La séquence de l'émission «Labès» relative aux révélations de «Chakif» n'est plus proscrite. Le procureur de la République l'a visionnée, hier, et il estime qu'il n'y a aucun empêchement juridique à sa diffusion Le ministère public a-t-il levé, hier, sa décision relative à l'interdiction de la diffusion de la séquence de l'émission «Labès» dans laquelle Kamel Mraïhi alias «Chakif», comme il le proclame lui-même, se vantait d'avoir torturé des prisonniers politiques islamistes et de gauche à l'époque de Ben Ali ? La question s'est imposée, hier après-midi, avec insistance quand Sofiène Selliti, porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, a déclaré à l'agence TAP que «le parquet n'est pas revenu sur sa décision», contrairement à ce qu'a affirmé vers 13 heures, sur Radio Mosaïque, Me Abdelaziz Essid, avocat de la chaîne «Al Hiwar Ettounsi», que «le procureur de la République ne voyait plus, après avoir visionné la totalité de la séquence incriminée, d'empêchement juridique à ce que la séquence en question soit diffusée». Soucieux des formulations juridiques exactes et s'attachant à ne pas déclencher de polémique à caractère juridique, Me Essid précise : «Nous n'avons reçu aucun document écrit de la part du parquet nous ordonnant de ne pas passer la séquence où le securitaire Kamel Mraïhi répondait aux questions de Naoufel Ouertani, animateur de «Labès». Sofiène Selliti, porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, s'est contenté, samedi après-midi, de m'informer par téléphone de la décision interdisant la diffusion de la séquence. Il m'a demandé de rencontrer lundi 19 janvier le procureur de la République et de lui montrer la séquence en entier. Pour des raisons professionnelles, j'ai rencontré aujourd'hui (hier) le procureur de la République qui a visionné l'ensemble de la séquence. A l'issue de l'opération visionnage, il m'a dit textuellement : le parquet ne voit plus d'empêchement juridique à ce que la séquence soit diffusée si la chaîne le décide». Pour revenir à la déclaration de Sofiène Selliti à l'agence TAP, Me Essid indique : «Il n'a pas tort en soutenant que le parquet n'est pas revenu sur sa décision puisqu'en réalité, il n'y a pas eu de décision d'interdiction écrite. Donc, il ne peut y avoir de décision écrite levant une interdiction qui n'a eu lieu que par téléphone et que «Al Hiwar Tounsi» pouvait ignorer superbement sans avoir à encourir de sanctions». Pour conclure, Me Essid révèle à La Presse : «Le seul document écrit dont nous disposons est celui envoyé à mon étude par la Haica annonçant sa décision d'interdire la diffusion de la séquence. Il est à préciser que le document envoyé par la Haica est parvenu par fax à mon étude vers 16h00, samedi 17 janvier, soit près de 3 heures après que Sofiène Selliti eut passé l'information aux médias. Inutile d'observer que le document de la Haica n'a aucune valeur juridique puisque cette dernière n'a, en aucune manière, le droit d'interdire une émission de télé avant qu'elle ne soit diffusée».