Par M'hamed JAIBI A l'heure où les polémiques internes à Nida Tounès semblent entacher l'autorité du cabinet composite qui en est issu, le chef du gouvernement a voulu marquer l'autonomie de son équipe et passer à l'opinion le message qu'«il y a un pilote à bord !». Mais a-t-il vraiment réussi à dire aux Tunisiens qu'il maîtrise la situation et qu'il sera dans les temps, au rendez-vous des «cent jours» ? Rien n'est moins sûr. Dans son adresse au peuple, Habib Essid a confirmé que la situation économique était difficile et préoccupante, rappelant la régression du taux d'investissement de 21% en 2014 par rapport à 2013, soit plus de 32% en comparaison de l'année 2010 précédant la Révolution. Il a reconnu que les finances publiques étaient au plus bas et l'endettement au top, attirant l'attention sur le déficit budgétaire qui a doublé depuis 2010. Le chef du gouvernement a évoqué le déficit de plus de 3.500 millions de dinars des établissements publics dû aux multiples ralentissements ayant affecté la production, et celui des caisses sociales ayant atteint 1.100 millions de dinars, en l'absence d'une réforme de la sécurité sociale qui tarde à venir. Malgré toutes ces contre-performances, le chef du gouvernement a tenu à confirmer l'option franche en faveur du dialogue social de son cabinet, et s'est dit décidé, dans le cadre de la continuité de l'Etat, à mettre en pratique tous les accords et conventions conclus auparavant avec l'Ugtt et à respecter sa promesse de faire aboutir les négociations concernant les augmentations des salaires des agents du secteur public pour le compte de 2014, tout en s'apprêtant à engager les négociations sociales portant sur les deux (ou trois) années prochaines. Comme pour faire état de sa conviction sincère que le pouvoir d'achat du citoyen était mis à rude épreuve, il a reconnu que le taux d'inflation était élevé, malgré les efforts, face à un timide taux de croissance du PIB, de 2,3%. Taux qui ne peut répondre aux demandes d'emploi, notamment des jeunes et plus spécialement des diplômés du supérieur. Commentant l'allocution d'Essid, Kamel Nabli a estimé qu'après plus de 40 jours de la formation du gouvernement, les citoyens se posent naturellement des question sur tout ce retard. Il a surtout considéré que «le message n'était pas convaincant», puisque le chef du gouvernement a effectué un simple diagnostic de la situation, laquelle est bien connue. «Le citoyen attendait des solutions», lance Nabli. L'intervention d'Essid n'a effectivement apporté aucune clarté quant à la stratégie du gouvernement. Seule raison d'être possible, détourner l'attention de la scène carthaginoise où le linge sale nidaïste porte ombrage à la bipolarité de notre pouvoir exécutif. Un signe de la main.