderrahim Al Qourachi (paroles et mélodie) et arrangée par Chokri Boudidah. Un moment de grande émotion. L'autre surprise de la soirée, c'est la participation du jeune Irakien Samoor Jabeur, qui a été révélé dans The Voice. Il a présenté, comme un grand, « Ya tir », parlant de la patrie, ainsi que « Wine wine », une chanson tuniso-irakienne, en duo avec Saber Rebai. Quel meilleur tremplin pour ce jeune artiste qui a la bonne étoile? Ce soir-là, rien ne semblait avoir été laissé au hasard. Le spectacle est bien organisé, ficelé et minuté, répondant aux standards internationaux. Aucune place à l'improvisation, aucun temps mort : Saber a même quitté la scène, ne répondant point à l'appel des fans qui voulaient entendre certains titres qu'ils ont demandés... La scénographie est bien étudiée, la sonorisation plus que parfaite, l'éclairage avec les différents jeux de lumières en harmonie avec les images d'ambiance qui défilent en boucles sur les deux écrans géants... Mais ce qui est le plus remarqué, c'est l'arrangement musical des chansons, qu'elles soient anciennes ou nouvelles. On a misé sur les rythmes, les percussions, l'intégration des airs occidentaux, et on a même intégré des solos de batteries ! Un professionnalisme assuré par une armada de musiciens et de techniciens tunisiens, libanais et français. Le temps est révolu où Saber Rebai était un jeune homme timide. Bien coaché à la rotanienne, il se déplaçait avec aisance et assurance ce soir-là à Carthage, fêtant le cinquantième anniversaire du festival, mais également le vingtième anniversaire de sa montée sur cette prestigieuse scène. Le secret de réussite de cet artiste ? Du sérieux, du labeur et l'application d'une même recette, une recette qui marche toujours...