Le dernier faux barrage policier qui s'est soldé par la décapitation d'un agent de la Garde nationale est vu d'un mauvais œil aux ministères de l'Intérieur et de la Défense où l'on redoute un remake du douloureux exemple algérien des années 90 Le dernier attentat du Kef qui a coûté la vie à un agent de la Garde nationale, victime d'une décapitation, est encore sur toutes les lèvres, tant du côté de la population que des ministères de l'Intérieur et de la Défense. Ici et là, l'on parle d'un vrai casse-tête : comment des terroristes activement recherchés réussissent-ils d'abord à improviser un faux barrage, ensuite à le matérialiser par un attentat tragique, et enfin à prendre la poudre d'escampette sans être arrêtés ? Et dire que cela se passe, de surcroît, pour la troisième fois, depuis le déclenchement, en 2012, de la guerre contre le terrorisme en Tunisie ! Psychose ! Fatalité ? Personne ne connaît la réponse. Même pas, oserions-nous dire, au sein de ces deux départements qui restent pourtant, par agents et soldats interposés, les plus exposés à ce danger. Question de suivi Or, à bien y voir, on peut imputer cela à une question de suivi. En effet, en Occident, et particulièrement aux Etats-Unis, on mobilise des patrouilles motorisées et aéroportées, chargées du contrôle et de la supervision des activités dans tous les barrages policiers du pays. Leur intervention armée est prompte, en cas d'accident ou d'attentat. Soit, techniquement et sécuritairement parlant, un soutien de taille, parce qu'il est en mesure d'étouffer dans l'œuf toute tentative de désordre public. Cela est encore plus valable pour un pays pris à la gorge par l'hydre terroriste qui, pour se faire plus méchant et répondre à son instinct sanguinaire, est capable de tous les actes sanglants. Au nom de la légitime défense L'on sait aussi que le phénomène des faux barrages (il en est désormais un) est généralement, voire à hauteur de 99% des cas, fait pour les policiers et les soldats. Eux qui mènent, il est vrai, la vie dure aux terroristes et qui se retrouvent, à leur corps défendant, des cibles potentielles. Y a-t-il, dès lors, une crainte de voir cette triste étiquette cisailler leur front et saper leur moral ? «Dire que nous n'en avons pas peur serait trahir la vérité», avoue un agent de la Garde nationale, qui réaffirme sa volonté de continuer de se battre, non sans exiger, en contre-partie, la prise en compte de deux conditions essentielles et vitales, à sa voir : - Primo : la mobilisation de «brigades de suivi» suffisamment armées pour superviser, sur le terrain, tous les barrages policiers mis en place, notamment dans les régions à hauts risques (les Kef, Jendouba, Kasserine, Gafsa, Sidi Bouzid...). - Secundo : la généralisation de l'usage de leur arme personnelle à tous les soldats et agents de l'ordre, et cela au nom de la légitime défense. Eviter à tout prix un remake de l'exemple algérien Il va sans dire que ces deux propositions méritent d'être prises en considération. D'abord, parce qu'elles sont de nature à redonner confiance aux hommes du terrain. Ensuite, parce qu'elles constituent le meilleur remède contre la propagation du virus du triste «exemple algérien». Celui-là même fait de faux barrages qui avaient, dans les années 90, ensanglanté ce pays frère et voisin tout au long de la guerre civile. Et c'est bien que ce douloureux remake que la Tunisie est appelée à éviter à tout prix.