2.800 enfants ont été agressés physiquement et verbalement et 331 ont subi un abus sexuel. C'est dans le nord, la capitale et le centre du pays que la plupart des cas ont été enregistrés l'année dernière Plus de 6.000 cas d'enfants en situation de danger ont été signalés aux délégués à l'enfance en 2014 contre 5.967 cas en 2013, soit 313 cas de plus, selon le rapport annuel sur « l'activité des délégués à la protection de l'enfance » qui a été élaboré par le bureau du délégué général à la protection de l'enfance et présenté, hier, par la ministre des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance. Cette étude fournit des enseignements très intéressants sur les enfants sans protection qui ont été exposés à de multiples formes de violence et dont l'âge est compris entre zéro et 18 ans. C'est dans le nord, la capitale et le centre du pays (Bizerte, Ben Arous, Sfax) que le plus grand nombre de signalements a été enregistré l'année dernière. La moitié sont des filles Les signalements qui parviennent aux délégués régionaux à l'enfance dans les gouvernorats portent sur des enfants jeunes ou en bas âge qui ont subi des actes violents et qui ont été retrouvés dans une situation d'extrême vulnérabilité. 62,3% des cas signalés concernent des enfants qui ont été retrouvés en danger au sein du foyer parental, 19,6% et 14,6% sont des enfants qui ont subi un acte de violence soit au sein de l'enceinte scolaire ou dans une institution de protection de l'enfance. C'est ce qu'a révélé ce rapport qui fournit des informations détaillées sur le taux de signalement par gouvernorat et par région ainsi que sur les causes de ces signalements. Le plus grand nombre de signalements enregistrés a porté sur des enfants dont la moitié sont des filles, sont âgés pour la grande majorité entre un mois et douze ans, retrouvés dans une situation grave présentant des risques pour leur santé et leur intégrité. 16,1% de ces enfants menacés étaient inscrits dans des crèches et des jardins d'enfants, alors que 39,1% des cas qui ont été déclarés étaient scolarisés en premier cycle de l'enseignement de base. Le rapport donne une idée sur les causes à l'origine des menaces auxquelles ont été exposés ces enfants, révélant que dans 29% des cas les parents, dans l'incapacité de les élever, les ont négligés, en leur faisant subir de nombreuses formes de violence, ce qui les a poussés à la délinquance et au vagabondage dans les rues. 2.800 cas d'enfants violentés ont été déclarés l'année dernière aux délégués régionaux de la protection de l'enfance, ce qui représente près de 60% de l'ensemble des signalements qui sont parvenus aux délégués régionaux. Dans 61% des cas, l'enfant a été agressé physiquement par l'un des deux parents alors que dans 12% des signalements déclarés, l'enfant a été exposé à l'agressivité d'un cadre éducatif (professeur, surveillant...). Par ailleurs, 41% des enfants signalés ont été victimes de grave négligence de la part de leurs parents alors que 27,9% ont fait l'objet régulièrement d'agressions verbales. Ce rapport a révélé d'autres chiffres alarmants. 331 enfants ont subi une violence sexuelle, sous forme de harcèlement et de viol et ont été pris en charge par les délégués régionaux de la protection. Mehyar Hammadi, le délégué général de la protection de l'enfance, a déploré le fait que bien que de nombreux enfants se retrouvent dans une situation à risque, ils sont rarement signalés par les établissements scolaires dans lesquels ils étudient. Incapacité ou abandon des parents C'est en fonction des causes et de la gravité du cas que le délégué régional décide généralement des mesures à prendre, à savoir si l'enfant sera ou non maintenu dans son environnement familial. 1.435 cas d'enfants ont été signalés et pris en charge par les bureaux de protection de l'enfance, car leurs parents étaient dans l'incapacité matérielle de subvenir à leurs besoins. 1.000 autres enfants ont bénéficié d'un suivi des délégués pour cause de négligence et de manquement des parents à leur devoir d'éducateur. 739 cas d'enfants ont été en outre signalés, car ils ont été délaissés et abandonnés suite à la séparation de leurs parents qui ont refait leur vie avec de nouveaux conjoints. Toutefois, dans 50% des cas de négligence et de menace qui ont été déclarés, les délégués ont décidé de maintenir l'enfant au sein de sa famille en assurant son suivi et son contrôle régulier tout en venant en aide aux membres de la famille et dans 15% des cas, ils ont placé les enfants dans des familles d'accueil et des centres d'accueil et de protection de l'enfance. Ce rapport fournit également des chiffres sur les enfants qui sont nés hors du cadre du mariage et dont le nombre s'élève à 763 cas, ce qui représente 12% des signalements qui sont parvenus aux délégués régionaux de l'enfance. Prenant la parole, la ministre des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance, Mme Samira Maraï, a signalé que le ministère procèdera dans les semaines à venir à un diagnostic de la situation et à une évaluation des précédentes politiques adoptées dans le domaine de l'enfance. « Nous devons démarrer sur des bases solides et avoir une politique claire dans le domaine de l'enfance. Pour cela, il faut tout d'abord procéder à un diagnostic de la situation actuelle pour pouvoir prendre les mesures adéquates et mettre en place les stratégies qu'il faut », a conclu la ministre.