Le Temps-Ageces- Alors que la chancelière allemande Angela Merkel entamait hier une visite en Turquie, l'Allemagne se lançait dans une nouvelle polémique sur l'intégration des quelque 2,5 millions d'immigrés turcs. Angela Merkel qui effectue sa première visite en Turquie depuis 2006, a réaffirmé avant son départ: "Nous voulons que les gens qui vivent depuis de nombreuses générations chez nous s'intègrent à ce pays". "Cela signifie évidemment que la langue allemande soit apprise et que les lois allemandes soient respectées", a ajouté la chancelière conservatrice. Une déclaration qui sonne comme une mise au point après que le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a mis le feu aux poudres en appelant à la création de lycées turcs en Allemagne. "En Turquie, nous avons des lycées allemands, pourquoi ne devrait-il pas y avoir de lycées turcs en Allemagne ?", s'est-il interrogé dans une interview à l'hebdomadaire Die Zeit. Cette proposition, bien qu'elle ne soit pas nouvelle, a suscité la désapprobation d'une grande partie de la classe politique qui accuse le dirigeant de vouloir entraver l'intégration des immigrés turcs. La chancelière y a d'ailleurs opposé une fin de non-recevoir, martelant ne "rien voir de bon" dans cette idée.L'association Communauté turque en Allemagne a estimé pour sa part dans un communiqué que "cela ne résoudrait pas le problème de l'éducation des enfants turcs et ne constituerait pas une alternative au système scolaire allemand". Erdogan avait déjà suscité un tollé en février 2008 en mettant en garde ses compatriotes immigrés contre l'assimilation. "Personne ne peut exiger de vous l'assimilation", avait-il scandé devant quelque 20.000 personnes à Cologne (ouest). Quelque 1,8 million de personnes possèdent un passeport turc, auxquelles s'ajoutent 700.000 Allemands d'origine turque, constituant la première communauté étrangère en Allemagne. A eux seuls, les Turcs représentent un quart des 6,75 millions d'immigrés.D'aucuns s'inquiètent depuis plusieurs années du repli de certains Turcs qui, parfois, trente ans après leur arrivée, ne parlent toujours pas allemand et vivent dans des "sociétés parallèles". Pour autant, le co-président des Verts, Cem Özdemir, première personnalité politique d'origine turque à prendre la tête d'un parti, dénonce l'attitude des Allemands de souche vis-à-vis de la communauté turque. "Manifestement il y a une allergie contre tout ce qui a à voir avec la Turquie et la langue turque. On a presque l'impression que le turc, c'est la langue des lépreux", a dénoncé hier. Özdemir, généralement critique à l'égard de son pays d'origine, dans le quotidien Süddeutsche Zeitung.