On l'a annoncé pour les JCC. Pourtant, le dernier film de Mokhtar Ladjimi, Dictashot !, ne sera pas du tout présent durant les journées. Son réalisateur s'explique... On croit savoir que votre dernier film Dictashot «(ksar eddahcha) n'est pas programmé pour les JCC... Le tournage a pris fin il y a à peu près 8 mois. La fabrication d'un film nécessite beaucoup plus que ça. Il y a toute la post-production à assurer mais, vu qu'on n'a pas un financement assez conséquent (il s'agit d'un financement 100% tunisien jusque-là), je ne crois pas qu'on sera dans les temps pour les JCC. Il y a deux producteurs tunisiens sur ce film, Abdelaziz Ben Mlouka et Ridha Turki qui ont fait un effort assez courageux. Mais, malgré cela, on reste loin du but car la post-production nécessite encore de l'argent. On dépend aussi des diverses commissions d'aide à la production étrangères et cela prend du temps également. L'élément nouveau, c'est qu'il y a l'entrée éventuelle d'un coproducteur français. Le film est en passe d'obtenir donc des financements français. Bien entendu, il reste toujours des points à régler concernant par exemple les territoires où le film va être exploité. Il faut noter que les coproductions avec les étrangers sont devenues très difficiles malgré la bonne volonté des producteurs tunisiens du film. J'espère que le film sera prêt fin décembre ou début janvier 2015. Mais vous avez tout de même eu une année pour finir ce film ... Sincèrement, il ne faut pas précipiter le travail et le bâcler pour être prêt à temps. Il y a l'image du cinéma tunisien qui est en jeu. Vu nos conditions de production, on ne peut pas mieux faire. Une année pour produire un film entre préparation, tournage et finition, on est tout à fait dans les normes. Malheureusement, il ne sera pas prêt pour les JCC. J'espère que ces journées deviendront annuelles d'ailleurs. Et il est vraiment temps. Je sais que la directrice actuelle, Dorra Bouchoucha, y travaille et c'est tant mieux car la concurrence est devenue très rude. Pour Dictashot, on va tenter notre chance pour Cannes, Venise ou Toronto 2015. D'ailleurs; pour 2015, il y a mon film et ceux de Mohamed Zran et Férid Boughdir qui vont concourir pour les festivals internationaux. Un mot sur Dictashot... On tient un bon film sur le pouvoir ! On a amorcé le travail pour la musique actuellement, mais je pense que c'est un film qui va faire plus d'effet que Bab El Arch qui, il y a dix ans, a osé évoquer le problème de la liberté d'expression dans le contexte politique de l'époque. Aujourd'hui, on jouit de cette liberté et tout le monde la brandit à tous les coins de rue. Je pense que, comme Bab El Arch à l'époque, va créer l'événement d'abord avec la performance des acteurs, comme Hichem Rostom, Jamel Madani et Fatma Ben Saïdane et ensuite par le traitement du sujet qui tourne autour de la chute des dictatures arabes. Mais le film est encore au goulot de la bouteille tout comme la situation politique actuelle en Tunisie. Je souhaite qu'ils en sortent bientôt tous les deux.