Les événements au Liban se suivent et se ressemblent à quelques variantes près, mais ils ont pour dénominateur commun cette crainte de voir le pays du cèdre replonger dans la violence et la déstabilisation. Il y a quelques jours on signalait des affrontements entre des villageois du sud du pays et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL). La situation n'augurait rien de bon surtout que cette région est à la frontière d'Israël et est réputée pour être un bastion de la Résistance. Si la situation s'est apaisée grâce à l'envoi de renforts de l'armée libanaise et son engagement à faire respecter la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, un climat de suspicion demeure vivace entre les villageois du Sud et la FINUL accusée de jouer les espions pour le compte d'Israël alors que cette dernière les accuse de stocker les armes pour le Hezbollah. Pour beaucoup d'observateurs, ce regain de tension n'est pas fortuit. Il est même la conséquence de manœuvres occultes visant l'embrasement du Liban. Ce pays a peut-être le malheur d'être le voisin d'un Etat hors-la-loi et hégémoniste, Israël, mais il est surtout la victime de son emplacement stratégique et de son ouverture qui ont fait de lui le théâtre de confrontations et de règlements de compte entre puissances antagonistes de toutes parts. Mais dans ce contexte international assez difficile, le Liban est plus que jamais dans l'œil du cyclone. L'affaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et les révélations sur la probable implication de membres du Hezbollah par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) risque de porter le coup de grâce à une réconciliation à peine retrouvée et à une stabilité politique encore fragile. On se rappelle que des accusations similaires ont été adressées à la Syrie et aux services de renseignements libanais et que Bush a remué ciel et terre à cette époque pour forcer au départ les troupes syriennes du Liban. Aujourd'hui, on veut faire porter le chapeau au Hezbollah avec l'intention délibérée d'attiser les tensions confessionnelles et de pousser à une guerre civile aux conséquences incalculables pour le pays et à l'avantage de certaines parties. La classe politique libanaise tomberait-elle dans le piège ? Espérons que la visite du président syrien et du Roi d'Arabie Saoudite à Beyrouth permettra de juguler la tension et de calmer les esprits et que les Libanais écouteront la voix de la raison en évitant le recours à la violence pour résoudre les différends et faire prévaloir les intérêts du Liban au delà de tout intérêt sectaire.