Il semble que l'on s'achemine vers un retour à la normale dans plusieurs quartiers de la capitale. C'est d'abord le retour de ces camions qui vous embarquent votre voiture à la fourrière pour une facture salée de 30 dinars et qui sont honnis par tous les automobilistes mal garés, qui sont si nombreux en ce moment. Ils sont à nouveau entrés en action hier, sans avertissement préalable et sans que la municipalité de Tunis ne prévienne les citoyens, ce qui est anormal… Il faut dire que cette sanction qui fait mal au portefeuille était devenue une nécessité absolue, car un grand nombre de Tunisiens ont exagéré : stationnement en double et même triple file, arrêt sur le trottoir, blocage des portes de garages… Autant de raisons qui ont poussé les autorités de tutelle à revenir aux méthodes contraignantes, si désagréables soient-elles. Signes de retour Autre signe du retour à l'ordre : les policiers de la circulation se remettent à verbaliser les automobilistes, très nombreux aussi, qui se permettent volontairement de griller les feux rouges, les stops et les céder le passage, sans oublier ceux qui empruntent les sens interdits ou les voies du métro et ils sont nombreux. Ce qui est remarquable, c'est le rapport entre policiers et automobilistes : les premiers sont respectueux et les seconds reconnaissent souvent leur faute sans essayer de se disculper. Une relation nouvelle qui résulte essentiellement des changements de mentalités après la Révolution et de la prise de conscience mutuelle de la nécessité de s'en tenir à la loi… Autre forme de reprise en mains de la situation : la place centrale de la zone du Passage, occupée depuis plusieurs jours par un grand nombre de vendeurs ambulants, a été dégagée et les gens peuvent enfin circuler tranquillement, sans se faire bousculer par les marchands vociférant, louant leur marchandise chinoise, bloquant le passage aux piétons et aux voitures… Ailleurs aussi, dans diverses rues, les étals anarchiques des marchands ambulants sont systématiquement délogés par des policiers à moto. Mais ces actions sont menées, selon notre propre observation, sans cette agressivité qui caractérisait l'ancien régime et qui a poussé le martyr Mohamed Bouazizi à s'immoler par le feu… Bien sûr les marchands résistent un peu, mais ils finissent par plier leurs cartons pour s'en aller tenter leur chance ailleurs. Car des rues encombrées, il en existe toujours, notamment autour du marché central et de la place Barcelone, où il est très difficile de se frayer un chemin, sans oublier les cris assourdissants, vantant les marchandises à vous donner des migraines… L'un de ces jeunes marchands se plaint : « on nous a promis de nous trouver un grand espace pour pouvoir y travailler tranquillement, mais nous n'avons eu aucune proposition à ce jour. S'ils veulent nous faire déloger d'ici, il faut d'abord nous donner une solution de rechange. Et pas question de nous envoyer vers la périphérie de la capitale comme certaines rumeurs le prédisent, c'est près des rues commerçantes que nous voulons travailler et non dans le désert. » Une quadrature du cercle que les autorités de tutelle devraient résoudre le plus tôt possible, sinon la situation risque de devenir explosive entre ces jeunes marchands ambulants et les propriétaires de boutiques, qui, rappelons-le, avaient déjà déclenché un mouvement de grève au début de ce mois de mars…