L'université tunisienne n'arrive pas à pourvoir à tous ses besoins en matière d'enseignants. Elle fait de plus en plus appel aux contractuels de tout genre : experts non universitaires, experts universitaires, doctorants et retraités vacataires, heures supplémentaires pour les enseignants permanents, experts en TIC…autant d'appellations pour une seule cause : couvrir des centaines d'heures de cours qui sans ces contractuels ne sauraient être couvertes par les enseignants permanents à eux seuls. Pourtant ces contractuels n'ont pas reçu de rémunérations depuis la rentrée. « Certains contractuels touchent, 300 DT par mois, d'autres touchent le double, nous explique l'un d'entre eux. Personnellement je fais de longs trajets en Taxi, entre la Marsa où j'habite, et le campus de la Manouba ce qui peut me coûter jusqu'à dix dinars par jour » Les jeunes doctorants vivent souvent loin de leurs parents et doivent donc payer un loyer. Ceux qui ont la chance de vivre chez eux n'osent plus demander de l'argent de poche à leurs parents alors qu'ils sont déjà fiancés. Certains, à 30 ans, n'osent même pas penser à se marier. Dans certaines institutions les experts, vu leur âge et expérience, donnent des cours très pointus : « Je ne pense pas qu'un jeune docteur, pourtant enseignant permanent, maitrise la spécialité autant que moi » explique un expert. Il ajoute amèrement : « J'offre mes services à l'université au dépend de mon jour de repos le samedi et beaucoup d'entre nous enseignent tard dans l'après-midi, faisant ainsi pratiquement des cours de soir » Les contractuels ont pratiquement les mêmes charges de travail et contraintes que les permanents. Ils surveillent pendant les examens, corrigent des centaines de copies, préparent des cours et non pas seulement des TD. Pourtant certains d'entre eux, les experts en l'occurrence, ne sont même pas payés pendant les vacances d'été. Ils travaillent tous dans ces conditions depuis la rentrée, cinq mois exactement, sans avoir encore touché un sou. Comment expliquer un tel retard alors que l'université exige d'eux avant même la rentrée un dossier complet permettant de les payer dans le mois ? Après enquête, il s'est avéré que le ministère de l'enseignement supérieur n'est pas l'unique intervenant dans cette affaire. Le circuit débouchant sur le paiement des contractuels est assez long étant donné qu'il est inter-ministeriel. Sensibilisé à la question, le ministère de l'enseignement supérieur œuvre de son côté à accélérer le processus de paiement.